Par Abby Thorne et traduit par Nathlie de Foi en Christ

La Première Vision a marqué le début du rétablissement de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Dans le Bosquet sacré, à l’âge de 14 ans, Joseph Smith Jr. a vu Dieu et Jésus-Christ et a reçu des réponses à ses prières. Joseph a fait quatre récits de son expérience et chacun est unique. Pourquoi a-t-il écrit plusieurs versions de la Première Vision ? Pourquoi y a-t-il des différences entre ces versions ? Ces différences suggèrent-elles que Joseph a inventé cette expérience ou y a-t-il une explication plus plausible ? Examinons l’histoire, les similitudes et les différences entre ces récits.

La réponse courte :

Il y a plus de similitudes que de différences entre les quatre récits de la Première Vision. Les éléments principaux de cette vision sont toujours les mêmes et les différences sont minimes. Les historiens disent que lorsque des histoires sont racontées au fil du temps et à des personnes différentes dans des circonstances différentes, il y a forcément des différences entre elles. Certains aspects sont mis en avant, d’autres non. En fait, les différences entre les récits de la Première Vision contribuent à confirmer que cette vision a bien eu lieu, car elles montrent que Joseph n’a pas délibérément créé une version mémorisée d’une histoire pour la raconter.

La réponse longue :

Plusieurs récits

Joseph Smith a écrit ou dicté quatre récits de la Première Vision, dont deux n’ont été publiés que dans les années 1960 par des historiens de l’Église. Bien qu’Orson Hyde, Orson Pratt et d’autres contemporains de Joseph aient également écrit de nombreux récits de cette vision, cet article ne se concentre que sur les quatre récits de Joseph.

L’histoire des récits

Le récit de 1832

Le récit de 1832 est le seul à avoir été écrit de la main de Joseph Smith lorsqu’il l’a consigné dans son autobiographie non publiée. Ce récit met l’accent sur la culpabilité de Joseph à cause de ses péchés, sur la difficulté de trouver une église comme celle de la Bible et sur la joie qu’il a ressenti lorsque le Christ lui a pardonné.

Le récit de 1835

Le secrétaire de Joseph, Warren Parish, a transcrit le récit de 1835 dans le journal de Joseph, tel que Joseph l’a raconté à Robert Matthews à Kirtland (Ohio). Ce récit traite de la recherche par Joseph d’une véritable église, des ténèbres qui l’oppressaient lors de sa prière, de la vision, du pardon de ses péchés et de l’apparition de nombreux anges.

Le récit de 1838

Joseph a dicté le récit de 1838 pour qu’il soit publié dans le Times and Seasons, un journal que l’Église imprimait lorsqu’elle était établie à Nauvoo (Illinois).  Les membres de l’Église connaissent davantage ce récit de la Première Vision que les autres, puisqu’il a ensuite été intégré à la Perle de Grand Prix sous le titre de Joseph Smith, Histoire. Il se concentre sur la vision comme étant le point central du début du rétablissement de l’Église, car il n’y avait pas d’église correcte sur la Terre à ce moment-là.

Le récit de 1842

Le récit de 1842 a été consigné dans ce qui est devenu la Lettre à Wentworth. John Wentworth, rédacteur en chef du Chicago Democrat, a reçu cette lettre après avoir demandé à Joseph des informations sur l’Église. Cette lettre comprenait également les Articles de Foi et elle a plus tard été publiée dans le Times and Seasons et dans un chapitre du livre He Pasa Ekklesia. Ce récit traite brièvement de la recherche d’une Église par Joseph, de la vision et de la façon dont Dieu et le Christ ont dit à Joseph qu’il n’y avait pas d’Église sur la Terre qui détenait toute la vérité.

Comparaison des récits

La ferveur religieuse

Les similitudes

Les récits de 1838 et 1842 mettent fortement l’accent sur l’agitation religieuse dans certaines régions de l’État de New York, également connues sous le nom de « Burned-over District » (NdT : district incendié). Dans le récit de 1838, Joseph décrit cette querelle entre églises comme « une grande confusion et de mauvais sentiments […] une lutte d’opinions ». De nombreux membres de sa famille se sont joints aux presbytériens, tandis que Joseph a exploré plusieurs églises, se sentant attiré par les méthodistes.

Les différences

Les récits de 1832 et 1835 ne mentionnent pas explicitement la ferveur religieuse qui régnait à l’époque.

Pourquoi sont-ils différents ?

Joseph laisse fortement entendre la présence d’une ferveur religieuse à travers ses sentiments et ses questions sur la religion. Dans le récit de 1835, il exprime sa confusion quant à savoir quelle religion était la bonne. Dans le récit de 1832, il dit qu’il ne pensait pas que les églises de son époque étaient les mêmes que celle que l’on trouve dans le Nouveau Testament, déclarant que :

Je fus amené à m’étonner grandement, car je découvris qu’elles [les différentes dénominations religieuses] ne vivaient pas à la hauteur de ce qu’elles prêchaient et que je trouvais dans les Écritures sacrées [la Bible].

Toujours dans le récit de 1832, il dit qu’il a prié Dieu : « parce qu’il n’y avait personne d’autre vers qui je pouvais aller ». La question de Joseph au sujet d’une église correcte est l’une des raisons pour lesquelles il a commencé à rechercher la vérité dans les Écritures et à se demander si une église identique à celle du Christ dans la Bible existait à son époque. Si l’on revient au récit de 1842, on peut constater sa confusion lorsqu’il dit : 

Si Dieu avait une Église, elle ne serait pas divisée en factions, et s’il enseignait à une société de pratiquer un culte et d’administrer un ensemble d’ordonnances, il n’enseignerait pas à une autre des principes diamétralement opposés.

