“Comment expliquer le pardon pour que le plus de gens possible se sentent inclus dans son explication ?”
C’est la question que je me suis posée il y a plus ou moins deux semaines alors que je commençais à écrire. Je me considère assez religieuse. En effet, je ne serais pas en train de travailler pour Foi en Christ si ce n’était pas le cas, avouons-le.
Donc le pardon est un terme dont j’ai entendu parler depuis que je suis toute petite.
J’ai, récemment, eu l’occasion de visiter une partie de ma famille avec mon mari. On avait organisé une journée spéciale pour une rencontre avec d’autres membres de la famille. Mais ce jour-là, en me réveillant, je me suis levée du mauvais pied. Cela ne vous est jamais arrivé ?… Vous vous levez de broyez du noir, tout et tout le monde vous dérange même si ils ne font rien pour nous embêter ? Voilà. C’était un de ces jours-là. En effet, je n’ai quasiment pas participé aux jeux de cette journée spéciale, ni au repas. En vérité : c’était une catastrophe.
Le soir, après être tous rentrés, j’ai décidé d’aller m’excuser auprès des membres de ma famille, consciente du manque de respect dont j’avais fait preuve ce jour-là. En essayant de leur expliquer tout ça, je me suis retrouvée face à un mur. La situation était compliquée et le dialogue difficile. Une personne en particulier avait une opinion bien claire de la raison de mon manque d’enthousiasme. En me regardant, elle m’a dit : “Si tu aimais vraiment ton mari, tu aurais été présente aujourd’hui avec le reste de la famille”.
Aïe. Grosse claque.
J’étais consciente de mon tort, mais je m’attendais à ce qu’on trouve une solution. Je suis allée m’excuser de la meilleure façon à laquelle je pouvais penser, mais mes excuses n’étaient pas reçues comme je l’aurais espéré. Et là, je recevais une claque en plus de toutes les claques que je m’étais déjà figurativement mises.
La seule chose qui me restait à faire était de retourner dans ma chambre et calmer mes émotions.
Une fois calmée, j’ai pu passer le reste de la soirée avec eux en tranquillité. Mais quelques jours après, je savais que mon cœur n’était pas en paix. Je devais avoir recours à un baume plutôt qu’à un pansement. Je devais avoir recours au baume du pardon.
Alors vous allez me dire : bon tu en fais tout un drame. Il y a des milliers de gens qui vivent des choses pires que ça. C’est pas si grave, laisse passer et tout ira bien. Puis la claque tu te l’es bien méritée quand même.
Et c’est pour ça que je vais vous répondre : lisez la suite de l’article et vous comprendrez pourquoi j’ai eu besoin de pardonner. Et, surtout, pourquoi tout le monde a besoin de pardonner.
Le pardon : une définition
Mais donc le pardon c’est quoi exactement ?
Dans le guide des écritures on trouve la définition suivante :
“Pardonner est un attribut divin. Cela signifie blanchir ou excuser quelqu’un de sa responsabilité pour une offense ou une mauvaise action.”
Je ne connaissais pas la définition exacte du mot blanchir. Je suis allée la chercher. Voilà ce que ma recherche a donné :
“Action consistant à trouver des preuves ou des arguments permettant d’innocenter une personne qui avait été accusée à tort d’un crime, d’un délit ou d’une infraction.”
Je me suis posée la question suivante : si une personne se fait abuser, pourquoi celui ou celle qui l’a abusée devrait avoir droit au pardon ? Ou à être blanchie de ses actes ?
Et oui, ces définitions sont informatives.
Mais on a besoin d’une façon pratique de les expliquer.
Ne vous inquiétez pas, j’ai commencé le travail pour vous. Juste commencé. En effet, il y a plusieurs aspects du pardon que je n’ai pas pu traiter. Vous vous en doutez bien.
Voici ce que j’ai lu durant mes années de séminaire, un programme d’étude des livres canoniques pour les jeunes de 14 à 18 ans :
“Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes.” (Doctrine et Alliances 64:10)
Quand j’ai relu cette écriture après des années je me suis posée ces deux questions :
- Pourquoi je dois pardonner à tous les hommes ?
- Et pourquoi Dieu, lui, peut pardonner à qui il veut ?
Donc répondons-y ensemble.
Pourquoi je dois pardonner à tous les hommes ?
J’ai deux réponses pour vous aujourd’hui, d’importance égale.
