Et en bonus: d’importantes réflexions de Tom Christofferson pour les familles et les membres de la paroisse sur ce sujet.

Note de l’éditeur : Les sujets concernant l’homosexualité sont sensibles et complexes. Cet article parle du parcours d’un homme et ne prétend en aucune façon suggérer que son expérience devrait être suivie par d’autres. Nous remercions Tom Christofferson d’avoir partagé son histoire dans le but de susciter une plus grande compréhension et un dialogue plus ouvert concernant l’homosexualité dans l’Eglise.

 

Que feriez-vous si votre enfant vous annonçait qu’il est gay ?

Les parents de Tom Christofferson ont répondu d’une manière qui a changé la vie de chacun des membres de sa famille et les a conduit sur un chemin spirituel incroyable d’une décennie. En restant fermement attachés à l’évangile de Jésus-Christ, les Christofferson ont créé une culture familiale fondée sur l’acceptation, la compréhension, la compassion, la loyauté, et un plus grand amour les uns pour les autres, tout en acceptant les réalités dans la vie de chaque membre de la famille, et en refusant d’abandonner quiconque pour quelque raison que ce soit.

Tom Christofferson, le frère d'Elder Christofferson

La lutte secrète de Tom Christofferson

Dès l’âge de 5 ans, Tom Christofferson savait qu’il était gay. Il n’avait simplement pas le vocabulaire pour exprimer ce qu’il ressentait. « J’ai trouvé les mots pour l’exprimer quand j’avais 12 ans », se souvient-il. « Je priais en permanence pour que Dieu me change et pour que je n’ai jamais à dire à qui que ce soit ces choses que je ressentais parce que ce ne serait plus le cas. » Mais pendant l’adolescence et en se préparant pour sa mission, ces sentiments n’ont pas changés. « J’avais toujours cet espoir qu’en servant une mission et en faisant de mon mieux, ma récompense pour avoir fait ce qui est juste serait de ne plus être homosexuel. »

Mais quand Christofferson rentra de mission, rien n’a changé. « J’ai pensé que le Seigneur avait abandonné notre accord, mais j’ai ensuite réalisé que j’avais décidé de l’accord et pas lui », dit-il.

Après sa mission, Christofferson est allé à l’université de Brigham Young. Là encore, il pensait qu’il aurait la possibilité de changer son orientation sexuelle.

“Je pensais: ‘Si je me marrie dans le temple, alors tout se mettra dans l’ordre. Cela montrera ma volonté de faire tout ce que je suis sensé faire, et un miracle se produira’ », dit-il.

Alors il est allé de l’avant avec foi et a épousé une femme. Mais le mariage fut annulé après un court moment. « Ça a vraiment entrainé une crise majeure dans ma vie », se souvient-il. « Je pensais que j’avais fait du mieux que j’avais pu pour être un bon mormon qui avait fait tous les bons choix et qui essayait d’être un disciple de Jésus-Christ. Mais j’étais homosexuel, et j’étais malheureux. J’avais aussi rendu la vie d’une femme merveilleuse plus compliquée qu’elle ne devait l’être. »

Au moment où Christofferson était en procédure de séparation avec son épouse, il a appelé ses parents pour leur dire ce qu’il se passait. Mais il n’avait pas prévu la direction que la discussion prendrait. « Je n’avais jamais vraiment pensé que la question évidente était ‘pourquoi ?’ Mais c’est venu assez rapidement. J’ai dit : ‘et bien, parce que je suis gay.’ »

Peu de temps après, en 1984, Christofferson déduit qu’il n’était pas en mesure de combiner son homosexualité et son appartenance à l’Eglise, et il demanda d’être excommunié. « Je devais savoir si je pourrais être gay et heureux, et je voulais sentir que j’avais de l’intégrité dans cette quête. Et à cette époque, si vous admettiez simplement être homosexuel, c’était suffisant pour être excommunié. Et c’est donc ce qui s’est passé. »

Mais Christofferson n’a pas quitté l’Eglise parce qu’il n’y croyait pas. « Je suis parti parce que je n’y voyais pas de place pour moi pour vivre ma vie. Et, franchement, je n’arrivais pas à voir comment le plan du Salut pouvait me concerner », explique-t-il.

