Comme pour les autres Chrétiens, la foi joue un rôle crucial dans les croyances et les pratiques des membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, les Mormons. Le Livre de Mormon enseigne :
Et rien d’impur ne peut entrer dans son royaume; c’est pourquoi, rien n’entre dans son repos, si ce n’est ceux qui ont lavé leurs vêtements dans mon sang, à cause de leur foi, et du repentir de tous leurs péchés, et de leur fidélité jusqu’à la fin. » (3 Néphi 29 :19)
Que pouvons-nous dire au sujet de cette fidélité jusqu’à la fin ? Le philosophe français du 20ème siècle, Paul Ricoeur, définit la foi en fonction de ses synonymes (“Le soi dans le miroir des Écritures,” Amour et justice 52-53):
« Un sentiment de dépendance absolue » par rapport à une création qui me précède
« Une préoccupation ultime » à l’horizon de toutes mes préoccupations
« Confiance inconditionnelle » qui espère malgré tout
Et Ricoeur souligne que, peu importe la façon dont nous formulons ce que nous comprenons par ce mot, nous ne pouvons pas réduire son sens par la parole ou par l’écrit, parce que la foi est le fondement sur lequel nous bâtissons notre compréhension des choses plutôt que le produit de cette compréhension ou de l’un de ses composants.
Le statut de la fondation de la foi ne fait pas de lui une chose dont nous ne pouvons pas parler raisonnablement. Cela signifie que notre discussion à son sujet restera toujours autour de ce sujet, l’encerclant, plutôt que d’en parler directement. Cependant, bien que Ricoeur et d’autres peuvent nous aider à voir la profondeur du sens que l’on peut trouver dans le mot foi, la meilleure source de réflexion au sujet de ce que signifie la foi sont les Écritures.
Un coup d’œil à l’hébreu biblique, dans lequel le mot « foi » traduit généralement le groupe de mot amn, montre que pour les écrivains bibliques, la foi est une façon d’être plutôt qu’un degré de véracité (ou l’absence d’un degré de véracité). Etre fidèle veut dire être établi et ferme. C’est être fidèle à Dieu, Lui faire confiance dans les voies qui nous sont révélées dans les Écritures.
Dans le Nouveau Testament, le mot grec qui se trouve la plupart du temps derrière la traduction anglaise de la « foi » est pistis. Etant donné que l’Eglise Chrétienne primitive a pris ses racines dans le judaïsme, il n’est pas surprenant que ceux qui utilisent ce mot grec semblent également le comprendre d’une manière différente qu’un simple degré de véracité.
Comme la foi dans la Bible hébraïque, la foi du Nouveau Testament est un acte. C’est plus un fait qu’une personnel, plutôt qu’un degré de croyance qu’elle détient. La foi est un acte de confiance. Donc, avoir la foi nécessaire des disciples de Jésus signifie : faire confiance à Dieu et à l’appel qu’il nous lance à travers les Écritures et Ses prophètes.
Est-ce que les Mormons ont un point de vue unique sur la foi ? A certains égards, oui, mais à certains autres, non.
Contrairement aux Juifs et aux autres Chrétiens, nous croyons qu’une des raisons pour lesquelles nous pouvons mettre notre confiance en Dieu et lui être fidèles est qu’il est « le Père littéral de notre esprit » (c.f. Bruce C. Hafen).
Comme d’autres Chrétiens, nous croyons que Dieu est un être en qui nous pouvons avoir confiance, parce qu’en tant que Père, Il nous aime et veut le meilleur pour nous. Il veut que nous retournions vers Lui et Il nous a fourni les moyens grâce auxquels nous pouvons y arriver. Nous utilisons des noms différents pour décrire ces moyens. Parfois, nous appelons cela « le plan de rédemption » (p.ex. Alma 12:25). Parfois, nous nous référons à cela sous le noms de : « le plan de salut » (Alma 42:5) ou « le grand plan du bonheur » (p.ex. Alma 42:8). Quels que soient les termes que nous utilisons, l’important est que notre Père céleste désire que nous soyons avec Lui.
La foi signifie aussi que nous comprenons que Ses commandements sont des conseils et des explications d’un Parent aimant, disant à ses enfants ce qu’ils doivent faire afin d’être et de vivre finalement heureux, menant le genre de vie qu’Il vit.
Cela signifie comprendre que ce que Dieu exige n’est pas un jeu arbitraire d’étapes que nous devons franchir comme une sorte d’initiation. Au lieu de cela, connaissant la situation déchue dans laquelle nous nous trouvons, Il nous dit ce que nous devons faire pour sortir de cette situation ; il offre sa grâce, son don, pour surmonter la chute.
C’est peut-être pour cela que nous utilisons l’expression : « le grand plan du bonheur » plus souvent aujourd’hui, que l’expression plus commune autrefois : « le plan de salut. » Nous tenons à souligner que notre recherche du bonheur est accomplie par le plan donné par le Père.
