Le Meridian Magazine et la Fondation Khor Kharfot se sont rendus avec une équipe internationale d’archéologues, ainsi qu’un géologue et une équipe d’assistants sur le sol du meilleur candidat potentiel pour le pays d’Abondance de Néphi, en avril 2014. C’est la première vague de chercheurs qui ont travaillé pour étudier et comprendre l’histoire archéologique et écologique de cet endroit afin que nous puissions voir plus clairement le contexte dans lequel Néphi a construit son bateau. Ils y ont fait quelques belles découvertes archéologiques.
Maurine Proctor a écrit le contenu et Scot Proctor a pris les photos de cet article.
Néphi a construit son bateau quelque part dans un endroit bien réel du monde. Ce n’est pas une histoire imaginaire dans un endroit flou et fabriqué de toutes pièces. Sa famille a dû se nourrir et construire eux-mêmes un abri, utiliser les plantes locales, cultiver et vivre au milieu d’animaux, d’insectes et de conditions météorologiques qui étaient parfois très rudes. Cependant, il ressort des annales qu’ils étaient loin des autres – des gens ont certainement dû naviguer devant leur pays d’Abondance ou errer par là. Qui étaient ces gens?
Contrairement à la plupart des lieux du Livre de Mormon dont l’identification de site donne lieu à de nombreuses possibilités, la région côtière de l’Arabie qui se trouve directement à l’Est de Nahom n’offre que cinq endroits, pour cet emplacement, qui répondent à certains des critères de Néphi. De ceux-ci Khor Kharfot est le seul qui semble répondre à tous.
Pourquoi faire des recherches à Khor Kharfot ?
Pour étudier cette zone, nous utilisons les normes archéologiques les plus strictes. Nous ne cherchons pas à vérifier l’histoire de Néphi mais à comprendre le contexte et à enrichir notre compréhension d’un événement important. Deux de nos archéologues, le Dr. Carl Phillips et le Dr. Michele Degli Esposti ne sont pas SDJ et en savent très peu sur l’histoire de Néphi. Le Dr. F. Richard Hauck est un chercheur de longue date sur l’archéologie du Livre de Mormon, par conséquent il apporte une certaine vision des choses et de nouvelles questions sur ce projet.
Pour tous, cependant, cet endroit a un intérêt particulier. Il est pratiquement intact ou à peine étudié par les archéologues, et c’est un écosystème unique, si rare que lorsque le Prince Philip d’Angleterre, Duc d’Édimbourg, est venu au sultanat d’Oman, c’est cet endroit qui a été choisi pour le déposer en hélicoptère afin qu’il voie un environnement vierge, riche en vie animale et végétale.
Il n’est pas très grand, de sorte qu’il n’a pas attiré une grande population dans le passé, mais il n’est pas non plus si petit et confiné qu’il y manquait les ressources nécessaires pour nourrir une population d’à peu près deux mille personnes ou plus qui ont pu s’y rendre en plus d’une occupation, puis l’ont quitté et laissé tel qu’il est aujourd’hui. Il disposait certainement des ressources nécessaires pour sustenter la famille de Néphi pendant qu’ils construisaient un bateau assez grand pour les transporter à travers les océans.
Quand Khor Kharfot a-t-il été occupé et à quelle époque les premières personnes ont vécu ici, cela fait partie de ce que nous cherchons à comprendre. Tel que le suggère les annales, la famille de Néphi était seule au pays d’Abondance, la question est la suivante : sont-ils arrivés à un endroit où des constructions avaient déjà été abandonnées, avec des terrains qu’ils pouvaient utiliser? Ou sont-ils arrivés au bord de la mer dans une zone qui n’avait pas encore été épargnée par des habitations humaines durables ?
Le Dr. Hauck a expliqué : “C’est un petit coin de paradis par rapport à la désolation des déserts qui se trouvent entre ici et Jérusalem, et cette famille a eu un répit de 20 fois plus dans cet endroit. C’est merveilleux ici parce qu’ils avaient l’espace de faire la première chose qu’ils étaient venus y faire, construire un bateau sans avoir besoin de se battre avec la population locale pour les ressources à portée de main”.
Les archéologues sont venus à Khor Kharfot pendant huit jours, d’abord pour faire un travail de reconnaissance, regarder et cartographier les grandes traces archéologiques qui parsèment le sol. Il y a de longues et mystérieuses rangées doubles de pierres et une tour dont la raison d’être ne peut être que devinée. Comme ils ont des yeux expérimentés, j’ai demandé au Dr. Hauck ce qu’ils recherchaient?
