» Et nous arrivâmes au pays que nous appelâmes Abondance à cause de la grande quantité de ses fruits et aussi de son miel sauvage; et toutes ces choses furent préparées par le Seigneur afin que nous ne périssions pas « .  1 Néphi 17: 5

En tant que «clé de voûte» du mormonisme, le Livre de Mormon a attiré les attaques des critiques depuis le début du Rétablissement. L’un d’entre eux a commencé à publier des pages volées du manuscrit avant même qu’il ne soit imprimé pour la première fois, les utilisant pour ridiculiser ce nouveau livre et se moquer du jeune fermier qui affirmait qu’il l’avait traduit de plaques d’or. À partir de ce jour jusqu’à maintenant, ce livre a été critiqué sur presque tous les points. Cependant, peu de ces attaques ont été aussi véhémentes et soutenues que celles qui couvrent l’histoire de Néphi et de sa famille arrivant dans un lieu où il y avait une «grande quantité de … fruits et aussi de … miel sauvage» (1 Néphi 17: 5-6), ainsi que du bois qui convenait à la construction d’un bateau (1 Néphi 18:1-2).

Warren Aston auteur
Warren Aston, l’auteur de l’article, mars 2014

Qu’un tel lieu puisse exister dans l’aride et inhospitalier désert d’Arabie semble impossible. « L’Arabie abonde en soleil, pétrole, sable, chaleur et air frais », a écrit un critique en 1985, « mais certainement pas en « fruits, ni miel sauvage » et ne l’a pas été depuis l’époque du Pléistocène ». Le même article continuait affirmant qu’il n’y a jamais eu « beaucoup de bois » en Arabie pour la construction d’un bateau.  Ces déclarations sont fondées sur des sources généralement considérées expertes, telles que l’Encyclopaedia Britannica et l’Encyclopédie de l’Islam qui nient l’existence de rivières et de forêts où que ce soit en Arabie. 2

Il s’avère qu’ils ont complètement tort.

Descriptions des lieux

Voici comment la recherche, à proprement parler, en Arabie, a déjoué ces critiques de salon, révélant l’une des preuves les plus profondes à ce jour du Livre de Mormon et apporte un nouvel éclairage au récit de Néphi.

Pendant plus d’un siècle, les personnes qui croient au Livre de Mormon ont dû compter sur leur propre témoignage spirituel et déprendre de la foi, comme avec tant d’autres choses, au sujet de l’histoire de Néphi sur le pays d’Abondance. Il n’y avait tout simplement pas de preuves pour démontrer qu’un tel endroit puisse exister. Ni, jusqu’à tout récemment, que la recherche scientifique estimait même possible; la côte orientale de l’Arabie est partagée par l’Oman et le Yémen, deux pays effectivement fermés au monde extérieur jusqu’à ces dernières décennies. Les quelques explorateurs occidentaux qui ont pénétré les mystères de l’Arabie au 19ème et au début du 20ème siècle, des hommes tels que Bertram Thomas, Wendelle Phillips, Harry Philby et Wilfred Thesiger, avaient d’autres objectifs à l’esprit que de trouver un paradis côtier. Cela n’a pas aidé les choses lorsqu’en 1824 et 1833, un navire de topographie  britannique, le Palinuris, a effectué le tracé de la côte sud de l’Arabie, amenant le principal géographe anglais, Andrew Crichton, à écrire en 1833 : « Toute la côte sud [de la péninsule arabique] est un mur de pierre dépouillé aussi triste et stérile que peut l’être un puit bien conçu ». 3

Hugh Nibley
Hugh Nibley a fourni la première bourse fondamentale pour poursuivre d’autres recherches.