Une famille unie

Christofferson dit que ses parents sont passés par différentes phases alors qu’ils tentaient d’intégrer la réalité de l’homosexualité de leur fils. « La réponse initiale de mes parents était : ‘Comment pouvons-nous réparer cela ?’ Suivi par ‘Qu’avons-nous fait qui n’a pas marché ?’ Mon père se demandait s’il n’avait pas passé assez de temps avec moi, et ma mère se demandait si elle en avait passée trop. » Continuant : « Cette phase a été suivie d’une sorte de période de deuil, réalisant que certains rêves qu’ils avaient pour moi n’allaient surement pas se réaliser.

Deux ans après le coming out de Christofferson à sa famille, ils ont eu une réunion familiale qui les a marqués à vie. « Un soir, mon père et ma mère ont demandé à tous les garçons et leurs épouses de mettre leurs enfants au lit et de venir dans leur chambre pour avoir une réunion familiale. Nous avons prié ensemble, et ensuite notre père a parlé de son souhait que nous soyons une famille unie et que nous soyons loyaux les uns envers les autres. »

Christofferson se souvient : “Maman nous a dit: ‘J’ai réalisé qu’il n’y a pas de famille parfaite, mais je pense que nous pouvons être parfaits dans notre amour les uns pour les autres.’ Ensuite elle s’est tournée vers mes beau frères et belle sœurs et dit : ‘la leçon la plus importante que vos enfants apprendront de la manière avec laquelle notre famille traite leur oncle Tom est que quoi qu’ils fassent, ils ne seront jamais exclus du cercle de l’amour de notre famille.’ Cela a donné le ton pour tout ce qui s’est passé dans notre famille par la suite, nous allions nous aimer et nous apprécier peu importe où chacun en est dans son parcours, et nous allions être loyaux et unis en tant que famille. Mes parents n’ont pas pu abandonner ni l’Eglise ni leur enfant parce que chacun était essentiel à l’autre. L’Eglise a donné un sens à leur compréhension de la famille, et la famille a complété leur compréhension de l’évangile, et ils n’étaient pas prêts à laisser tomber l’un et l’autre.

Tom Christofferson a su très tôt qu'il était homosexuel

Rechercher l’Esprit

Christofferson a fini par trouver un partenaire aimant et engagé, avec qui il allait rester presque 20 ans. Mais en 2007, Christofferson a commencé à sentir que quelque chose manquait à sa vie. « Mon partenaire et moi avions une vie merveilleuse, et nous étions ensemble depuis 12 ans à ce moment-là. Mais il y avait un élément et une spiritualité plus profonds que je souhaitais avoir dans ma vie et que je ne ressentais pas. Et après avoir déménagé à New Canaan dans le Connecticut, j’ai ressenti que je voulais aller à l’église. C’était là ou j’avais ressenti l’Esprit dans le passé, et c’était là ou je pensais que je pourrais ressentir ses sentiments à nouveau. »

Alors Christofferson a trouvé la paroisse locale et a commencé à aller à la réunion de Sainte Cène, s’asseyant au fond, puis partant discrètement dès que la réunion se terminait. Et même s’il n’était plus membre, il a commencé à payer les dons de jeûne. « Un mois, avec mon don, j’ai glissé un petit message disant : ‘Evêque, vous ne me connaissez pas, mais puis-je avoir un entretien avec vous ? Et j’ai reçu un appel de lui me disant de venir chez lui. Quelques soirs plus tard, je suis allé chez lui et nous avons eu cette première conversation. J’ai dit : ‘Je suis homosexuel. J’ai un partenaire et nous sommes fidèles l’un à l’autre. Mais je veux savoir si je pourrais venir à l’église et y être le bienvenu. Il a répondu immédiatement : ‘Absolument. Et amener votre partenaire avec vous. Nous voulons vous connaitre.’ »

Christofferson et son partenaire ont été chaleureusement accueillis dans la paroisse. « Ils étaient prêts à ouvrir leurs cœurs et leurs esprits ainsi que leurs bras à quiconque voulait être là et adorer Dieu avec eux », dit-il. Mais alors que les événements autour de la proposition 8 se produisaient en Californie, ou Christofferson avait de la famille, son partenaire a commencé à se demander si les gens dont il pensait qu’ils les avaient acceptés et aimés étaient en réalité juste polis et faussement bienveillants. « Il a commencé à moins faire confiance aux démonstrations d’amitiés sincères venant des membres de la paroisse et devint moins disposé à venir à l’église », dit Christofferson.

