Une mission parmi les réfugiés
Quelques jours avant de rencontrer notre évêque de Salt Lake City pour avoir des conseils sur l’éventualité d’une mission de service dans des quartiers défavorisés, j’ai reçu l’impression distincte, dans un rêve, que nous serions appelés à servir avec des réfugiés.
Lorsque nous avons rencontré notre évêque, il nous a demandé quel genre de mission nous aimerions servir? Je lui ai répondu que ce que nous voulions n’avait vraiment pas d’importance, parce que le Seigneur voulait que nous travaillions avec des réfugiés. Il a souri lorsque je lui ai décrit la révélation que j’avais reçue.
Lorsque nous avons assisté à la séance d’information pour la mission, il y avait trente-deux couples avec nous. Seuls deux couples étaient assignés à travailler avec les réfugiés et nous n’étions pas surpris d’apprendre que nous étions l’un de ces deux couples.
La situation des réfugiés
Cela a été une bénédiction pour nous de servir dans la branche de Columbus, au Sud de Salt Lake City, pendant deux ans et demi. Les réfugiés étaient surtout Karens, une minorité ethnique du Myanmar, en Asie du Sud-Est. Beaucoup d’entre eux avaient vécu dans des camps des Nations Unies, en Thaïlande, sur une période de sept à vingt-sept ans. La relocalisation par les Nations Unies se déroulait à présent avec les pays démocratiques qui acceptaient des réfugiés. Une génération toute entière de ces beaux enfants avait grandi au sein de ces communautés barricadées de réfugiés.
Nos réfugiés venaient du Camp Mae La où vivaient environ 40’000 personnes. Ils habitaient dans des petites huttes en bambou, avec la terre comme plancher et presque vingt personnes affectées à une seule hutte. L’eau potable, les eaux usées et l’évacuation de ces eaux usées ainsi que des ordures étaient un problème. De plus, cette zone tropicale était infestée d’insectes, d’araignées, de serpents et de cafards.
Tandis que ces réfugiés avaient besoin d’instruction sur les compétences nécessaires à la vie de base – en ce qui concerne la cuisine, la plomberie et le nettoyage – la plupart d’entre eux maintenaient leurs vêtements et leur hygiène de façon impeccable. Ils étaient venus aux États-Unis, sacrifiant leur zone de confort dans la jungle, avec le désir de travailler dur pour améliorer les perspectives d’avenir pour leurs enfants.
Plus des étrangers
En travaillant parmi ces réfugiés, en Utah, en compagnie d’onze autres couples missionnaires, nous avons très clairement appris ce que Sœur Linda K. Burton, la Présidente général de la Société de Secours, voulait dire quand elle a récemment parlé de servir dans le programme de l’Eglise “J’étais étranger“. Nous avons ressenti un grand amour pour ces chers frères et sœurs qui ont vécu tant de tribulations dans leur vie, sans que ce soit de leur faute.
Au début, la plupart d’entre nous ont ressenti le besoin urgent de les sauver et d’aider ces familles à s’adapter aux styles de vie américains. Cependant, il n’a pas fallu très longtemps pour que nous réalisions qu’il y avait une meilleure façon de les aider. En suivant le proverbe chinois : “Donnez un poisson à un homme et vous le nourrissez pour un jour. Enseignez-lui à pêcher et vous le nourrissez pour la vie”.
Lorsque nous avons commencé à aider ces familles, il fallait d’abord essayer de savoir qui ils étaient et de comprendre leurs difficultés personnelles. On nous a rappelé le conseil de Gordon B. Hinckley : “La civilité donne de la saveur à notre vie. C’est le sel qui dénote le bon goût, les bonnes manières et la bonne éducation. Elle devient une expression de la règle d’or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Matthieu 7:12).” Nous avons appris à accepter aimablement leurs pratiques culturelles et avons réalisé que nous ne possédons pas nécessairement toujours la meilleure façon de faire.
Nous avons appris qu’il était plus important d’être responsable envers eux, et non pour eux. Nous avons été des mentors. Bien que nous ayons tendance à vouloir les materner, nous savions qu’il était mieux pour eux d’avoir le choix. Ils devaient choisir leur propre voie et faire leurs propres erreurs. Notre travail consistait à partager ce que nous savions, à faire des suggestions quant aux conséquences qui pourraient se produire et à respecter leur droit divin du libre arbitre.
Nous avons présenté des objectifs qui étaient spécifiques, mesurables et temporellement définis. Nous avons trouvé que cela était utile pour tout le monde, quelle que soit la culture.
Les petits succès étaient reconnus avec joie. Leur avenir comportait des objectifs gigantesques à réaliser. Ils ne pouvaient faire qu’un pas à la fois. Nous avions hâte de voir de grands progrès, mais nous avons fini par comprendre que c’était un processus. Au fil du temps, leurs petits succès se sont transformés en accomplissements vraiment importantes.
Une relation efficace s’établissait avec ces réfugiés lorsque nous respections leur vie privée, que nous nous montrions dignes de confiance et disponibles pour venir nous parler. Nous sommes devenus une bonne ressource et des amis pour eux.
L’une des plus grandes leçons que nous avons apprises de notre mission c’est que l’humour aide à améliorer les relations. C’était un moyen réciproque de communication. Nous avons souvent ri ensemble. Même si nous n’avions pas les mots pour nous faire comprendre, le rire est devenu notre langue commune.
Conclusion
Comme Sœur Burton l’a dit : “Dans tous nos efforts guidés par la prière, nous devons suivre le conseil sage que le roi Benjamin a donné à son peuple après l’avoir exhorté à prendre soin des nécessiteux : « Veillez à ce que tout cela se fasse avec sagesse et ordre. (Mosiah 4:27)»”.
Nous sommes conscients, comme l’a déclaré Elder Patrick Kearon lors de la dernière conférence générale d’avril, que le débat sur la définition d’un réfugié et ce qui doit être entrepris pour l’aider est très sensible au sein des gouvernements et dans l’ensemble de la société. Sans se prononcer sur la politique d’immigration, il est étonnant de constater que l’estimation du nombre de réfugiés dans le monde aujourd’hui s’élève à plus de soixante millions, ce qui signifie qu’une personne sur cent vingt-deux a été forcée de s’enfuir de chez elle et que la moitié d’entre elles sont des enfants.
Mon mari et moi sommes entièrement d’accord avec Elder Kearon qui a expliqué : “Rencontrer des familles de réfugiés et entendre leur histoire de leur bouche et pas d’un écran ou d’un journal vous transformera. Il se tissera des liens d’amitié forts qui favoriseront la compassion et une intégration réussie.”
Nous prions pour que les membres de l’Eglise, à travers le monde, acceptent l’invitation de la Première Présidence de participer à l’aide aux réfugiés, tel que le Christ l’aurait fait, et de participer au programme d’actions de l’Église pour aller à leur secours, intitulé: “J’étais étranger.”
JB et RaNae Watsabaugh
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Cet article a été écrit par Mark Albright, publié sur ldsmag.com et traduit par Nathalie.