Nous parlons beaucoup « d’excellence », mais par définition, l’excellence ne s’obtient pas facilement ni rapidement. C’est le cas pour des études brillantes, pour une mission réussie, pour un mariage fort et rempli d’amour, pour des relations personnelles enrichissantes. C’est une simple évidence que rien qui n’ait beaucoup de valeur ne vient sans sacrifice, sans efforts et sans patience de notre part. Vous vous en êtes peut-être rendus compte quand vous avez reçu vos dernières notes. Peut-être que vous vous rendez compte également que beaucoup des récompenses les plus recherchées dans la vie semblent prendre un temps fou à venir.

Je crains que vous ayez à faire face à des retards et des déceptions pendant cette période formatrice de votre vie, et ressentirez que personne dans l’histoire de l’humanité n’a connu vos problèmes ou fait face à ces mêmes difficultés. Et quand certaines de ces difficultés viendront, vous aurez la tentation que nous avons tous de dire : « Cette tâche est trop difficile. Le fardeau est trop lourd. Le chemin est trop long. » Et alors vous décidez d’arrêter, d’abandonner tout simplement. Et arrêter certaines tâches est non seulement acceptable mais souvent très sage. Si vous êtes, par exemple, gardien d’un parking vide, alors je vous dis : « Faites un break ». Mais pour les tâches les plus cruciales et significatives de la vie, je vous demande de vous accrocher, de persévérer, de tenir bon, et de gagner votre récompense. Ou, pour être un peu plus scripturaire :

«C’est pourquoi, ne vous lassez pas de bien faire, car vous posez les fondements d’une grande œuvre. Et c’est des petites choses que sort ce qui est grand. Voici, le Seigneur exige le cœur, et un esprit bien disposé ; et celui qui est bien disposé et obéissant mangera l’abondance du pays de Sion en ces derniers jours. » (D&A 64 : 33-34).

Je vous demande de ne pas abandonner « car vous posez les fondements d’une grande œuvre ». Cette « grande œuvre », c’est vous, c’est votre vie, votre futur, la réalisation même de vos rêves. Cette « grande œuvre » c’est ce que vous, avec des efforts, de la patience et l’aide de Dieu, pouvez devenir. Lorsque les journées sont difficiles ou que les problèmes semblent sans fin, je vous demande de garder le harnais et de continuer à tirer. Vous avez le droit de « [manger]l’abondance du pays de Sion en ces derniers jours », mais cela nécessitera du cœur et un esprit volontaire. Cela nécessitera que vous restiez à votre poste et que vous continuiez d’essayer.

Le 10 mai 1940, alors que le spectre de l’infamie Nazi se rapprochait inexorablement de la Manche, Winston Leonard Spencer Churchill a été nommé Premier Ministre de l’Angleterre. Il a formé son gouvernement en hâte, et le 13 mai est allé devant la Chambre des Communes avec son discours inaugurale.

«Je veux dire à la Chambre, comme je l’ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement : ‘Je n’ai rien à offrir à part du sang, du labeur, des larmes, et de la sueur.’

Nous avons devant nous une épreuve de la pire espèce. Nous avons devant nous plusieurs, plusieurs longs mois de bataille et de souffrance. Vous demandez quelle est notre politique ? Je vous dis : elle est de faire la guerre, en mer, sur terre et dans les airs, avec toute notre puissance et toute la force que Dieu peut nous donner : … Voilà notre politique. Vous demandez quel est notre objectif ? Je vous le dis en un mot : c’est la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré la terreur, la victoire peu importe le temps et les efforts que cela demandera » (Churchill, The Life Triumphant, American Heritage Publishing Co., 1965, p. 90).

Six jours plus tard il est allé à la radio pour parler au monde entier. « Ceci est l’une des périodes les plus stupéfiantes de la longue histoire de la France et de la Grande Bretagne », dit-il. « Derrière nous est rassemblé un groupe d’états brisés et de races matraquées : les tchèques, les polonais, les norvégiens, les danois, les hollandais, les belges, sur qui la longue nuit du barbarisme descendra, sans la moindre étincelle d’espoir, à moins que nous vainquions, et nous devons vaincre, et nous vaincrons » (Churchill, p. 91).

Deux semaines plus tard il est retourné devant le Parlement. « Nous irons jusqu’au bout, nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu’une force grandissante dans les airs, nous défendrons notre Île, quel qu’en soit le coût, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains de débarquement, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines ; nous ne nous rendrons jamais ». (Churchill, p. 91).

Je partage ces paroles avec vous non seulement parce qu’il s’agit de l’appel au patriotisme et au courage le plus vibrant qui ai jamais été prononcé dans la langue anglaise, mais aussi parce que je me suis personnellement reposé dessus un jour.