Réponse 1 : nous avons un chemin à entamer
Nous sommes ici sur la Terre pour apprendre. Apprendre à devenir des personnes qui ressemblent au Christ et à Dieu. En effet, Dieu veut que nous héritions tout ce qu’il possède, mais pour ce faire nous devons nous y préparer. Et c’est sur la Terre que nous devons commencer. C’est sur la Terre que nous commençons notre chemin.
Lisons ensemble deux écritures très similaires :
“Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.” (Matthieu 5:48)
“C’est pourquoi, je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.” (3 Néphi 12:48)
Nous croyons que nous devons devenir comme le Père et comme le Christ, c’est-à-dire, parfaits. Donc, entre autres, nous devons apprendre à pardonner.
Le plus grand exemple de pardon que nous ayons tous en commun est encore une fois le Christ. Déjà, durant tout son ministère les gens se moquaient de lui et ne le croyaient pas. Je me demande comment on se sentirait si, en partageant une des choses qui nous tient le plus à cœur, notre famille commençait à nous ridiculiser devant tout le monde. Sûrement pas génial. Mais en plus, après avoir réalisé l’Expiation, il a été amené illégalement devant des juges qui l’ont mal jugé et qui ont décidé, en suivant la voix du peuple, de le mettre à mort.
Relisez ces mots. Mettez-vous en contexte
Il avait sa condamnation. Il était prêt à mourir pour ses enseignements et pour nous. Mais avant même qu’il puisse être libéré de sa souffrance, des soldats se sont mis à le frapper, à se moquer de lui, à lui cracher dessus. Il a marché avec sa croix devant tout le monde, une fois de plus humilié pour ce qu’il était. Et enfin arrivé sur son lieu de mort, cloué à sa croix, il regarde au ciel et dit à son Père :
“Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.”
Il existe des personnes sur cette Terre capables d’un pardon exemplaire comme celui du Christ. Mais pour la plupart d’entre nous, cette capacité n’est pas acquise.
Une chose que j’aimerais vous rappeler aujourd’hui est que nous ne sommes pas ici car nous sommes parfaits. Nous sommes ici pour commencer notre chemin vers la perfection. Et une condition nécessaire à la perfection est le pardon. C’est ici que nous devons commencer notre chemin.
Je voudrais partager avec vous une écriture que j’aime beaucoup :
“Quel que soit le degré d’intelligence que nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection.” (Doctrine et Alliances 130:18)
Utilisons-la avec le mot pardon. Ça donne :
“Quel que soit le degré de pardon que nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection.”
J’aime beaucoup cette écriture. Tout ce que nous commençons ici sur la terre est un pas de plus vers la perfection que nous avons le potentiel d’atteindre durant notre existence.
Réponse 2 : le pardon est pour nous-mêmes
J’aimerais partager une phrase que j’ai entendu une amie dire au sujet du pardon.
« Le pardon ce n’est pas justifier l’autre personne. Ça n’a même pas à voir avec l’autre personne. Le pardon c’est laisser aller, c’est un cadeau qu’on se fait à soi-même pour être libre. »
Dans la majeure partie des situations, le pardon n’a rien à voir avec l’autre personne. Des fois, surtout si c’est une personne que l’on aime, elle souhaite savoir que nous l’avons pardonnée pour pouvoir poursuivre son chemin et se pardonner à son tour. Mais dans la majeure partie des cas, la personne qui nous a fait un tort ne s’en est même pas rendue compte. Elle est sûrement en train de faire sa vie et elle ne sait pas qui nous sommes. C’est nous-mêmes que nous blessons en agissant ainsi.
Pardonner c’est nous libérer d’un poids. Un poids que nous ne sommes plus en mesure de porter. Nous apprenons à le donner au Christ et nous apprenons ce que signifie son expiation. En effet, un des objectifs de l’expiation du Christ est de nous alléger de nos fardeaux.
“Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.” (Matthieu 11:29-30)
Oui. Accepter le Christ signifie accepter que nous devons nous améliorer. Cela signifie aussi que nous devons suivre ses commandements. Mais il nous promet que ce joug est léger en comparaison à une vie sans lui.
Pourquoi Dieu, lui, peut pardonner à qui il veut ?
Dieu connaît notre cœur. Il connaît nos intentions. Il connaît exactement tout ce qui nous est arrivé dans la vie. Et ce qui nous est arrivé avant de venir sur cette Terre.
