La violence physique est rarement difficile à définir et à reconnaître. En revanche, quand il y a violence spirituelle, il peut être extrêmement difficile de se rendre compte de ce qui se passe, même quand la douleur causée est immense. Alors, définissons la violence spirituelle, mettons-la en pleine lumière et sortons-la de l’anonymat. Il y a des années, un psychologue renommé (aujourd’hui retraité), Ed McCormack, m’a aidé à formuler cette définition :

À partir du moment ou un principe correct est enseigné sans l’Esprit, instauré dans la contrainte, ou utilisé pour rabaisser une personne et lui donner l’impression qu’elle n’est pas assez bien, c’est de la violence spirituelle.

Voici un exemple. Une femme en manque de reconnaissance dit à son mari : « Je souffre tellement. J’ai besoin que tu me dises une chose que tu aimes chez moi. » Il la regarde, va à son bureau, ouvre le tiroir du haut, et en sort quelques feuilles sur lesquelles il avait noté des écritures et des citations du Liahona dans une colonne et dans une autre colonne les « preuves » que sa femme n’était pas à la hauteur des conseils des autorités générales.

Quand un enfant ou un conjoint est rabaissé au nom de la justice, quand le principe est vrai mais que l’esprit dans lequel il est donné est à l’opposé de l’amour et de la charité, cela entraîne la confusion et le découragement. Frère McCormack a attiré mon attention sur des passages importants de D&A 50. Nous les avons étudiés ensemble, en les utilisant comme des guides pour comprendre la violence spirituelle. Je vais, dans la suite de cet article, utiliser des versets de cette section pour clarifier ce principe.

« En vérité, je vous le dis, celui qui est ordonné par moi et envoyé prêcher la parole de vérité par le Consolateur, selon l’Esprit de vérité, prêche-t-il par l’Esprit de vérité ou d’une autre façon ? Si c’est d’une autre façon, ce n’est pas de Dieu » (D&A 50:17-18).

Frère McCormack souligne que la parole de Dieu enseignée sans l’Esprit avec l’intention de mettre quelqu’un en tort, ou mal à l’aise, ou de le malmener émotionnellement, ne vient pas de Dieu ; c’est de la violence spirituelle.

Pourquoi il est essentiel de comprendre ce principe de violence spirituelle

Le bien et le mal sont assez faciles à différencier, mais le bien enseigné avec les méthodes de l’adversaire, c’est une autre histoire. D’après Frère McCormack, beaucoup de jeunes quittent l’Église parce qu’ils n’ont pas trouvé l’épanouissement, la liberté ou le bonheur dans la façon biaisée dont l’évangile est parfois présenté.

Le grand-père de mon mari en est un exemple. Il s’est enfuit de chez lui et a quitté l’Église quand il était adolescent, en grande partie parce que son père le frappait pour le « motiver » à aller aux réunions. La force n’est jamais un moyen efficace de motiver les gens à agir spirituellement. Même s’ils s’y soumettent en apparence, ils peuvent avoir du ressentiment et résister intérieurement. La contrainte était le plan du diable, et chaque fois que nous l’utilisons, nous votons pour son plan au lieu de voter pour celui de Dieu basé sur le libre arbitre.

la violence spirituelle n'a pas de place si on aime son prochain et on lui laisse son libre-arbitre

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Le plus grand danger est de se couper de l’amour de notre Père céleste

Peggy McFarland, psychologue et membre de l’Église a dit :

“J’ai remarqué, au cours de mes entretiens avec mes clients, que la violence spirituelle est toujours présente quand une autre forme de violence existe, notamment la violence sexuelle ou physique. En fin de compte, le plus grand mal causé par la violence est spirituel quand la victime se forge une opinion honteuse d’elle-même. Par sa nature même, la violence fait que les victimes se sentent couper de l’amour inconditionnel de leur Père céleste, elles s’écartent de ce « bien le plus précieux ».

La violence spirituelle s’inscrit dans un continuum de léger à grave selon la présence ou non d’autres formes de violence. Reconnaître les formes subtiles de violences spirituelles aidera les personnes qui nous sont chères à résister à la honte qui est inhérente à la chute. Dans le temple et dans les écritures, on nous enseigne très clairement que Satan veut toujours que la honte nous pousse à nous cacher de la présence de notre Père céleste. C’est Satan qui contraint par la force et la honte, plutôt que par l’amour.”

Une histoire vraie qui illustre une violence parentale involontaire et subtile

Une amie, vivant dans un état loin de la « plaque tournante » du mormonisme, mère consciencieuse et membre fidèle de l’Église, m’a raconté l’expérience suivante en me demandant de préserver son anonymat.

Quand notre fils de 15 ans a commencé à se plaindre en disant qu’il ne voulait pas aller à l’Eglise, nous sommes tombés des nues. Il avait toujours été un fils très obéissant qui admirait son père. Plutôt que d’essayer de comprendre ce qui le souciait, nous étions en colère et avons eu une attitude punitive. Nous lui avons dit que s’il ne voulait pas aller à l’église, il pouvait rester à la maison pour effectuer des tâches ménagères.