Dans ce schéma, le salut est le résultat d’une vie fidèle. C’est la vie avec le Père. Et cette vie a une qualité particulière. Elle a la qualité de Sa vie, une qualité que nous visons, même dans ce monde où il est possible d’y arriver.
Si nous sommes fidèles à Dieu, alors nous nous efforçons de vivre une vie qui a la qualité de Sa vie, une vie qu’Il décrit et nous exhorte à mener par Ses commandements. Mais, je le répète, ces commandements ne sont pas le décret arbitraire d’un maître sévère. Ce sont des instructions pour mener une bonne vie, ici et dans les éternités.
L’une des révélations de Joseph Smith enseigne que ceux qui sont bénis de vivre en Sion, la communauté qui s’efforce d’être le royaume de Dieu sur la terre, “seront également couronnés de bénédictions d’en haut, oui, et de commandements qui ne seront pas peu nombreux” (D&A 59:4). Les commandements sont des bénédictions, ce sont des couronnes que le Père nous donne, qui feront de nous Ses rois et Ses reines.
Tout comme notre Père céleste ne nous donne pas de commandements arbitraires, il ne nous punit pas avec des punitions arbitraires. En fait, dans un sens très réel, il ne nous punit pas du tout. Il ne réagit pas à nos péchés en prouvant son pouvoir sur nous.
Au contraire, si nous ne suivons pas les conseils que Dieu nous offre et que nous rejetons la grâce qu’il donne par l’offrande de Son Fils, nous sommes condamnés par nos choix à vivre séparés et loin de Lui. Échouer à Lui être fidèle signifie échouer à devenir comme Lui. Échouer à accepter le don du salut qu’Il nous offre signifie échouer à avoir ce don.
Comme Paul le souligne, la punition du péché est que je suis une personne qui fait ces choses. En parlant des pécheurs, Paul ne dit pas que le Père condamne violemment ceux qui osent défier Ses ordres. Il dit que la punition de Dieu c’est de permettre aux pécheurs d’être des pécheurs (Romains 1:28). Honorant nos désirs et nos choix, Il nous permet d’être qui nous sommes – bien qu’Il nous ait donné la possibilité qu’il en soit autrement.
Il se peut que nous n’ayons pas la foi nécessaire à cet instant, mais la promesse divine est que nous avons ce dont nous avons besoin pour recevoir cette foi et pour que cette foi croisse en nous. Le Livre de Mormon enseigne que nous n’avons pas besoin de plus que de “désirer croire et de laisser ce désir agir en nous” (Alma 32:27 ; italiques ajoutés). Si nous permettons à la semence de la foi d’être plantée dans notre cœur, que nous n’y résistons pas (Alma 32 :38), alors nous découvrirons que la semence, la parole de l’Évangile, est bonne (Alma 32:30).
De cette semence croîtra un arbre “jaillissant jusque dans la vie éternelle”, elle nous donnera “le fruit, qui est extrêmement précieux, qui est doux par-dessus tout ce qui est doux” et “nous nous ferons un festin de ce fruit jusqu’à ce que nous soyons rassasiés” (Alma 32:41-42).
L’un des premiers prophètes à écrire dans le Livre de Mormon était Néphi. Il décrit sa compréhension du don de la foi et du fruit de nourrir cette foi, par une prière et un témoignage :
Ô Seigneur, veuille m’envelopper du manteau de ta justice! Ô Seigneur, veuille m’ouvrir un sentier pour que je me dérobe à mes ennemis! Veuille rendre mon chemin droit devant moi! Veuille ne pas placer de pierre d’achoppement sur mon chemin, mais dégager le chemin devant moi, et ne pas dresser de barrière sur mon chemin, mais sur les chemins de mon ennemi. Ô Seigneur, j’ai mis en toi ma confiance, et c’est en toi que je mettrai toujours ma confiance. Je ne placerai pas ma confiance dans le bras de la chair, car je sais que celui qui place sa confiance dans le bras de la chair est maudit. Oui, maudit est celui qui place sa confiance dans l’homme ou fait de la chair son bras. Oui, je sais que Dieu donne libéralement à celui qui demande. Oui, mon Dieu me donnera, si je ne demande pas mal; c’est pourquoi, j’élèverai ma voix vers toi; oui, je te supplierai, mon Dieu, rocher de ma justice. Voici, ma voix montera à jamais vers toi, mon rocher et mon Dieu éternel. Amen. » (2 Néphi 4:33-35).
La prière de Néphi est notre prière : Père, enveloppe nous de ta justice et protège nous de nos ennemis ; rend le chemin devant nous droit et dégagé. La confiance de Néphi doit être notre confiance : Je ne mettrais pas ma confiance dans le bras de la chair, car je sais que Dieu sera libéral avec moi en dépit des difficultés dans lesquelles je me trouve en ce moment.
Cette prière et ce témoignage résument ce que cela signifie d’être fidèle.