Par cet article nous commençons notre rapport sur l’expédition archéologique de février 2016 à Khor Kharfot. Ici, Aston nous rappelle que le débat sur les événements qui se trouvent dans le Livre de Mormon au sujet de l’Ancien Monde a tout sauf cessé — une bonne raison pour apprendre et explorer tout ce que l’on peut sur le pays d’Abondance de Néphi. L’histoire de Khor Kharfot est-elle connue? A-t-elle été mentionnée?
Ce qui suit est tiré du nouveau livre de Warren P. Aston, Lehi and Sariah in Arabia: The Old World Setting of the Book of Mormon (2015). Cliquez ici pour plus d’information.
Étant donné que nous étudions le Livre de Mormon cette année, à l’Ecole du Dimanche, c’est une bonne occasion pour en apprendre plus à son sujet. Bien évidemment, le Livre de Mormon a subi de nombreuses attaques depuis qu’il est paru en 1830. C’est toujours le cas aujourd’hui.
Cet article étudie l’une des attaques les plus communes : Le Livre de Mormon peut-il être considéré comme le récit de personnes ou de lieux qui ont vraiment existé et d’événements historiques qui se sont réellement produits? S’il n’a pas d’ancrage de cette sorte, il peut simplement être considéré comme un mythe ou une sorte de “fiction inspirée”; comment l’affirmation que le Christ ressuscité est allé aux Amériques et Ses enseignements au peuple peuvent-ils être pris au sérieux dans ce cas? Pourquoi des avertissements prophétiques destinés à notre époque et à notre génération devraient-ils être pris au sens littéral? Pour finir, quelles sont les implications si la “clé de voûte” du Rétablissement n’est pas ce qu’elle prétend être?
Une foule extraordinaire de preuves internes atteste maintenant des origines antiques du Livre de Mormon et elles continuent de voir le jour. Loin d’être un ramassis d’histoires risibles de crédules, dont ses premiers critiques l’ont taxé, le Livre de Mormon s’avère être très sophistiqué, une oeuvre de complexités entremêlées. Des modèles de rhétorique ancienne, telle que des chiasmes et des formes littéraires qui n’étaient pas connues en 1830, ont été découvertes à l’intérieur du texte. Plusieurs termes et noms propres sont fermement identifiés comme vraisemblables et convenant à l’époque des événements qu’il décrit. Les recherches ont démontré que les différents livres qui le composent ont bel et bien été écrits par différentes personnes; dont Joseph Smith ne faisait pas partie.
Pour être sûr, il y a encore du travail à faire dans chaque domaine, alors la recherche continue, comme c’est le cas pour l’Ancien et le Nouveau Testament. En attendant, toutes ces recherches sont facilement à notre disposition. Pour commencer voilà le répertoire d’informations, Book of Mormon Central, sur www.bookofmormoncentral.org, et sur les autres sites web indiqués au bas de sa page d’accueil.
Le plan du monde réel du Livre de Mormon
Tandis qu’une majorité de chercheurs croient que le plan du monde réel du Livre de Mormon est maintenant connu grâce à plusieurs détails importants, la plupart des lecteurs seront conscients que le plan du Nouveau Monde suscite toujours cruellement la controverse. Son résultat net a confus et dilué l’impact potentiel du Livre de Mormon parmi les membres et les non-membres. C’est sûrement un détournement incroyablement triste de ressources et d’énergie de là où elles sont véritablement nécessaires. Même dans un récit abrégé comme celui-ci, un millénaire d’Histoire entraîne des domaines innombrables d’études, alors il est saugrenu lorsque des textes sacrés deviennent l’otage de fausses hypothèses.
En comparaison avec le plan de l’Ancien Monde où le débat a tout sauf cessé, quelques points plus fins sont encore débattus parmi les chercheurs, mais ils sont mineurs, presque inconséquents lorsqu’on les considère par rapport à l’ensemble du voyage des Léhites. Ici, le cours des choses s’est certainement inversé en faveur du Livre de Mormon.