Le contexte joue également un rôle important. En 1832, Joseph Smith n’avait quitté l’État de New York que depuis peu et n’avait peut-être pas pris en compte le contexte pour que l’on comprenne son récit. En revanche, dans les récits ultérieurs, Joseph s’est rendu compte que le contexte serait inconnu de son public. Le récit de 1835, quant à lui, a été raconté à Robert Matthews, originaire de l’État de New York.

« Le bien-être de mon âme immortelle »

Similitudes

Une autre raison qui a poussé Joseph à chercher des réponses dans les Écritures était son inquiétude pour son âme. Dans le récit de 1832, il dit qu’à l’âge de 12 ans, il a été impressionné par « les préoccupations primordiales pour le bien-être de mon âme immortelle » et exprime plus tard sa détresse face à ses péchés et aux maux du monde.

Ce récit mentionne également que lorsque Joseph s’est rendu dans le Bosquet pour prier, il a « imploré la miséricorde du Seigneur ». Dans le récit de 1835, lorsqu’il parle de son désarroi face aux nombreuses religions, il fait le lien avec les « conséquences éternelles ». Joseph s’inquiétait pour son âme et voulait savoir quelle Église était correcte, afin d’être pardonné pour ses erreurs.

Différences

Alors que Joseph parle de son inquiétude pour son âme dans les deux premiers récits, il n’en parle ni dans le récit de 1838 ni dans celui de 1842.

Pourquoi sont-ils différents ?

Lors d’une interview, Richard Bushman, historien connu pour son livre Joseph Smith : Rough Stone Rolling, explique :

Le récit de 1838 pose réellement les bases de l’organisation de l’Église.  Il dit que c’est ainsi que tout a commencé.  L’accent est donc mis sur le fait qu’« aucune des Églises n’est vraie ».  C’est pourquoi une nouvelle Église doit être établie.

Cela contraste avec les récits de 1832 et 1835, qui sont de nature plus personnelle. Les objectifs différents de ces récits expliquent ce changement d’orientation.

Recherche dans les Écritures

Similitudes

Les quatre récits mentionnent que Joseph a cherché des réponses à ses questions dans les Écritures. Dans le récit de 1832, il remarque que les églises de son époque ne ressemblaient pas à celle du Nouveau Testament. Il dit aussi qu’il a cherché dans les Écritures parce qu’il savait que c’étaient la parole de Dieu et que Dieu avait créé toutes choses et gouvernait sur elles, étant « le même hier, aujourd’hui et éternellement. »

Dans le récit de 1835, Joseph cite les Écritures qui l’ont incité à prier. Bien évidemment, il cite des passages de Jacques 1:5-6 qui dit : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu », mais il cite aussi Matthieu 7:7 et Luc 11:9 qui disent : « frappez, et l’on vous ouvrira. » Il mentionne à nouveau l’influence de Jacques 1:5-6 dans ces deux derniers récits.

Différences

Les différences concernant sa recherche dans les Écritures ne concernent que le degré de détail : des références moins détaillées à la recherche dans les Écritures dans le récit de 1832, aux références plus détaillées des trois Écritures particulières dans le récit de 1835.

Présence de Satan

Similitudes

Joseph ne parle de la présence ténébreuse de Satan que dans les récits de 1835 et 1838. Dans ce dernier, il décrit comment les ténèbres lui ont lié la langue et qu’il avait l’impression qu’elles allaient le détruire jusqu’à ce qu’il parvienne à appeler Dieu pour le délivrer. Le récit de 1835 indique également que la langue de Joseph était liée, et il inclut le détail selon lequel Joseph a entendu quelqu’un marcher vers lui. Lorsqu’il s’est retourné pour regarder, il n’y avait personne, alors il s’est ragenouillé et a commencé à prier.

Différences

Les récits de 1832 et 1842 ne mentionnent pas la présence de Satan.

Pourquoi sont-ils différents ?

Peut-être que Joseph ne voulait pas que ce détail devienne le point de mire du récit de sa vision lorsqu’il l’a écrit ces deux années-là. Cette vision ne concerne pas Satan et son influence maléfique, mais elle concerne l’apparition de Dieu et du Christ et leur message de vérité. L’élément de la présence de Satan pourrait être considéré comme plus importante par rapport à l’élément principal de la vision.

Bien sûr, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude pourquoi Joseph n’a pas mentionné ce détail dans d’autres récits, mais cela n’est pas la preuve que cette vision est fausse. Après tout, nous attendons-nous à ce que Joseph mentionne tous les détails de la vision chaque fois qu’il la raconte ? Marvin S. Hill, dans son article The First Vision Controversy : A Critique and Reconciliation (NdT : en anglais uniquement), suggère que « c’est de la folie d’essayer d’expliquer chaque changement dans les récits de cette vision comme étant le résultat des efforts calculés de Joseph pour fabriquer une histoire convaincante. »

Un ou deux personnages ?

Similitudes

Les récits de 1835, 1838 et 1842 indiquent tous clairement que Joseph a vu deux êtres descendre du ciel. Bien que le récit de 1842 ne dise pas vraiment qui ils sont, celui de 1835 nous indique que l’un des personnages dit qu’il est le Christ et celui de 1838 que l’un des personnages désigne l’autre comme son fils, Jésus-Christ.

Différences

D’après la formulation du récit de 1832, il semble qu’un seul personnage soit apparu à Joseph. Dans ce récit, ce personnage, appelé « le Seigneur », est Jésus-Christ puisqu’il parle à Joseph de sa crucifixion et du fait que c’est par lui seul que l’on accède à la vie éternelle. Mais pourquoi ce récit ne mentionne-t-il pas également l’apparition de Dieu dans le Bosquet sacré ?

Pourquoi sont-ils différents ?