Il y a exactement 20 ans l’automne dernier je me suis tenu sur les célèbres falaises blanches de Douvres surplombant la Manche, celle-là même qui 20 plus tôt constituait l’unique barrière entre Hitler et la chute de l’Angleterre. En 1962 ma mission s’achevait, et j’étais inquiet. Mon avenir paraissait très incertain et difficile. Mes parents à l’époque étaient aussi en train de servir une mission, ce qui voulait dire que je retournais chez moi pour vivre je ne savais pas trop où et subvenir à mes besoins je ne savais pas trop comment. Je n’avais été qu’une seule année a l’université, et je n’avais aucune idée des études que je voulais faire, ni dans quel domaine choisir une carrière. Je savais qu’il me fallait trois années de plus pour obtenir mon diplôme, et j’étais vaguement conscient du fait qu’un troisième cycle se profilerait juste derrière.

Je savais que les études coutaient cher et que les emplois étaient rares. Et je savais qu’il y avait une guerre qui se propageait de façon alarmante dans l’Asie du sud-est, qui pourrait nécessiter que je fasse un service militaire. Je souhaitais me marier mais je me demandais quand, ou si cela pourrait se réaliser, ou du moins dans de telles circonstances. Mes espoirs concernant mes études paraissaient tel un chemin sans fin vers l’inconnu, et j’avais à peine commencé.

Alors avant de rentrer chez moi, je me suis tenu une dernière fois sur les falaises du pays que j’avais appris à tant aimer.

Ce trône royal des rois, cette ile sacrée, …

Cette forteresse bâtie par la nature pour elle-même

Contre les infections et la main de la guerre.

(William Shakespeare, Richard II, act 2, sc. 1, lignes 40, 43–44)

Et là je lis une nouvelle fois,

« Nous avons devant nous plusieurs, plusieurs longs mois de bataille et de souffrance… Quel est notre objectif ? … La victoire, la victoire à tout prix ; la victoire malgré la terreur, la victoire, peu importe le temps et les efforts que cela demandera…

“ Nous devons vaincre ; et nous vaincrons…. Nous ne nous rendrons jamais. »

Du sang ? Du labeur ? Des larmes ? De la sueur ? Eh bien, je me suis dit que j’en avais eu autant que n’importe qui d’autre, alors je suis rentré chez moi pour essayer. J’étais, pour reprendre une phrase populaire, déterminé à « tout donner », peu importe à quel point cela pourrait s’avérer insignifiant. Et je vous demande de faire de même.

Alors que vous menez ces guerres si personnelles, une partie évidente de la force de « tenir bon » vient des flashs, si pâles et si brefs soient-ils, de ce que peut être la victoire. C’est aussi vrai que quand Salomon a dit que « lorsqu’il n’y a point de vision, le peuple est abandonné » (Prov. 29 : 18). Si vos yeux sont toujours tournés vers vos chaussures, si tout ce que vous pouvez voir est cette classe ou cet examen, ce rendez-vous, ou cet ami, cette déception ou ce dilemme, alors il est facile de jeter l’éponge et d’arrêter le combat. Mais, s’il s’agissait du combat de votre vie ? Ou plus précisément, s’il s’agit du combat pour votre vie, et en même temps pour votre vie éternelle ? Et si, au-delà de cette classe ou de cet examen, ce rendez-vous ou cet ami, cette déception ou ce dilemme, vous pouvez réellement voir et espérer tout ce qu’il y a de meilleur et de juste dans ce que Dieu a à offrir ? Oh, cette vision peut être floutée par la transpiration qui ne cesse de couler tel une rivière dans vos yeux, et dans un combat vraiment difficile, l’un de ces yeux pourrait même se fermer un peu ; mais au lointain, à peine visible, vous pouvez voir la raison de tout cela. Et vous dites que ça en vaut la peine, que vous le voulez, et que vous aller continuer à vous battre. Comme Coriantumr, vous vous appuyez sur votre épée pour vous reposer un peu, puis vous vous relèverez pour continuer à vous battre (voir Ether 15 : 24-30).


Article écrit par Elder Jeffrey R. Holland et publié dans ldsliving.com sous le titre « Elder Holland on how we can overcome the greatest battles of our lives (+ the quote that helped him overcome difficult times), http://www.ldsliving.com/Elder-Holland-on-How-We-Can-Overcome-the-Greatest-Battles-in-Our-Lives-the-Quote-That-Helped-Him-Endure-Difficult-Times/s/83152?page=2#story-content. Traduit par Samuel Babin. ©2018 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | Englsih ©2018 LDS Living, A Division of Deseret Book Company