Les 18 chapitres écrits par Néphi décrivant le voyage de Jérusalem jusqu’au pays d’Abondance a été sujet à un examen intense et à une exploration très large ces dernières décennies. Le croyant le plus optimiste n’aurait pas pu imaginer le trésor qui a surgi de ce point d’intérêt. Ce qu’il faut souligner ici c’est que l’un des endroits-clés, dans les annales de Néphi, Nahom (1 Néphi 16:34), est indéniablement attesté dans le monde réel à travers des inscriptions et des récits historiques. Ce nom particulier apparaît exactement au bon endroit, aux bonnes dates et à la bonne période. 1
Je veux me concentrer sur le pays d’ « Abondance » de Néphi. Dans les jours à venir, le Meridian publiera des nouvelles des premières fouilles qui viennent juste d’avoir lieu à cet endroit. Ces dernières années, un consensus général a été atteint parmi les chercheurs SDJ, c’est-à-dire que Khor Kharfot dans le Sud de l’Oman représente avec le plus de probabilité le lieu que le groupe de Léhi a appelé « Abondance » (1 Néphi 17: 5-6). Il n’y a que quelques chercheurs qui pensent autrement. Cette quasi-unanimité concernant un lieu du Livre de Mormon est devancée seulement par l’accord qui a surgit sur l’emplacement de Nahom. L’incapacité des critiques pour expliquer comment le Livre de Mormon a contenu de tels détails – depuis un siècle avant que cela ne puisse être vérifié – a été particulièrement frappant.
Le pays d’Abondance de Néphi a été mentionné par d’autres
Léhi et sa famille n’étaient pas les seuls à être surpris par l’abondance de fruits, de miel et de bois qui se trouvaient facilement à portée de main dans le pays d’Abondance, dans l’Ancien Monde. Nous savons maintenant qu’au moins deux autres groupes ont aussi mentionné ce lieu extraordinaire.
Commençons par l’actuel, Khor Kharfot, sur la côte du Dhofar d’Oman, à quelques kilomètres de la frontière avec le Yémen. En arabe, un Khor signifie simplement un bras de mer. En ce qui concerne le reste de ce nom, le nom arabe Kharfot provient en fait d’un terme pré-arabe mahri, Kharifot. Le mahri est une langue ancienne, peu parlée, dont les origines remontent très loin dans l’Antiquité. Elle est antérieure non seulement à l’Islam, mais aussi à l’arrivée de la langue arabe dans cette partie du monde.
Parce qu’il est si vieux et qu’il n’apparaît nulle part ailleurs en Arabie, il est passionnant d’apprendre ce que le nom Kharifot signifie en réalité. Ce mot fait principalement référence aux moussons annuelles qui font chaque année de Khor Kharfot l’emplacement le plus naturellement fertile sur la côte arabique. Pendant trois mois, la côte est ici recouverte par la bruine, le brouillard et de grosses averses, faisant tout renaître avec une surabondance de végétation. Donc Kharifot a le sens de « les moussons ont apporté l’abondance à cet endroit ».
Inutile de souligner la corrélation évidente entre «abondance» comprise dans ce terme et le pays d’ « Abondance ». Ils ont la même signification. Mais il y a plus.
Le mot Kharifot a un double sens. En plus de la notion d’abondance, il sous-entend aussi l’expression pittoresque et évocatrice : « les arbres ont des fruits mûrs ». Néphi nous dit par deux fois exactement pourquoi son groupe a appelé cet endroit Abondance : c’était surtout à cause de la grande quantité de ses fruits (1 Néphi 17 : 5 et 6). Comme il est intéressant que les Léhites et les anciens habitants parlant le mahri qui ont vécu dans la région, aient non seulement désigné cet endroit précis comme un lieu d’abondance, mais que ces deux groupes aient choisi ses fruits pour le mentionner de façon particulière!