Le site ChurchofJesusChrist.org propose deux théories susceptibles de dissiper la confusion qu’il pourrait y avoir à ce sujet. La première, c’est que Joseph a simplement mis l’accent sur le Christ dans ce récit puisque c’est lui qui a transmis le message à Joseph. L’autre théorie considère que lorsque Joseph utilise le terme « le Seigneur », il se réfère à la fois à Dieu et au Christ. Cette hypothèse est étayée par le fait qu’il dit que le Seigneur a ouvert les cieux et qu’il a ensuite vu le Seigneur, ce qui concorde avec le récit de 1835 qui indique que Joseph a vu une personne, suivie d’une autre.

Les anges

Similitudes

Les récits de 1832, 1838 et 1842 ne mentionnent que deux personnages célestes dans la Première Vision.

Différences

Le récit de 1835 est le seul qui mentionne la présence de nombreux anges dans cette vision. Bien que le récit de 1832 dise que le Seigneur a ouvert les cieux, il n’affirme pas directement que Joseph a vu d’autres anges.

Pourquoi sont-ils différents ?

Pourquoi les anges n’ont-ils été mentionnés que dans le récit de 1835 et pas dans les autres ? Il est certainement possible qu’en raison de la place centrale accordée à Dieu et à l’apparition de Jésus-Christ, Joseph n’ait tout simplement pas ressenti le besoin d’écrire au sujet des anges.

Jeff Lindsay, dans son article LDS FAQ: Mormon Answers “Joseph Smith and His Accounts of the First Vision: Fatal Contradictions?” (NdT : en anglais uniquement) suggère que « le fait d’omettre certains détails et d’en souligner d’autres à différents moments ne fait pas de [Joseph Smith] un menteur. »

D’autres ont suggéré l’idée que Joseph faisait référence à Dieu et au Christ en tant qu’anges. Plus tard, dans son journal de 1835, il qualifie la vision d’« apparitions d’anges. »

Il convient également de noter que la Première Vision était une expérience sacrée et que Joseph n’a peut-être pas voulu faire part publiquement de certains détails. On trouve souvent dans les Écritures des exemples de prophètes à qui il est interdit de partager certains détails de leur vision céleste (1 Néphi 14:28).

Les messages de la Première Vision

Similitudes

Dans les récits de 1838 et de 1842, le Christ dit que toutes les églises sont dans l’erreur et que Joseph ne devrait se joindre à aucune d’entre elles. Le récit de 1842 ajoute que le Christ explique que la plénitude de l’Évangile serait rétablie et portée à la connaissance de Joseph.

Différences

Dans les récits de 1832 et 1835, le message que le Christ transmet à Joseph, c’est que ses péchés lui sont pardonnés. Ces deux récits décrivent également que son inquiétude au sujet de son âme était l’une des raisons principales pour lesquelles il était allé prier dans le bosquet.

Pourquoi sont-ils différents ?

Les différences entre ces deux récits sont probablement dues au fait que Joseph voulait se concentrer sur les personnes pour lesquelles il a écrit ces récits. Les deux premiers récits n’ont pas été publiés du vivant de Joseph et sont plus personnels, car ils font partie de son autobiographie et de son journal personnel. Les récits de 1838 et de 1842 ont tous deux été publiés de son vivant, et il serait donc logique que le message qui y figure concerne la véritable Église plutôt que le pardon des péchés de Joseph.

Examen plus approfondi des différences

Embellissements

Une question concernant les différences entre les récits suggère l’idée que Joseph a embelli l’histoire au fil du temps pour la rendre plus dramatique. Ces embellissements pourraient inclure des détails supplémentaires tels que la présence de Satan, les anges et le message selon lequel il n’y avait pas de véritable église.

En ce qui concerne les embellissements, je n’ai qu’une seule question à poser. Pourquoi Joseph embellirait-il une expérience telle que Dieu et le Christ lui apparaissant dans une vision ? Une telle expérience n’a pas besoin d’être embellie.

L’historien, Steven C. Harper, dans A Seeker’s Guide to the Historical Accounts of Joseph Smith’s First Vision (NdT : en anglais uniquement), contredit cette idée d’embellissement en expliquant que « même les récits postérieurs [à celui de 1838] ne sont pas plus longs, plus détaillés ou plus élaborés. Au contraire, ces récits ressemblent de plus en plus aux récits antérieurs de Joseph qui sont moins développés. »

Si vous vous souvenez bien, le dernier récit de Joseph (celui de 1842) ne mentionne pas les détails de la présence de Satan qui fait partie des récits précédents, aucun des deux derniers récits ne mentionne les anges et le seul récit qui mentionne les anges n’a pas été publié. Ce schéma ne suggère pas une tendance à l’embellissement, mais plutôt au choix des détails.

Contradictions

Certaines des différences entre les récits sont-elles des contradictions directes ? Le cas échéant, ces contradictions prouvent-elles que Joseph ait inventé la Première Vision ? Certains disent que la combinaison des récits nous donne une histoire harmonieuse (eldenwatson.net) tandis que d’autres expliquent que même s’il y a des contradictions, elles ne doivent pas nous faire douter de la véracité de la vision dans son ensemble (article de Hill).