Un nouveau début

Après plusieurs années à venir à l’église et à travailler avec des dirigeants de l’Eglise locaux, Christofferson a été baptisé une deuxième fois en octobre 2014. Cela a marqué un nouveau début pour lui dans l’Eglise mais également la fin déchirante d’une relation de 19 ans.

“Lorsque le moment est venu et que j’étais digne et voulais à nouveau devenir membre de l’Eglise, après des mois de conversation, le souhait généreux de mon partenaire était que je devais suivre le chemin qui m’apporterait le plus de bonheur”, se souvient-il. « Il avait des raisons de sentir que j’avais choisi l’Eglise plutôt que lui, et pourtant il était disposé à me soutenir dans ma décision malgré les conséquences pour sa vie. Je ne peux pas imaginer de plus grand hommage à sa bonté et son amour. »

L’année suivante, en décembre 2015, Christofferson a reçu à nouveau la prêtrise et les bénédictions du temple, et le dimanche d’après il tenait une recommandation pour le temple dans la main.

“J’avais invité mes frères et leurs épouses, les dirigeants de l’Eglise qui avaient eu un rôle clé dans ce parcours, et quelques amis très proches à me rejoindre dans le temple de Salt Lake pour ma première session le jeudi suivant. Mais avoir une recommandation valide dans mon portefeuille s’est révélé être une tentation trop grande », admet-il en souriant. « J’ai été à une session le mardi et le mercredi aussi. »

Depuis la fin de sa relation, Christofferson s’est appuyé sur l’esprit pour l’aider à traverser les moments de solitude. « Le consolateur est réel », dit-il. « Dans ces moments les plus sombres de la nuit, j’ai été soutenus. J’ai l’amour de ma famille et de mes amis, mais en même temps, ce puissant désir ancré en nous d’avoir quelqu’un à aimer et par qui être aimé ne s’estompe jamais ».

Un apôtre pour frère

Tom Christofferson et son partenaire ont commencé leur relation dans les années 90, et depuis le début, Christofferson dit qu’ils allaient à l’église et aux conférences générales en couple. Au cours des premières années de leur relation, quand son frère, Elder D. Todd Christofferson, était un membre du Premier Collège des Soixante-dix et plus tard est devenu membre de la Présidence des Soixante-dix, le couple se rendait en Utah en avion pour aller dans le centre de conférence lorsqu’il parlait. C’était leur façon de montrer leur soutien.

Elder Christoferson montrait réciproquement son amour pour le couple. « Peut-être que l’exemple le plus visible de la bienveillance de mon frère était dans le discours qu’il a donné à la conférence générale d’avril 2008, après avoir été appelé en tant qu’apôtre, lorsqu’il a dit : ‘Reconnaissant mes bénédictions, j’inclue mes chers frères et leurs partenaires, qui sont présents aujourd’hui’. Mon partenaire et moi n’étions pas mariés, mais nous nous sommes sentis inclus et acceptés. »

Les deux frères ont continué de s’aimer et de se respecter tout au long du parcours de Christofferson pour revenir à l’église et à son baptême en 2014. Mais ça ne s’est pas arrêté là. Cet amour et se respect ont continué même quand, le 5 novembre 2015, la position de l’Eglise concernant les couples de mêmes sexes et leurs enfants a été rendue publique.

Le soir suivant, Christofferson était à une symphonie quand, pendant l’entracte, il a remarqué qu’Elder Christofferson essayait de le joindre. Dans le hall, Christofferson a rappelé son frère. Elder Christofferson lui a dit qu’il avait enregistré une interview concernant la position de l’Eglise avec le représentant des Affaires Publiques de l’époque, Michael Otterson.

“Mon frère m’a dit : ‘Si tu sens que tu dois prendre tes distances avec moi, je comprendrais’”, se souvient-il. « J’ai répondu, ‘Tu ne t’es jamais distancé de moi, et je suis sûre que cela n’a pas toujours été facile pour toi. Je ne vais en aucun cas me distancer de toi.’ »

Tom Christofferson a décidé de redevenir mormon

Conseil pour les familles

Ayant vu les membres de sa famille passer par les étapes pour accepter son homosexualité, Christofferson donne les conseils suivants pour ceux qui font leur coming out : “Permettez à vos parents de faire leur deuil de l’enfant qu’ils pensaient qu’ils allaient avoir. Au moment où nous expliquons qui nous sommes, nous avons lutté avec cette idée pendant des années. Nous ne pouvons pas le jeter sur les genoux de notre famille et espérer qu’ils seront à la même étape que nous. »