Des chercheurs SDJ, dont Hugh Nibley était le plus érudit, ne pouvaient compter que sur les écrits de ces premiers explorateurs lorsqu’ils avaient à faire à cette question. Dans son texte fondateur, Lehi in the desert, publié pour la première fois en 1950, Nibley s’est principalement appuyé sur la description, faite en 1932 par Bertrand Thomas, de la colline Qara aux « prés vallonnés » et de Salalah avec son arrière-pays aux « vallées boisées », dans le Sud de l’Oman. 4 

La plupart des gens, moi y compris, ont alors pensé qu’Abondance avait été trouvée. Cela n’a pas empêché, par ailleurs, à certaines spéculations mal renseignées de conduire à d’autres possibilités allant d’Aden, non loin du bout de la Péninsule arabique, aux Emirats Arabes Unis, à l’autre extrême, voire même à la Somalie, dans la Corne de l’Afrique.

 

Quelque chose de surprenant, qui n’avait pas été fait jusque-là aussi bien par des auteurs SDJ que non-SDJ, était de considérer systématiquement ce que le Livre de Mormon lui-même nous dit à propos d’Abondance. Se poser la question : « Qu’est-ce que le texte nous dit en réalité? » devrait être le point de départ de toute tentative sérieuse pour localiser un endroit sur la carte aujourd’hui. Le texte du Livre de Mormon n’offre en général que peu ou pas d’indications sur les emplacements géographiques, mais lorsque les références directes et implicites concernant « Abondance » sont examinées de plus près, une image étonnamment détaillée du lieu se révèle d’elle-même.

Premières étapes menant à Abondance

Lynn et Hope Hilton
En 1975, Lynn et Hope Hilton ont été les premiers chercheurs SDJ à visiter l’Oman.

La première étape menant à cela est survenue lorsque Lynn et Hope Hilton, de Salt Lake City, ont été invités par le magazine Ensign pour tenter de visiter les régions potentielles où s’est déroulée l’histoire de Léhi. En janvier 1976, ils se sont rendus à Oman et ils ont pu visiter Salalah dans le Sud du pays pendant seulement 24 heures. Ils se sont ensuite rendus en Arabie Saoudite, en Jordanie et en Israël.

Leur voyage a été relaté dans la parution des mois de septembre et d’octobre 1976 de l’Ensign5  et plus tard, publié sous la forme d’un livre. 6   Sur la base des données limitées qu’ils ont pu recueillir, le travail des Hiltons a apporté un éclairage précieux sur les aspects culturels de la vie dans la Péninsule arabique. Ils ont quitté l’Oman avec le sentiment que la région de Salalah concordait, dans l’ensemble, avec la description d’« Abondance » faite par Néphi.

En 1984, j’ai commencé à explorer le Yémen dans le cadre de mes recherches sur « Nahom », l’endroit où Ismaël avait été enterré pendant le voyage dans le désert (1 Néphi 16:34) et il m’était venu à l’esprit d’essayer de voir « Abondance » dans l’Oman voisin. Il a fallu plusieurs années, mais on m’a finalement accordé un visa et je suis allé à Salalah, la capitale du Sud, en octobre 1987. Au départ, je n’avais aucune attente, hormis de simplement voir le pays d’Abondance de Néphi par moi-même. Cependant, après ma première journée à explorer les lieux, j’avais le sentiment que quelque chose n’allait pas.

Je me souviens être retourné dans ma chambre d’hôtel perplexe. J’étais sans aucun doute dans un bel endroit, rempli de plantations de noix de coco et de bananes, et j’avais vu les collines couvertes d’herbe que Nibley et Thomas avaient décrites. Ce qui m’a déconcerté c’est que la plus grande partie de la région était en réalité stérile, verte uniquement là où fonctionnait l’irrigation moderne. J’avais visité l’ancien port de Khor Rori et j’avais trouvé des ruines impressionnantes et des hautes falaises, mais là aussi c’était aride; il n’y avait que quelques mètres d’arrière-pays où des arbres et d’autres formes naturelles de végétation étaient présents. Les détails que Néphi décrit ne semblaient pas se trouver à un endroit spécifique, mais étaient dispersés sur plusieurs kilomètres. Certains, en fait, faisaient défaut.