Un exemple de ces contradictions se trouve dans le récit de 1832, lorsque Joseph dit qu’il ne croyait pas qu’il y avait une église qui était dans la vérité sur la Terre avant de prier, alors que dans celui de 1838, il dit qu’« il ne m’était jamais venu à l’esprit que toutes [les Églises] étaient fausses. »

John A. Tvedtnes, dans son article Mormon Interpreter “Variants in the Stories of the First Vision of Joseph Smith and the Apostle Paul (NdT : en anglais uniquement), propose une théorie pour expliquer cette contradiction, disant que Joseph s’est simplement vu confirmer, par Dieu, ses pensées qu’aucune église vraie n’existait sur la terre :

Si son opinion était déjà arrêtée et qu’il avait simplement besoin d’une confirmation, cela correspond au modèle décrit dans D&A 9:8, où le Seigneur dit : « Tu dois l’étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si c’est juste. »

De telles contradictions peuvent également être une question de mémoire ; Joseph était humain après tout. Le feu Roger Shattuck, spécialiste de la nature de la mémoire, explique que « le simple fait de se souvenir de quelque chose n’a aucun sens si l’image remémorée n’est pas associée à un moment du présent. » Shattuck suggère que les petits changements dans les souvenirs sont plus probablement le résultat de ce qui déclenche ce souvenir dans le présent plutôt que d’une invention à grande échelle.

Conclusion

Faut-il s’inquiéter des différences ?

Les preuves disponibles suggèrent que la Première Vision a eu lieu en tant qu’événement historique. Et les raisons les plus probables des différences entre les récits ne sont pas que l’histoire a été inventée. Les mêmes éléments fondamentaux de la vision ne changent pas d’un récit à l’autre et les différences sont tellement minimes qu’elles ne suggèrent pas une histoire inventée.

Pourquoi y a-t-il des différences entre les récits ? Le site ChurchofJesusChrist.org explique que « les historiens s’attendent à ce que, lorsqu’un individu raconte une expérience dans des contextes différents à des publics différents pendant de nombreuses années, chaque récit mette l’accent sur divers aspects de cette expérience et contienne des détails uniques. »

Stephen Prothero, un auteur cité dans Joseph Smith’s First Vision/Accounts (NdT : en anglais uniquement) sur le site Fair Mormon, ajoute une déclaration similaire lorsqu’il se réfère aux récits, en disant : 

Tout bon juriste s’attend à trouver des contradictions ou des différences dans des récits écrits à des années d’intervalle et des décennies après l’événement. Et malgré les contradictions, des éléments clés demeurent.

Alors, que penser des récits de Joseph qui présentent quelques différences ? Nous observons le même phénomène dans les Écritures. L’apôtre Paul a également fait plusieurs récits de sa vision du Christ, écrits à différentes périodes de sa vie (Actes 9:1-30 ; Actes 22:5-21 ; Actes 26:12-20 ; Galates 1:11-24). Ces récits présentent de légères différences dans les détails, tout comme ceux de Joseph, mais peu de gens se demandent si Paul n’a pas menti.

Comment les différences sont favorables à la première vision

Se pourrait-il que les différences entre les récits confirment que la Première Vision s’est bien produite ? Les différences sont naturelles dans toute histoire racontée au fil du temps et dans des circonstances différentes. Si la vision comportait exactement les mêmes détails à chaque fois qu’elle était racontée, ce ne serait pas naturel. Il semblerait que les différences appuient la véracité de la Première Vision plutôt que de l’affaiblir. Elles démontrent à quel point Joseph était honnête et humain.

Richard Bushman soutient l’idée que les différences contribuent à prouver la véracité de la Première Vision. Dans son article Joseph Smith’s Recitals of the First Vision (NdT : en anglais uniquement), il affirme que :

L’existence de ces différents récits contribue à soutenir, d’une manière importante, l’intégrité de ce prophète saint des derniers jours. Elle indique que Joseph n’a pas délibérément créé une version mémorisée qu’il a racontée à tout le monde. Dans le domaine juridique, les avocats et les juges reconnaissent que si un témoin répète un incident en utilisant exactement le même langage, le tribunal peut contester la validité de cette déclaration.

Les différences entre les récits peuvent en fait être bénéfiques car elles nous donnent l’occasion d’en apprendre davantage sur la Première Vision. Dans son article intitulé Approaching the First Vision Saga (NdT : en anglais uniquement), Stephen C. Taysom cite James Allen et John Welch de leur livre Opening the Heavens : Accounts of Divine Manifestations : « Aucun récit unique ne raconte toute l’histoire. » Les différences aident à raconter l’histoire de la Première Vision à ceux qui souhaitent avoir une vue d’ensemble de l’expérience de Joseph.

Autres réflexions sur les récits

D’autres ont exprimé le sentiment de sincérité et de vérité qui se dégage des écrits de Joseph. Lorsque l’érudit britannique, Arthur Henry King (qui deviendra plus tard membre de l’Église), a lu pour la première fois le récit de 1838 qui constitue aujourd’hui Joseph Smith – Histoire, il a été impressionné par l’honnêteté de Joseph :

C’est la prose de quelqu’un qui essaie de dire les choses telles qu’elles sont, qui consacre toutes ses facultés à exprimer la vérité et ne pense à rien d’autre […] il ne prend pas la pose, il est simplement lui-même.

Le président, Gordon B. Hinckley, a écrit dans Ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné :

Je ne me demande pas si le prophète Joseph Smith a donné plusieurs versions de la Première Vision, et cela ne me soucie pas plus que le fait qu’il y ait quatre auteurs différents pour les Évangiles dans le Nouveau Testament, chacun ayant sa façon de voir et racontant les événements en fonction de l’objectif qu’il avait lorsqu’il a écrit à cette époque.

Comme vous pouvez le constater, après cette étude des preuves, beaucoup d’éléments confirment la réalité de la Première Vision. Joseph a demandé des réponses et il les a reçues par l’intermédiaire de Dieu et de son fils, Jésus-Christ. Les différences de formulation, de description et de détail donnent l’image d’un homme racontant un événement vécu plutôt que d’une invention, et elles ne peuvent rien enlever à la véracité de la Première Vision et de l’Évangile éternel du Christ.