Un deuxième lien historique avec le récit de Néphi
Comme si cela ne suffisait pas, il semble y avoir un deuxième lien historique fascinant avec le récit du Livre de Mormon. Loin dans le Nouveau Monde, aux Amériques, un autre groupe de personnes qui prétend avoir migré de l’Ancien Monde, enseignaient qu’ils sont partis d’un lieu d’«abondance». Lorsque les chercheurs ont commencé à traduire et à comprendre les écrits laissés par les premiers peuples mayas en Amérique Centrale, un terme particulier est apparu à chaque fois qu’ils ont raconté leurs légendes sur leurs origines, au loin, par-delà les océans. Le mot qu’ils ont utilisé est Tulan.
Le terme Tulan ou Tula est un mot préclassique nahuatl (au centre du Mexique) qui signifie «lieu d’abondance», avec un dérivé qui adjoint le sens « lieu de massettes [roseaux] », ce qui est aussi un indice important pour l’identité de cet endroit. Il semble que Tulan est très tôt devenu presque omniprésent dans les premiers récits de leurs origines et qu’au fil du temps, il a fini par être associé aux légendes de leur création.
A titre d’exemple, dans la traduction d’un texte en espagnol, en 1934, intitulé Les Annales des Cakchiquels le mot Tulan a été traduit par « Lugar de Abundancia », c’est-à-dire « le lieu d’abondance». 2 Cette formulation est identique à celle qui est utilisée dans la traduction espagnole du Livre de Mormon lorsqu’il est fait référence au pays d’Abondance de l’Ancien Monde. Dans la traduction française ci-dessous, se trouve l’une des nombreuses références mayas :
… Nous sommes venus de l’Ouest, du lieu d’abondance, de l’autre côté de la mer.
Ce qu’il y a de plus dans cette histoire, c’est surtout le fait que ces textes contiennent une foule d’autres détails très précis sur ce à quoi ressemblait ce lieu d’abondance. Certains de ces détails ont été relevés dans un précédent article du Meridian 3, mais ce qui est pertinent ici c’est le simple fait que les branches de ce peuple maya affirment que leurs ancêtres sont venus d’un endroit sans pareil. Celui-ci avait des caractéristiques suffisamment frappantes pour être rappelées en détail dans leurs récits fondateurs plus de mille ans plus tard.
Les deux conséquences pour le Livre de Mormon
Tout d’abord, le consensus sur le plan de l’Ancien Monde est une avancée encourageante concernant les études sur le Livre de Mormon. Cela devrait nous donner l’espoir que la localisation géographique complète de ce livre sacré d’écritures finira par se préciser. Lorsque cela se produira, ses déclarations seront considérées par celui qui est honnête de cœur comme plus que jamais acceptables et ancrées dans l’histoire. Son message sera pris plus au sérieux.
Deuxièmement, la convergence des croyances de deux peuples séparés par une très grande distance – la population du Sud de l’Oman et les Mayas d’Amérique Centrale – avec les détails que Néphi a écrits, est magnifique.
De telles preuves font certainement partie du plan du Seigneur pour que les témoins supplémentaires du Christ ressuscité soient pris au sérieux.
Extrait du nouveau livre de Warren P. Aston, Lehi and Sariah in Arabia: The Old World Setting of the Book of Mormon, (2015).
Article écrit par Warren Aston, publié sur ldsmag.com et traduit par Nathalie.
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Notes
- “A History of Nahom,” dans BYU Studies Quarterly51/2 (Provo: Brigham Young University, été 2012), 78-98. Disponible à l’adresse : http://www.archive.bookofmormoncentral.org/node/16
- Asturias et Mendoza, trad. Anales de los Xahil de los Indios Cakchiqueles(Guatemala City: The National Press, 1934), 10-11. Italiques ajoutés.
- Voir «Did the Nephites remember Bountiful ?», Meridian Magazine, disponible sur: http://ldsmag.com/article-1-7731/