Le pays d’Abondance de Néphi – Chercher des modèles
Dr. F. Richard Hauck
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=8BgauNnW71s
Après être allés sur le site pendant huit jours, cela nous a seulement laissé le temps d’émettre quelques hypothèses. Jusqu’à ce qu’une pelle soit enfoncée dans le sol, le Dr. Hauck présume qu’autrefois l’embouchure de l’oued Sayq, à Khor Kharfot, était à l’origine une profonde lagune d’eau fraîche sujette aux marées fluctuantes. De nombreuses sources d’eau se sont écoulées le long des parois du canyon avec de grandes quantités d’eau arrivant directement dans la lagune et plus loin jusqu’en mer d’Arabie. Ainsi, à une époque très lointaine, cette lagune a fourni une eau profonde, un port protégé qui attirait la navigation côtière. Il semble que ces sources aient également fourni suffisamment d’eau pour l’agriculture, pour nourrir la population, et qu’on peut distinguer où se trouvaient les champs autrefois.
Pays d’Abondance de Néphi – Agriculture
Dr. F. Richard Hauck
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=jtIHOx6Ejsc
Comme le bras de mer de Khor Kharfot offrait de nombreuses ressources naturelles, y compris de l’eau douce, de l’espace ouvert pour l’agriculture, un large variété d’espèces végétales et animales, et l’accès à la Terre de l’Encens, une petite communauté s’est développée à cet endroit et a grandi au point où elle pouvait réaliser d’importants projets de construction, tels que des systèmes de murs ainsi qu’une tour. Le Dr. Hauck suppose que cette phase d’expansion dynamique se serait produite aux alentours de 2500 et 1800 av. J-C. Ces constructions tiennent toujours mais ont différents stades de conservation.
C’était l’un des pays de la route de l’encens, et ce site aurait pu faire partie de façon mineure au marché économique du monde civilisé de l’époque, avec un lien maritime par rapport au marché des épices. Les navires allaient et venaient le long de cette côte et certains s’y sont arrêtés.
Il devait y avoir d’importants troupeaux de chameaux, contenus dans un corral sur la rive occidentale de l’oued, pour permettre de faciliter le transport le long de cet oued reculé jusqu’au plus haut plateau désertique, faire du commerce et avoir un lien avec les autres populations. Cette évolution dynamique de la vie de ses habitants a probablement pris fin dès 2500 ans avant le début de la période islamique qui a débuté au VIIIème siècle après J-C.
Le Dr. Hauck décrit deux événements naturels progressifs, mais très spécifiques, qui se sont produits sur plusieurs millénaires et qui ont eu un impact direct sur l’occupation humaine et l’industrie de Khor Kharfot. Ces deux événements semblent être liés aux changements climatiques.
La péninsule arabique a fluctué entre des périodes sèches et humides, au fil du temps, et les vents de la mousson ont changé. Ainsi, les sources d’eau qui s’écoulaient autrefois sur les murs, se sont progressivement taries et la lagune de l’oued a drastiquement disparu alors qu’elle était remplie de nombreux dépôts. La communauté de Khor Kharfot a perdu sa viabilité et a été abandonnée, laissant derrière elle des constructions, des champs, des murs et bien plus encore.
Khor Kharfot, a été occupée une deuxième fois par une population islamique, et une grande partie de ce que l’on peut voir ici remonte à cette période.
Telle est l’hypothèse du Dr. Hauck, qui ne reste que cela jusqu’à ce que nous puissions, bien évidemment, creuser et dater. Il dit : “Une partie de la beauté de tout ceci est que l’Écriture prend un nouveau sens : «Et nous arrivâmes au pays que nous appelâmes Abondance à cause de la grande quantité de ses fruits et aussi de son miel sauvage; et toutes ces choses furent préparées par le Seigneur afin que nous ne périssions pas». ” (1 Néphi 17:5)
“Ce que je comprends maintenant,” explique-t-il, “c’est que le passage où le Seigneur a tout préparé pour eux à l’avance, c’était qu’ils sont arrivés dans une région où il y avait déjà des pâturages et des espaces de vie délimités qui, apparemment, étaient inhabitées depuis bien longtemps. Ils pouvaient en gros utiliser ces maisons, constructions, terrains et surfaces agricoles pour vivre et faire pousser les récoltes dont ils avaient besoin. Ils n’ont pas dû construire ou fabriquer autre chose qu’un bateau.
“Dans le fond, il est possible qu’ils aient pu vivre ici sans attirer beaucoup d’attention sur eux parmi les autres cultures qui peuplaient l’Arabie orientale, des cultures qui auraient pu être hostiles envers eux à cette époque-là.”
Les Dr. Phillips et Esposti ont remarqué quelques indications, en particulier des tombes qu’ils croyaient être très anciennes, mais dont de nombreux vestiges archéologiques remontent à l’époque islamique.
Le Dr. Hauck considère cela comme une occupation très ancienne pour de nombreuses raisons, dont il cite quelques-unes ici :
Pays d’Abondance de Néphi – Occupations précédentes à Khor Kharfot
Dr. F. Richard Hauck
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=GXmpOZosqvs
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Cet article a été écrit par Scot et Maurine Proctor, publié sur ldsmag.com et traduit par Nathalie