Pour plus de renseignements, consultez les sources suivantes :

Par Abby Thorne

La Première Vision a marqué le début du rétablissement de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Dans le Bosquet sacré, à l’âge de 14 ans, Joseph Smith Jr. a vu Dieu et Jésus-Christ et a reçu des réponses à ses prières. Joseph a fait quatre récits de son expérience et chacun est unique. Pourquoi a-t-il écrit plusieurs versions de la Première Vision ? Pourquoi y a-t-il des différences entre ces versions ? Ces différences suggèrent-elles que Joseph a inventé cette expérience ou y a-t-il une explication plus plausible ? Examinons l’histoire, les similitudes et les différences entre ces récits.

La réponse courte :

Il y a plus de similitudes que de différences entre les quatre récits de la Première Vision. Les éléments principaux de cette vision sont toujours les mêmes et les différences sont minimes. Les historiens disent que lorsque des histoires sont racontées au fil du temps et à des personnes différentes dans des circonstances différentes, il y a forcément des différences entre elles. Certains aspects sont mis en avant, d’autres non. En fait, les différences entre les récits de la Première Vision contribuent à confirmer que cette vision a bien eu lieu, car elles montrent que Joseph n’a pas délibérément créé une version mémorisée d’une histoire pour la raconter.

La réponse longue :

Plusieurs récits

Joseph Smith a écrit ou dicté quatre récits de la Première Vision, dont deux n’ont été publiés que dans les années 1960 par des historiens de l’Église. Bien qu’Orson Hyde, Orson Pratt et d’autres contemporains de Joseph aient également écrit de nombreux récits de cette vision, cet article ne se concentre que sur les quatre récits de Joseph.

L’histoire des récits

Le récit de 1832

Le récit de 1832 est le seul à avoir été écrit de la main de Joseph Smith lorsqu’il l’a consigné dans son autobiographie non publiée. Ce récit met l’accent sur la culpabilité de Joseph à cause de ses péchés, sur la difficulté de trouver une église comme celle de la Bible et sur la joie qu’il a ressenti lorsque le Christ lui a pardonné.

Le récit de 1835

Le secrétaire de Joseph, Warren Parish, a transcrit le récit de 1835 dans le journal de Joseph, tel que Joseph l’a raconté à Robert Matthews à Kirtland (Ohio). Ce récit traite de la recherche par Joseph d’une véritable église, des ténèbres qui l’oppressaient lors de sa prière, de la vision, du pardon de ses péchés et de l’apparition de nombreux anges.

Le récit de 1838

Joseph a dicté le récit de 1838 pour qu’il soit publié dans le Times and Seasons, un journal que l’Église imprimait lorsqu’elle était établie à Nauvoo (Illinois).  Les membres de l’Église connaissent davantage ce récit de la Première Vision que les autres, puisqu’il a ensuite été intégré à la Perle de Grand Prix sous le titre de Joseph Smith, Histoire. Il se concentre sur la vision comme étant le point central du début du rétablissement de l’Église, car il n’y avait pas d’église correcte sur la Terre à ce moment-là.

Le récit de 1842

Le récit de 1842 a été consigné dans ce qui est devenu la Lettre à Wentworth. John Wentworth, rédacteur en chef du Chicago Democrat, a reçu cette lettre après avoir demandé à Joseph des informations sur l’Église. Cette lettre comprenait également les Articles de Foi et elle a plus tard été publiée dans le Times and Seasons et dans un chapitre du livre He Pasa Ekklesia. Ce récit traite brièvement de la recherche d’une Église par Joseph, de la vision et de la façon dont Dieu et le Christ ont dit à Joseph qu’il n’y avait pas d’Église sur la Terre qui détenait toute la vérité.

Comparaison des récits

La ferveur religieuse

Les similitudes

Les récits de 1838 et 1842 mettent fortement l’accent sur l’agitation religieuse dans certaines régions de l’État de New York, également connues sous le nom de « Burned-over District » (NdT : district incendié). Dans le récit de 1838, Joseph décrit cette querelle entre églises comme « une grande confusion et de mauvais sentiments […] une lutte d’opinions ». De nombreux membres de sa famille se sont joints aux presbytériens, tandis que Joseph a exploré plusieurs églises, se sentant attiré par les méthodistes.

Les différences

Les récits de 1832 et 1835 ne mentionnent pas explicitement la ferveur religieuse qui régnait à l’époque.

Pourquoi sont-ils différents ?

Joseph laisse fortement entendre la présence d’une ferveur religieuse à travers ses sentiments et ses questions sur la religion. Dans le récit de 1835, il exprime sa confusion quant à savoir quelle religion était la bonne. Dans le récit de 1832, il dit qu’il ne pensait pas que les églises de son époque étaient les mêmes que celle que l’on trouve dans le Nouveau Testament, déclarant que :

Je fus amené à m’étonner grandement, car je découvris qu’elles [les différentes dénominations religieuses] ne vivaient pas à la hauteur de ce qu’elles prêchaient et que je trouvais dans les Écritures sacrées [la Bible].

Toujours dans le récit de 1832, il dit qu’il a prié Dieu : « parce qu’il n’y avait personne d’autre vers qui je pouvais aller ». La question de Joseph au sujet d’une église correcte est l’une des raisons pour lesquelles il a commencé à rechercher la vérité dans les Écritures et à se demander si une église identique à celle du Christ dans la Bible existait à son époque. Si l’on revient au récit de 1842, on peut constater sa confusion lorsqu’il dit : 

Si Dieu avait une Église, elle ne serait pas divisée en factions, et s’il enseignait à une société de pratiquer un culte et d’administrer un ensemble d’ordonnances, il n’enseignerait pas à une autre des principes diamétralement opposés.

