Jordy Collins, 17 ans, surfe trois ou quatre fois par jour. « J’essaie de surfer tous les jours », dit-il, mais il ne surfe pas le dimanche. Il surfe parce que c’est en quelque sorte son travail.
Il doit faire le trajet jusqu’à son lieu de travail tous les jours. Depuis sa maison à Carlsbad en Californie, il doit marcher deux pâtés de maison entiers pour rejoindre la plage, lorsqu’il n’est pas en compétition à Hawaii, au Brésil, au Mexique, à la Barbade, en Floride, en Virginie, en Caroline du Nord… Chaque année il passe quelques semaines à Hawaii pour s’entrainer.
Et l’école, me direz-vous ? Il suit un programme à domicile, ce qui lui permet de surfer à plein temps.
Ça doit être assez agréable d’être Jordy Collins.
Sa vie ressemble à un été sans fin, mais il prend tout ça très sérieusement. Il est l’un des principaux jeunes espoirs du surf dans le pays. Il participe au Qualifying Series Tour, ce qui est au monde du Surf ce que la ligue 2 est au football en France. Il essaie de se frayer un chemin vers la ligue 1.
L’année dernière, il était l’un des 10 surfeurs (et le seul américain) sélectionnés dans le monde pour disputer le titre de Roi des Groms (jeune surfeur dans le jargon du surf) sur une ile brésilienne. Sponsorisé par Quiksilver, c’est à la foi une compétition et une session de photo. Et Jordy Collins a remporté le titre.
Aux championnats nationaux des associations de surf, qui sont le point culminant de 10 compétitions qualificatives sur la côte ouest, il a remporté le titre chez les juniors (19 ans et en dessous), et est arrivé troisième de la compétition générale chez les hommes. Le vainqueur du championnat des séniors n’était autre que son père, Daren Collins. C’était la première fois qu’un père et son fils remportaient des trophées simultanément.
Dans le championnat Surfing America qui utilise un système de type grand prix pour comptabiliser les résultats de six compétitions, Jordy Collins a gagné l’édition 2016.
En juin, dans le championnat Volcom’s global qui rassemble les vainqueurs des compétitions régionales du monde entier, il est arrivé en quatrième position chez les juniors.
Idéalement, Jordy Collins espère se qualifier pour la ligue mondiale du surf et faire carrière dans ce sport. « Si vous n’y parvenez pas avant d’avoir 22 ans, vos chances d’y arriver diminuent » explique-t-il. En plus de participer aux Jeux Olympiques d’été de 2020, il ambitionne également d’y obtenir de bons résultats.
Jordy Collins a appris à surfer littéralement aux pieds de son père, en l’accompagnant sur sa planche dès l’âge de 2 ans. Daren Collins a appris le surf en grandissant à San Diego. La seule pause qu’il ait faite était pour faire ses études à BYU et pour partir en mission pour l’Eglise mormone au Danemark. Après avoir obtenu son diplôme à BYU en 1992, il est retourné en Californie pour surfer. Lui et sa femme Tammy ont quatre enfants. Les autres sont Justin, un ancien missionnaire qui fait ses études à BYU, Joshua, qui est actuellement en mission en République Tchèque, et Jill qui est encore à la maison. Tous ont grandi sur une planche de surf.
« Les familles qui surfent ensemble restent ensemble », dit Daren, un chef des ventes qui continue à surfer plusieurs fois par semaine et participe à des compétitions locales. Il est plus léger de 9 kilos par rapport à ses années universitaires.
« Aussi loin que je puisse me souvenir, mon père m’a toujours emmené surfer avec lui », dit Jordy.
Déterminé, Jordy Collins veut faire carrière dans le surf, ce qui implique un entraînement quotidien sur les vagues, et une présence sur les réseaux sociaux. Les sponsors, une nécessité pour survivre dans ce milieu, recherchent des surfeurs rentables. Jordy possède son propre site internet, Jordycollins.com, et il poste des photos sur Instagram depuis des années. Son sponsor est Hurley, une marque de vêtements.
A première vue, un mormon pratiquant dans le monde du surf pourrait ressembler à un choc des cultures, mais le surf a évolué. Comme le dit Daren : « Lorsque j’étais jeune c’était plus une culture de rébellion contre la société, les parents et tout ça. Mais c’est devenu un sport compétitif et les gens ont une approche différente. Ça a vraiment changé. Il y a une atmosphère familiale. »
Jordy explique : « Il y a beaucoup de gamins chez les pros maintenant qui réalisent à quel point notre sport est devenu sérieux, alors ils n’ont plus de mal à dire ‘non, je ne veux pas faire ça’. Le but est de devenir des athlètes. Kelly Slater (une légende du surf) a été le premier à dire que nous sommes des athlètes professionnels. Donc ce n’est pas trop difficile, même si ce n’est pas la norme. Généralement je ne surfe pas le dimanche et les autres me posent des questions. Je leur explique et ils me disent: ‘Oh, OK, c’est cool.’ »
Quant au fait de partir loin pendant des semaines avec d’autres surfeurs qui aiment faire la fête et vivre un autre style de vie, « Mes parents me font confiance. Ils connaissent mes convictions. Ils savent que je suis fort dans l’évangile et que j’ai des valeurs. »
Il croit que ses valeurs l’ont aidé à mettre les choses en perspective et l’aident à faire face à la pression du sport. « Les jeunes surfeurs prennent ça très au sérieux, et quand ils perdent, ça gâche leur vie » dit-il. « C’est toute leur vie. J’étais aussi comme ça avant. Maintenant je ne laisse pas le sport contrôler ma vie. Il y aura toujours d’autres compétitions. Ça m’aide beaucoup. »
Article écrit par Doug Robinson et publié dans deseretnews, traduit par Samuel Babin