Rétrospectivement, notre réaction était due au fait que nous avions besoin que tous nos enfants paraissent obéissants afin d’être vus comme de bons parents. En d’autres termes, notre motivation était l’orgueil, pas les qualités que Dieu décrit dans D&A 121, telles que « la connaissance pure, la longanimité et l’amour sincère ». Au lieu de cela, nous l’avons réprimandé, mais pas parce que nous étions « sous l’inspiration du Saint-Esprit » et ensuite, nous ne l’avons pas soutenu avec un « un redoublement d’amour » afin de s’assurer qu’il ne nous considère pas comme son ennemi.

Un dimanche, je suis passée à côté de la classe de l’École du dimanche de mon fils qui se tenait dans le couloir. Il était assis au dernier rang, la chaise inclinée et sa tête appuyée contre le mur. Il avait les yeux fermés et ses écritures posées par terre. Il était évident qu’il était complètement indifférent à ce qui se passait en classe. Aujourd’hui, je me rends bien compte que ma première émotion a été la honte, facilement transformée en colère par Satan. Plus tard nous lui avons fait la morale, lui reprochant de ne pas avoir eu ses écritures ouvertes et de ne pas avoir été attentif. Nous n’avons en aucun cas créé un environnement favorable pour qu’il puisse nous dire pourquoi il ne participait pas en classe. Le message spirituel violent que nous lui avons transmis était qu’il n’était pas quelqu’un de bien s’il ne répondait pas à nos attentes. Sans le vouloir, nous lui avons enseigné que Dieu se fichait de ce qu’il pensait ou ressentait, que sa valeur était uniquement basée sur ses accomplissements religieux.

Néanmoins, notre cœur s’est apaisé quand nous avons compris ce qui se cachait derrière le comportement de notre fils. C’est un autre parent qui nous a permis de comprendre, pas notre fils. Dans notre paroisse, il y avait un grand groupe de garçons qui avaient grandis ensemble depuis l’âge de la Primaire. Ils avaient toujours été bons amis. Mais quand ils sont entrés au lycée, un des garçons est devenu le « chef de meute » et a décidé qu’il n’aimait pas mon fils. Il a poussé les autres à l’isoler, et malheureusement, ils étaient trop faibles pour résister à la pression du groupe. Un par un, les amis de notre fils ont cessé d’être son ami et l’église est devenue un endroit où il se sentait rejeté et seul. Notre fils ne remettait pas en question les vérités que nous lui avions enseignées, il avait juste grand besoin d’un ami. Quand une nouvelle famille avec des adolescents a emménagé dans notre paroisse, il a noué des amitiés qui ont rendu l’église plus accueillante.

Heureusement, au cours des vingt années passées depuis cette expérience, nous nous sommes repentis et nous sommes rachetés auprès de notre fils d’avoir usé de méthodes parentales punitives et violentes spirituellement. Nous avons tous les deux grandi dans des foyers où la violence physique et par conséquent spirituelle étaient présentes. Nous avions tous les deux besoin de comprendre l’influence négative que les « traditions de nos pères » avaient sur nos méthodes éducatives. Quand on est parent, inconsciemment, on transmet à nos enfants la honte de la violence physique et spirituelle que nous avons supportée. Heureusement, grâce à la thérapie familiale, aux remarques de nos enfants, et à un repentir sincère, nous avons appris à être des parents qui s’inspirent davantage de la méthode parentale de notre Père céleste.

la violence spirituelle amène les victimes à s'isoler

Comment reconnaître l’auto-violence spirituelle

« Et de plus, celui qui reçoit la parole de vérité, la reçoit-il par l’Esprit de vérité ou d’une autre façon ? Si c’est d’une autre façon, ce n’est pas de Dieu » (D&A 50:19-20).

Même quand la vérité est enseignée avec l’Esprit, si nous la recevons « d’une autre façon », à la façon de l’adversaire, nous nous découragerons, nous nous sentirons mal et malheureux, incompétent et incapable de la vivre. De cette façon, l’adversaire nous pousse à nous faire violence spirituellement et être découragé par la vérité. Je l’ai beaucoup fait dans ma vie, mais ce n’est que récemment que j’ai reconnu ce schéma comme étant de l’auto-violence spirituelle.

Le perfectionnisme peut être une auto-violence spirituelle. Si nous prenons l’écriture « Soyez donc parfaits » et y ajoutons le mot « maintenant », nous la changeons en « philosophies des hommes mêlées aux écritures ». Nous pouvons changer des principes purs de l’évangile en règles qui rendent malheureux, impossible à suivre et irréalistes, en pensant que nous devons agir parfaitement, en tout, à cet instant précis. Nous pouvons devenir experts en auto-flagellation et dénigrement, ce qui doit régaler Satan parce que c’est avec ce genre de pensées erronées que nous devenons comme lui, malheureux, au lieu de devenir comme le Christ, plein de lumière et d’espoir.