Le contexte joue également un rôle important. En 1832, Joseph Smith n’avait quitté l’État de New York que depuis peu et n’avait peut-être pas pris en compte le contexte pour que l’on comprenne son récit. En revanche, dans les récits ultérieurs, Joseph s’est rendu compte que le contexte serait inconnu de son public. Le récit de 1835, quant à lui, a été raconté à Robert Matthews, originaire de l’État de New York.

« Le bien-être de mon âme immortelle »

Similitudes

Une autre raison qui a poussé Joseph à chercher des réponses dans les Écritures était son inquiétude pour son âme. Dans le récit de 1832, il dit qu’à l’âge de 12 ans, il a été impressionné par « les préoccupations primordiales pour le bien-être de mon âme immortelle » et exprime plus tard sa détresse face à ses péchés et aux maux du monde.

Ce récit mentionne également que lorsque Joseph s’est rendu dans le Bosquet pour prier, il a « imploré la miséricorde du Seigneur ». Dans le récit de 1835, lorsqu’il parle de son désarroi face aux nombreuses religions, il fait le lien avec les « conséquences éternelles ». Joseph s’inquiétait pour son âme et voulait savoir quelle Église était correcte, afin d’être pardonné pour ses erreurs.

Différences

Alors que Joseph parle de son inquiétude pour son âme dans les deux premiers récits, il n’en parle ni dans le récit de 1838 ni dans celui de 1842.

Pourquoi sont-ils différents ?

Lors d’une interview, Richard Bushman, historien connu pour son livre Joseph Smith : Rough Stone Rolling, explique :

Le récit de 1838 pose réellement les bases de l’organisation de l’Église.  Il dit que c’est ainsi que tout a commencé.  L’accent est donc mis sur le fait qu’« aucune des Églises n’est vraie ».  C’est pourquoi une nouvelle Église doit être établie.

Cela contraste avec les récits de 1832 et 1835, qui sont de nature plus personnelle. Les objectifs différents de ces récits expliquent ce changement d’orientation.

Recherche dans les Écritures

Similitudes

Les quatre récits mentionnent que Joseph a cherché des réponses à ses questions dans les Écritures. Dans le récit de 1832, il remarque que les églises de son époque ne ressemblaient pas à celle du Nouveau Testament. Il dit aussi qu’il a cherché dans les Écritures parce qu’il savait que c’étaient la parole de Dieu et que Dieu avait créé toutes choses et gouvernait sur elles, étant « le même hier, aujourd’hui et éternellement. »

Dans le récit de 1835, Joseph cite les Écritures qui l’ont incité à prier. Bien évidemment, il cite des passages de Jacques 1:5-6 qui dit : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu », mais il cite aussi Matthieu 7:7 et Luc 11:9 qui disent : « frappez, et l’on vous ouvrira. » Il mentionne à nouveau l’influence de Jacques 1:5-6 dans ces deux derniers récits.

Différences

Les différences concernant sa recherche dans les Écritures ne concernent que le degré de détail : des références moins détaillées à la recherche dans les Écritures dans le récit de 1832, aux références plus détaillées des trois Écritures particulières dans le récit de 1835.

Présence de Satan

Similitudes

Joseph ne parle de la présence ténébreuse de Satan que dans les récits de 1835 et 1838. Dans ce dernier, il décrit comment les ténèbres lui ont lié la langue et qu’il avait l’impression qu’elles allaient le détruire jusqu’à ce qu’il parvienne à appeler Dieu pour le délivrer. Le récit de 1835 indique également que la langue de Joseph était liée, et il inclut le détail selon lequel Joseph a entendu quelqu’un marcher vers lui. Lorsqu’il s’est retourné pour regarder, il n’y avait personne, alors il s’est ragenouillé et a commencé à prier.

Différences

Les récits de 1832 et 1842 ne mentionnent pas la présence de Satan.

Pourquoi sont-ils différents ?

Peut-être que Joseph ne voulait pas que ce détail devienne le point de mire du récit de sa vision lorsqu’il l’a écrit ces deux années-là. Cette vision ne concerne pas Satan et son influence maléfique, mais elle concerne l’apparition de Dieu et du Christ et leur message de vérité. L’élément de la présence de Satan pourrait être considéré comme plus importante par rapport à l’élément principal de la vision.

Bien sûr, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude pourquoi Joseph n’a pas mentionné ce détail dans d’autres récits, mais cela n’est pas la preuve que cette vision est fausse. Après tout, nous attendons-nous à ce que Joseph mentionne tous les détails de la vision chaque fois qu’il la raconte ? Marvin S. Hill, dans son article The First Vision Controversy : A Critique and Reconciliation (NdT : en anglais uniquement), suggère que « c’est de la folie d’essayer d’expliquer chaque changement dans les récits de cette vision comme étant le résultat des efforts calculés de Joseph pour fabriquer une histoire convaincante. »

Un ou deux personnages ?

Similitudes

Les récits de 1835, 1838 et 1842 indiquent tous clairement que Joseph a vu deux êtres descendre du ciel. Bien que le récit de 1842 ne dise pas vraiment qui ils sont, celui de 1835 nous indique que l’un des personnages dit qu’il est le Christ et celui de 1838 que l’un des personnages désigne l’autre comme son fils, Jésus-Christ.

Différences

D’après la formulation du récit de 1832, il semble qu’un seul personnage soit apparu à Joseph. Dans ce récit, ce personnage, appelé « le Seigneur », est Jésus-Christ puisqu’il parle à Joseph de sa crucifixion et du fait que c’est par lui seul que l’on accède à la vie éternelle. Mais pourquoi ce récit ne mentionne-t-il pas également l’apparition de Dieu dans le Bosquet sacré ?

Pourquoi sont-ils différents ?

