Article basé sur une étude de BYU qui montre que la  culture des super héros  amplifie plutôt les comportements agressifs au lieu des comportements protecteurs

Il y a beaucoup de bonnes choses que les enfants peuvent apprendre en regardant leurs super héros préférés , défendre et protéger les faibles, utiliser leurs talents pour aider les autres et se battre pour une cause juste et grande, par exemple.

Sarah M. Coyne, professeure de vie familiale à BYU, a décidé d’étudier ce que les enfants de 3 à 5 ans retenaient exactement de l’exposition à la culture des super héros. De façon surprenante, ce ne sont pas les nombreux traits positifs des super héros qui sont ressortis en premier de cette étude.

“Il y a tellement de jeunes enfants qui sont fans des super héros, et tellement de parents qui pensent que la culture des super héros peut aider leurs enfants à défendre les autres et à être plus gentils entre eux, ” a déclaré Coyne, “mais notre étude montre exactement l’inverse. Les enfants ont surtout été attentifs aux thèmes agressifs, et non aux thèmes protecteurs.”

Coyne a découvert que les enfants qui sont régulièrement exposés à cette culture des super héros sont plus susceptibles d’être agressifs physiquement et verbalement dans leurs relations, un an plus tard. Elle a également découvert que les enfants n’étaient pas plus susceptibles de protéger  ceux qui étaient ennuyés par de petites brutes,  et n’était pas non plus susceptible de devenir plus sociaux.

L’étude a été publiée cette semaine dans le Journal of Abnormal Child Psychology [NdT : en anglais].

Au printemps dernier, Coyne a été l’auteur d’une étude sur les effets de la culture des princesses Disney sur les jeunes enfants [NdT : en anglais],  et a découvert la perpétuation de stéréotypes qui pourraient avoir des effets néfastes. La recherche a reçu l’attention des médias nationaux et internationaux, et a été partagée sur Facebook à travers le globe.

Tout comme ses recommandations concernant la culture des princesses,  Coyne renvoie le même ressenti par rapport à la culture des super héros : ces découvertes ne suggèrent pas que les parents doivent priver totalement leurs enfants  des super héros.

“Encore une fois, je vous dirais d’agir avec modération”, a annoncé Coyne. “Faites participer vos enfants à toutes sortes d’activités, et faites en sorte que les super héros soient juste une activité parmi beaucoup, beaucoup d’autres choses qu’ils aiment faire et auxquelles ils aiment participer.”

Des découvertes comme celles-ci donnent aux parents l’opportunité d’avoir une conversation avec leurs enfants. Coyne a indiqué qu’il ne fallait pas avoir peur d’identifier les points positifs et négatifs des contenus multimédias que leurs enfants regardent.

Coyne a émis l’hypothèse que l’une des raisons pour laquelle les enfants  pourraient s’accrocher au comportement violent des super héros et non à leur côté avenant et protecteur, est due en partie à la complexité des contenus multimédias de super héros. La vaste majorité des programmes de super héros n’ont pas été créés pour des enfants de 3-5 ans, même si l’étude montre que beaucoup d’enfants en bas âge regardent régulièrement ces contenus. Ces programmes contiennent des histoires complexes qui entremêlent violence et comportements protecteurs, et les enfants de cet âge n’ont pas encore la capacité cognitive de comprendre le message moral plus large qui est souvent dépeint.

Coyne a également déclaré qu’il existe en plus de cela une désensibilisation associée à la consultation de contenus violents. Il a aussi été démontré qu’une exposition à de tels contenus s’associait à une réduction des réponses cognitives et émotionnelles. Cette baisse de réactivité face aux victimes de violences à la TV, sur l’ordinateur ou la tablette, pourrait se transformer en manque d’empathie pour les victimes de violence dans la cours de récréation, ou à l’école.

L’étude a été réalisée parmi 240 enfants dont les parents avaient indiqué le niveau d’implication dans la culture des super héros. Il avait été demandé aux parents dans quelle proportion leurs enfants regardaient des contenus multi médias sur les super héros, et jusqu’à quel point ils s’identifiaient aux différents super héros. Les enfants ont également été interviewés individuellement, et on leur a demandé d’identifier 10 super héros populaires,  d’indiquer quel était leur super héro préféré, et d’expliquer leur choix.

La réponse de ces enfants sur leur super héro favori a fourni une perspective intéressante pour l’étude:

Les diverses réponses ont inclus : les produits dérivés (26%), l’image (20%) et les caractéristiques interpersonnelles partagées entre l’enfant et leur super héro (21%). Étant donné l’objectif de cette étude, nous avons utilisé un sous-code pour examiner tous les thèmes défensifs ou violents. Parmi ceux qui ont spécifié les caractéristiques de leurs super-héros, 10% ont noté une certaine capacité de défense ou de protection: “Parce qu’il lance des toiles d’araignées et il sauve les gens.” 20% de ces enfants ont associé leur super héro préféré avec un certain type de compétences violentes. Par exemple, “Il est grand et il peut donner des coups de poing” et “Il écrase des choses et se met en colère.” Certains étaient subtiles, alors que d’autres suggéraient une agressivité évidente. “Parce qu’il peut écraser et tout détruire, et il s’en fiche parce qu’il est une grosse brute”. Un autre enfant a déclaré que Captain America était son super héro préféré “Parce qu’il peut tuer.” Les 70% de commentaires reliés aux compétences restants étaient assez bénins : “Parce qu’il est grand et fort” et “Parce qu’il est cool et peut voler”.

Parmi les co-auteurs de l’étude, il y avait également les professeurs de BYU Laura Stockdale et David Nelson, ainsi que des étudiants diplômés de BYU, Kevin Collier et Lee Essig, mais aussi Jennifer Linder de l’université de Linfield.

Mère de trois garçons, et avec un autre fils qui devrait naître dans deux semaines, Coyne a pu voir combien la culture des super héros a pu avoir une place importante dans son propre foyer.

“Il est quasiment impossible d’éviter la culture des super héros ”  a indiqué Coyne. “J’ai en ce moment un fils de trois ans qui aime Spiderman, même s’il n’a jamais vu aucun de ses films. Il se déguise parfois en Spiderman et se promène en prétendant qu’il peut lancer des toiles d’araignées. L’objectif de cette recherche n’est pas de bannir les super héros, car ils peuvent être une partie amusante et magique de l’enfance. Cependant, la culture des super héros peut devenir consommatrice et chronophage, surtout si les enfants regardent les films, jouent avec les produits dérivés, s’identifient de façon forte avec les personnages, se déguisent, etc. Cette étude se concentre sur l’équilibre qui devrait exister.  Par exemple,  il est presque aussi probable que mon fils décide de prétendre être Elsa, et se mette à chanter à tue tête la chanson  ‘Libérée, délivrée’. Tout est question de trouver un équilibre et un moyen de parler avec ses enfants des super héros, en se concentrant sur leurs aspects positifs.”

Coyne a donné un discours lors d’une réunion spirituelle à BYU en 2016, où elle a utilisé ses études sur les super héros et les princesses pour donner un contraste entre les stéréotypes culturels et notre potentiel divin en tant que filles et fils de Dieu. Vous pouvez voir son discours complet ici [NdT : en anglais]

 

Cet article a été initialement écrit par BYU Media Relations et publié sur ldsmag.com . Cet article a été traduit par David GEORGES.