La source de lumière et de joie

Si la vérité est enseignée et reçue avec l’Esprit, elle est édifiante et nous apporte de la joie. « Comment se fait-il donc que vous ne puissiez comprendre et savoir que celui qui reçoit la parole par l’Esprit de vérité la reçoit telle qu’elle est prêchée par l’Esprit de vérité ? C’est pourquoi, celui qui prêche et celui qui reçoit se comprennent, et tous deux sont édifiés et se réjouissent ensemble » (D&A 50: 21-22).

Si nous ne sommes pas édifiés par ce que nous entendons, soit ce n’est pas la vérité, soit elle est enseignée et reçue sans l’Esprit. « Et ce qui n’édifie pas n’est pas de Dieu et est ténèbres » (D&C 50:23).

Il n’y a aucune raison de se réjouir ensemble dans les cas de violence spirituelle. En fait, les ténèbres se répandent. L’agresseur se sent justifié pour son jugement négatif et injuste qu’il porte et pour le traitement qu’il inflige, parce qu’après tout, n’est-il pas du côté de la « vérité » ? Tant pis s’il se sert de la vérité comme d’un bâton pour frapper au lieu d’en faire une torche pour illuminer le chemin. La victime est totalement découragée, perdue, piétinée, incapable de voir une issue et commence à considérer son agresseur comme son ennemi. En fait, l’agresseur n’est pas l’ennemi, mais il a été trompé et utilisé par notre ennemi à tous comme un instrument de découragement.

D’autre part, l’appel au repentir du Sauveur n’est jamais une accusation décourageante ; c’est un vote de confiance signifiant que vous pouvez faire mieux, une affirmation de votre valeur. Il vous assure que vous êtes aimé et désiré, qu’il souhaite être avec vous. Il vous dit, plein d’amour : « Viens à moi ».

Il n’y a qu’une ressemblance entre Jésus et Satan : le Sauveur veut que nous soyons comme lui et avec lui, tout comme Satan. La violence spirituelle est l’un des outils préférés de Satan, parce que si elle réussit à décourager et rabaisser, elle peut entraîner l’agresseur et la victime dans le piège. Nous pouvons éviter ce piège en s’agrippant à la lumière.

« Ce qui est de Dieu est lumière ; et celui qui reçoit la lumière et persévère en Dieu reçoit davantage de lumière ; et cette lumière devient de plus en plus brillante jusqu’au jour parfait. Et de plus, en vérité, je vous dis, et je le dis pour que vous connaissiez la vérité, que vous pouvez chasser les ténèbres de parmi vous » (D&A 50: 24-25).

Si notre vie est centrée sur le Christ alors nous ne soumettrons pas les autres à de la violence spirituelle

Je suis reconnaissante pour la lumière, la vérité et le pouvoir de l’Esprit qui nous aide à discerner la vérité. Je prie pour que nous recevions tous plus de lumière et de vérité dans notre vie, afin que nous soyons édifiés par la vérité et que nous nous repentions quand nous nous trouvons impliqués dans un processus de violence spirituelle contre nous-même ou quelqu’un d’autre, quel qu’en soit le degré. C’est un domaine où les choses sont vraiment noires ou blanches. Si nous sommes édifiés et édifions les autres, et que nous trouvons des raisons de nous réjouir ensemble, nous sommes dans la lumière. S’il existe des paroles ou des sentiments décourageants, accusateurs et critiques, nous sommes dans les ténèbres. Si la violence spirituelle est dirigée vers nous, nous devons demander une bénédiction, aller au temple, et davantage prier et lire les écritures, afin de pouvoir discerner la vérité de l’erreur. Si la violence spirituelle vient de nous, nous savons que nous devons nous repentir, rechercher l’Esprit et nous efforcer d’être à nouveau en accord avec la source de lumière, d’amour, de paix et de joie.

Vivre selon l’Esprit et éviter ou se repentir de la violence spirituelle ne signifie pas que nous échapperons aux tribulations et au chagrin dans ce royaume de la mortalité. Cela signifie que nous pourrons échapper à une tristesse inutile, à la servitude, et aux ruses de Satan souvent mises en évidence dans les cas de violence spirituelle. N’est-ce pas là une raison de se réjouir ?

 

Remarque : Peggy McFarland a récemment déménagé de l’Oregon à Nampa dans l’Idaho, où elle a ouvert un cabinet privé. Elle est spécialisée dans les problèmes des jeunes filles et des femmes, la dépression, les troubles de l’anxiété et les traumatismes. Elle a une longue expérience dans l’accompagnement des personnes rencontrant des problèmes de violence spirituelle.


Article écrit par Darla Isackson pour Meridian Magazine et publié sous le titre Shedding a Light on Spiritual Abuse. Traduction: Christine.