Le site ChurchofJesusChrist.org propose deux théories susceptibles de dissiper la confusion qu’il pourrait y avoir à ce sujet. La première, c’est que Joseph a simplement mis l’accent sur le Christ dans ce récit puisque c’est lui qui a transmis le message à Joseph. L’autre théorie considère que lorsque Joseph utilise le terme « le Seigneur », il se réfère à la fois à Dieu et au Christ. Cette hypothèse est étayée par le fait qu’il dit que le Seigneur a ouvert les cieux et qu’il a ensuite vu le Seigneur, ce qui concorde avec le récit de 1835 qui indique que Joseph a vu une personne, suivie d’une autre.

Les anges

Similitudes

Les récits de 1832, 1838 et 1842 ne mentionnent que deux personnages célestes dans la Première Vision.

Différences

Le récit de 1835 est le seul qui mentionne la présence de nombreux anges dans cette vision. Bien que le récit de 1832 dise que le Seigneur a ouvert les cieux, il n’affirme pas directement que Joseph a vu d’autres anges.

Pourquoi sont-ils différents ?

Pourquoi les anges n’ont-ils été mentionnés que dans le récit de 1835 et pas dans les autres ? Il est certainement possible qu’en raison de la place centrale accordée à Dieu et à l’apparition de Jésus-Christ, Joseph n’ait tout simplement pas ressenti le besoin d’écrire au sujet des anges.

Jeff Lindsay, dans son article LDS FAQ: Mormon Answers “Joseph Smith and His Accounts of the First Vision: Fatal Contradictions?” (NdT : en anglais uniquement) suggère que « le fait d’omettre certains détails et d’en souligner d’autres à différents moments ne fait pas de [Joseph Smith] un menteur. »

D’autres ont suggéré l’idée que Joseph faisait référence à Dieu et au Christ en tant qu’anges. Plus tard, dans son journal de 1835, il qualifie la vision d’« apparitions d’anges. »

Il convient également de noter que la Première Vision était une expérience sacrée et que Joseph n’a peut-être pas voulu faire part publiquement de certains détails. On trouve souvent dans les Écritures des exemples de prophètes à qui il est interdit de partager certains détails de leur vision céleste (1 Néphi 14:28).

Les messages de la Première Vision

Similitudes

Dans les récits de 1838 et de 1842, le Christ dit que toutes les églises sont dans l’erreur et que Joseph ne devrait se joindre à aucune d’entre elles. Le récit de 1842 ajoute que le Christ explique que la plénitude de l’Évangile serait rétablie et portée à la connaissance de Joseph.

Différences

Dans les récits de 1832 et 1835, le message que le Christ transmet à Joseph, c’est que ses péchés lui sont pardonnés. Ces deux récits décrivent également que son inquiétude au sujet de son âme était l’une des raisons principales pour lesquelles il était allé prier dans le bosquet.

Pourquoi sont-ils différents ?

Les différences entre ces deux récits sont probablement dues au fait que Joseph voulait se concentrer sur les personnes pour lesquelles il a écrit ces récits. Les deux premiers récits n’ont pas été publiés du vivant de Joseph et sont plus personnels, car ils font partie de son autobiographie et de son journal personnel. Les récits de 1838 et de 1842 ont tous deux été publiés de son vivant, et il serait donc logique que le message qui y figure concerne la véritable Église plutôt que le pardon des péchés de Joseph.

Examen plus approfondi des différences

Embellissements

Une question concernant les différences entre les récits suggère l’idée que Joseph a embelli l’histoire au fil du temps pour la rendre plus dramatique. Ces embellissements pourraient inclure des détails supplémentaires tels que la présence de Satan, les anges et le message selon lequel il n’y avait pas de véritable église.

En ce qui concerne les embellissements, je n’ai qu’une seule question à poser. Pourquoi Joseph embellirait-il une expérience telle que Dieu et le Christ lui apparaissant dans une vision ? Une telle expérience n’a pas besoin d’être embellie.

L’historien, Steven C. Harper, dans A Seeker’s Guide to the Historical Accounts of Joseph Smith’s First Vision (NdT : en anglais uniquement), contredit cette idée d’embellissement en expliquant que « même les récits postérieurs [à celui de 1838] ne sont pas plus longs, plus détaillés ou plus élaborés. Au contraire, ces récits ressemblent de plus en plus aux récits antérieurs de Joseph qui sont moins développés. »

Si vous vous souvenez bien, le dernier récit de Joseph (celui de 1842) ne mentionne pas les détails de la présence de Satan qui fait partie des récits précédents, aucun des deux derniers récits ne mentionne les anges et le seul récit qui mentionne les anges n’a pas été publié. Ce schéma ne suggère pas une tendance à l’embellissement, mais plutôt au choix des détails.

Contradictions

Certaines des différences entre les récits sont-elles des contradictions directes ? Le cas échéant, ces contradictions prouvent-elles que Joseph ait inventé la Première Vision ? Certains disent que la combinaison des récits nous donne une histoire harmonieuse (eldenwatson.net) tandis que d’autres expliquent que même s’il y a des contradictions, elles ne doivent pas nous faire douter de la véracité de la vision dans son ensemble (article de Hill).