Peut-être que les choses avaient changé depuis l’époque de Néphi. Il était temps pour moi de lire à nouveau Premier Néphi.

Lorsque j’ai relu le récit de Néphi avec une plus grande détermination qu’auparavant, il semblait flagrant qu’il contenait effectivement beaucoup plus de détails que mes lectures précédentes ne le montraient. J’ai commencé à prendre note de chaque aspect et à les analyser. Au cours de mes explorations suivantes, j’ai revisité toute la région de Salalah et j’ai commencé à poser des questions. Je commençais à me demander ce qu’il pouvait se trouver d’autre, plus loin le long de la côte orientale et occidentale. Personne ne semblait savoir. Il n’y avait pas de route pour aller plus loin.

J’ai franchi un cap lorsque j’ai parlé avec un pakistanais qui travaillait à Oman depuis plusieurs années. Il m’a dit qu’il avait vu lui-même de « grands » arbres plus à l’Ouest, mais les cartes étaient alors si rudimentaires que je n’arrivais pas à déterminer où se trouvait cet endroit. Mais, une fois encore, une porte s’est ouverte très légèrement et j’ai su qu’il fallait explorer le littoral – tout entier – jusqu’à ce que nous découvrions ce qui se trouvait au-delà. J’ai alors prévu d’y retourner l’année suivante et de poursuivre cet objectif.

Les critères de Néphi sur le pays d’Abondance

Entre-temps, ma liste des critères de Néphi s’est consolidée comme suit :

Nahom et Pays d'Abondance
Le pays d’Abondance de Néphi trouvé « presque vers l’est » de Nahom, lieu que nous avons déjà localisé.

Au mois d’octobre suivant, il était temps de commencer l’exploration!

À SUIVRE …

en route dans le désert

Article écrit par Warren Aston et publié le 11 avril 2014 sur ldsmag.com, traduit en français par Nathalie

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NOTES

  1. Thomas Key, A Biologist Looks at the Book of Mormon(Issaquah, WA: Saints Alive in Jesus, 1985), 1-2. Cette citation provient d’un article plus long listant des problèmes scientifiques prétendus dans le Livre de Mormon; voir « A Biologist Examines the Book of Mormon”, dans Journal of American Scientific Affiliation37 (Wheaton, IL: The Affiliation, June 1985), 96-99. Je ne connais pas d’autre affirmation ultérieure tournant en ridicule l’idée d’Abondance dans l’Ancien Monde.
  2. Voir  » Arabie  »  dans l’Encyclopaedia Britannica, 14ème éd. (Chicago: Encyclopaedia Britannica Inc, 1959) et l’Encyclopédie de l’Islam, 2ème éd.vol.1 (Leiden: Brill, 1960), 538.
  3. Pour le récit sur le Palinuris, voir Rév. Charles Forster, The Historical Geography of Arabia, vol. 2 (London: Duncan & Malcolm, 1844), 82, 85, 185, 194. Wendell Phillips, Unknown Oman (New York: David McKay Co, 1966), 168 contient le rapport Crichton.
  4. Hugh W. Nibley, The Collected Works of Hugh Nibley, vol. 5 (Deseret Book and FARMS, 1988), 109-113.
  5. Lynn and Hope Hilton,  » In Search of Lehi ‘ s Trail « , Ensign(septembre et octobre, 1976).
  6. Lynn and Hope Hilton, In Search of Lehi‘s Trail(Salt Lake City: Deseret Book, 1976) et Discovering Lehi: New Evidence of Lehi and Nephi in Arabia (Springville, UT: Cedar Fort, 1996).

4 réponses

  1. C’est absolument passionnant. J’attends la suite avec impatience. C’est une tâche très compliquée de parler de l’historicité du livre de mormon. Je suis reconnaissante que des personnes aient consacré des années de recherche pour répondre à ces questions

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