Ça peut être très compliqué à accepter, mais certaines personnes qui ont fait vivre un enfer à d’autres, ont sûrement vécu le même enfer. Elles ne connaissent peut-être pas autre chose. Peut-être n’ont-elles jamais été capables de se sortir de leur propre enfer.
Quand Dieu nous demande de pardonner, de blanchir, de “trouver des preuves ou des arguments permettant d’innocenter une personne qui avait été accusée à tort d’un crime” c’est sûrement parce qu’Il veut que nous aussi comprenions que nous ne connaissons pas la vie de quelqu’un de façon complète.
Il est le seul qui nous connaît ainsi. Nous ne pouvons donc pas juger nos assaillants car comme Jésus a dit sur la croix : Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.
C’est extrêmement difficile. C’est pour ça que le pardon est un attribut divin. Il est impossible de pardonner sans l’aide divine.
Je ne sais pas vous, amis je suis extrêmement dure avec les gens. J’ai souvent du mal à accepter que les personnes ne voient pas les choses comme moi. Des fois je vois en leurs actes le mal qu’elles veulent me faire. Cela m’arrive souvent de ne pas réussir à pardonner aux personnes pour de petites erreurs. Et cela cause du trouble dans le cœur, qu’on le veuille ou non.
Dieu est là pour prendre ce fardeau. Il nous dit que tout le monde va recevoir sa justice. À sa façon. Pas à notre façon incomplète, qui souvent nous fera plus de mal que de bien.
Le pardon s’adapte à chaque situation
De plus, j’aimerais souligner le fait que oui, le pardon est un commandement assez général. Mais il faut savoir qu’il peut être adapté à chaque situation. Chacun peut pardonner de la façon qui lui convient après avoir longuement parlé avec Dieu. J’ai une autre écriture que j’aimerais paraphraser un peu :
“Et il est impossible que l’homme découvre toutes [les] voies. Et nul n’a connaissance des voies [de Dieu], si cela ne lui est révélé” (Jacob 4:8)
Dieu a un plan pour chacun de nous, et nous devons aller le rechercher auprès de lui. L’invitation que Dieu nous lance dans les écritures est que nous allions le lui demander. Qu’on le prie, qu’on le consulte, qu’on lui dise tout ce que nous avons sur le cœur.
“Consulte le Seigneur dans toutes tes actions, et il te dirigera dans le bien ; oui, lorsque tu te couches le soir, couche-toi dans le Seigneur, afin qu’il veille sur toi dans ton sommeil ; et lorsque tu te lèves le matin, que ton cœur soit plein d’actions de grâces envers Dieu ; et si tu fais ces choses, tu seras élevé au dernier jour.” (Alma 37:37)
Ne jugeons pas trop vite les personnes aptes à pardonner plus facilement que nous. Ces personnes sont capables de passer outre des situations qui sûrement nous prendraient des années à accepter. Mais c’est pas pour autant qu’elles ont tort. Ni que nous avons tort. Nous avons tous des façons différentes de vivre et réagir face à certaines situations.
Invitons simplement tout le monde à demander à Dieu et à le laisser nous répondre.
Remarques de fin
Pour en revenir à mon histoire du début. Pourquoi ai-je besoin de pardonner à la personne qui m’a blessée avec ses mots ? Même si nous avons tous convenu qu’elle a sûrement eu raison de me dire les choses qu’elle a dites.
J’ai besoin de la pardonner pour moi-même, pour me sentir mieux et être en paix. C’est une personne de ma famille, importante. Je ne pourrai jamais éviter toute relation avec cette personne. Si je sens que je ne peux pas passer à autre chose, c’est que je dois pardonner. Le pardon est nécessaire pour toute situation qui nous empêche de nous sentir heureux. Que ce soit à cause d’une petite chose ou d’une chose plus grande.
Et cela était dans mon cas. Mais, comme mentionné plus haut, le pardon se doit aux autres pour que nous puissions nous-mêmes apprendre et progresser. Pour que nous puissions arriver à devenir plus parfaits, comme le Christ. Le pardon nous permet de nous renouveler et d’abandonner le joug qui nous pèse pour prendre celui du Christ.
Et n’oubliez pas :
Ce n’est pas parce que nous pardonnons à quelqu’un que ses actes sont justifiés dans les Cieux. Dieu nous connaît et il sait quel est le meilleur jugement pour nos actes.
Et vous, comment comprenez-vous le pardon ?
Suggéreriez-vous cet article à quelqu’un qui a besoin du pardon dans sa vie ?
Article écrit par Giada, Content Manager chez Foi en Christ.