Un exemple de ces contradictions se trouve dans le récit de 1832, lorsque Joseph dit qu’il ne croyait pas qu’il y avait une église qui était dans la vérité sur la Terre avant de prier, alors que dans celui de 1838, il dit qu’« il ne m’était jamais venu à l’esprit que toutes [les Églises] étaient fausses. »

John A. Tvedtnes, dans son article Mormon Interpreter “Variants in the Stories of the First Vision of Joseph Smith and the Apostle Paul (NdT : en anglais uniquement), propose une théorie pour expliquer cette contradiction, disant que Joseph s’est simplement vu confirmer, par Dieu, ses pensées qu’aucune église vraie n’existait sur la terre :

Si son opinion était déjà arrêtée et qu’il avait simplement besoin d’une confirmation, cela correspond au modèle décrit dans D&A 9:8, où le Seigneur dit : « Tu dois l’étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si c’est juste. »

De telles contradictions peuvent également être une question de mémoire ; Joseph était humain après tout. Le feu Roger Shattuck, spécialiste de la nature de la mémoire, explique que « le simple fait de se souvenir de quelque chose n’a aucun sens si l’image remémorée n’est pas associée à un moment du présent. » Shattuck suggère que les petits changements dans les souvenirs sont plus probablement le résultat de ce qui déclenche ce souvenir dans le présent plutôt que d’une invention à grande échelle.

Conclusion

Faut-il s’inquiéter des différences ?

Les preuves disponibles suggèrent que la Première Vision a eu lieu en tant qu’événement historique. Et les raisons les plus probables des différences entre les récits ne sont pas que l’histoire a été inventée. Les mêmes éléments fondamentaux de la vision ne changent pas d’un récit à l’autre et les différences sont tellement minimes qu’elles ne suggèrent pas une histoire inventée.

Pourquoi y a-t-il des différences entre les récits ? Le site ChurchofJesusChrist.org explique que « les historiens s’attendent à ce que, lorsqu’un individu raconte une expérience dans des contextes différents à des publics différents pendant de nombreuses années, chaque récit mette l’accent sur divers aspects de cette expérience et contienne des détails uniques. »

Stephen Prothero, un auteur cité dans Joseph Smith’s First Vision/Accounts (NdT : en anglais uniquement) sur le site Fair Mormon, ajoute une déclaration similaire lorsqu’il se réfère aux récits, en disant : 

Tout bon juriste s’attend à trouver des contradictions ou des différences dans des récits écrits à des années d’intervalle et des décennies après l’événement. Et malgré les contradictions, des éléments clés demeurent.

Alors, que penser des récits de Joseph qui présentent quelques différences ? Nous observons le même phénomène dans les Écritures. L’apôtre Paul a également fait plusieurs récits de sa vision du Christ, écrits à différentes périodes de sa vie (Actes 9:1-30 ; Actes 22:5-21 ; Actes 26:12-20 ; Galates 1:11-24). Ces récits présentent de légères différences dans les détails, tout comme ceux de Joseph, mais peu de gens se demandent si Paul n’a pas menti.

Comment les différences sont favorables à la première vision

Se pourrait-il que les différences entre les récits confirment que la Première Vision s’est bien produite ? Les différences sont naturelles dans toute histoire racontée au fil du temps et dans des circonstances différentes. Si la vision comportait exactement les mêmes détails à chaque fois qu’elle était racontée, ce ne serait pas naturel. Il semblerait que les différences appuient la véracité de la Première Vision plutôt que de l’affaiblir. Elles démontrent à quel point Joseph était honnête et humain.

Richard Bushman soutient l’idée que les différences contribuent à prouver la véracité de la Première Vision. Dans son article Joseph Smith’s Recitals of the First Vision (NdT : en anglais uniquement), il affirme que :

L’existence de ces différents récits contribue à soutenir, d’une manière importante, l’intégrité de ce prophète saint des derniers jours. Elle indique que Joseph n’a pas délibérément créé une version mémorisée qu’il a racontée à tout le monde. Dans le domaine juridique, les avocats et les juges reconnaissent que si un témoin répète un incident en utilisant exactement le même langage, le tribunal peut contester la validité de cette déclaration.

Les différences entre les récits peuvent en fait être bénéfiques car elles nous donnent l’occasion d’en apprendre davantage sur la Première Vision. Dans son article intitulé Approaching the First Vision Saga (NdT : en anglais uniquement), Stephen C. Taysom cite James Allen et John Welch de leur livre Opening the Heavens : Accounts of Divine Manifestations : « Aucun récit unique ne raconte toute l’histoire. » Les différences aident à raconter l’histoire de la Première Vision à ceux qui souhaitent avoir une vue d’ensemble de l’expérience de Joseph.

Autres réflexions sur les récits

D’autres ont exprimé le sentiment de sincérité et de vérité qui se dégage des écrits de Joseph. Lorsque l’érudit britannique, Arthur Henry King (qui deviendra plus tard membre de l’Église), a lu pour la première fois le récit de 1838 qui constitue aujourd’hui Joseph Smith – Histoire, il a été impressionné par l’honnêteté de Joseph :

C’est la prose de quelqu’un qui essaie de dire les choses telles qu’elles sont, qui consacre toutes ses facultés à exprimer la vérité et ne pense à rien d’autre […] il ne prend pas la pose, il est simplement lui-même.

Le président, Gordon B. Hinckley, a écrit dans Ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné :

Je ne me demande pas si le prophète Joseph Smith a donné plusieurs versions de la Première Vision, et cela ne me soucie pas plus que le fait qu’il y ait quatre auteurs différents pour les Évangiles dans le Nouveau Testament, chacun ayant sa façon de voir et racontant les événements en fonction de l’objectif qu’il avait lorsqu’il a écrit à cette époque.

Comme vous pouvez le constater, après cette étude des preuves, beaucoup d’éléments confirment la réalité de la Première Vision. Joseph a demandé des réponses et il les a reçues par l’intermédiaire de Dieu et de son fils, Jésus-Christ. Les différences de formulation, de description et de détail donnent l’image d’un homme racontant un événement vécu plutôt que d’une invention, et elles ne peuvent rien enlever à la véracité de la Première Vision et de l’Évangile éternel du Christ.

Pour plus de renseignements, consultez les sources suivantes :