Aux familles des homosexuels, il dit que même si une seule d’entre elle rejette leur enfant, c’est une de trop. Il explique : « Parfois nous pensons que si nous acceptons, cela veut dire que nous approuvons. Pour moi accepter signifie réellement le fait de simplement reconnaitre et respecter les réalités dans la vie de quelqu’un. C’est une partie essentielle dans le fait de construire des relations, être disposé à accepter les gens pour ce qu’ils sont et ou qu’ils soient dans leurs parcours. Notre compréhension des relations de notre Père Céleste avec Ses enfants, de notre relation avec le Sauveur, n’implique pas le fait d’être rejeté. Cela implique la patience et la tendresse, la compassion et la clarté des commandements. Il y a un désir d’être présent et d’être disponible. A un moment, les parents peuvent avoir besoin de dire : ‘Nous sommes là pour aimer et soutenir et permettre à l’enfant de prendre les décisions qu’ils vont prendre’ ».

Il ajoute : “La mesure du succès pour les parents n’est pas si leur enfant est actif ou a été en mission ou s’est marié au temple. Ce que notre famille est unie dans l’amour, que nous puissions marcher avec tout le monde, peu importe où le chemin va les conduire. Nous ne le faisons pas pour qu’ils reviennent à l’Eglise. Nous le faisons parce que nous les aimons et voulons faire partie de toutes les joies et tristesses de leur vie. »

Conseils pour les membres de la paroisse

Comment les membres de la paroisse devraient-ils traiter les amis homosexuels dans leurs quartiers et leur paroisse ? Christofferson prend les Saints de New Canaan comme exemples merveilleux.

“Les cinq premières années après mon retour à l’église, j’étais en pleine relation avec mon partenaire. Les membres de la paroisse ont pu facilement deviner que je ne vivais pas tous les commandements, et pourtant, je n’ai jamais ressenti que quiconque m’imposait des conditions pour progresser », dit-il. « Ils nous ont accueilli moi et mon partenaire pour adorer Dieu avec eux et profiter de l’Esprit sans condition. Notre responsabilité est de créer un environnement plein d’amour et accueillant pour que l’esprit puisse faire son travail. Tout le reste dépend du Seigneur. Notre amour ne devrait pas être conditionné à la repentance de quelqu’un d’autre. »

Tom Christofferson: Mormon et homosexuel

Christofferson a une connaissance certaine de l’amour que Dieu a pour lui et il encourage les membres homosexuels à rechercher cette même connaissance pour eux-mêmes. « Il n’y a fondamentalement rien de moi qui repousse Dieu », dit-il. « Etre homosexuel n’est pas qu’une simple attirance et ne sous-entend pas nécessairement un comportement sexuel. C’est une façon d’être, une existence, une identité. Etre mormon est également une façon d’être et d’être en relation avec le monde et d’exprimer une identité. Alors être Gay et mormon est une existence doublement riche pour moi, une façon unique d’être, d’être en relation avec le monde, et de partager la lumière, l’amour, l’intelligence et la vérité de Dieu et ma relation avec Lui. »

En fait, Christofferson pense qu’être gay est l’une des bénédictions les plus riche de sa vie. « Si ma vie avait été différente, il aurait été facile pour moi de continuer dans l’Eglise avec le témoignage que j’avais. Mais parce que je suis gay, il est arrivé un moment où j’ai dû savoir, pas seulement croire, que Jésus-Christ vit, que je serai ressuscité comme Il l’a été, et qu’à travers le pouvoir de l’expiation je peux avoir la force et le pouvoir de devenir Son disciple digne. »

Il est certain que Christofferson a connu un parcours spirituel incroyable, et pourtant il reconnait et insiste que c’est uniquement le sien.

“Je veux être sûre que les gens comprennent qu’il s’agit de la réponse à mes prières, et que c’est pour ma vie. Mon but n’est pas de suggérer aux autres quelles seront leurs réponses ou comment ils doivent mener leur vie », dit-il. « Le happy ending ne vient pas du fait que je sois revenu à l’Eglise. C’est qu’une famille a appris à définir un cercle d’amour qui inclue tout le monde tout au long de leur vie, où qu’ils en soient dans leur parcours, et qu’une paroisse a appris comment élargir son cercle d’amour pour y inclure quiconque pousse les portes de l’église. »

 


Article écrit par Jamie Armstrong et publié dans LDSLiving.com sous le titre One Gay Man’s Powerful Journey Away from the Church and Back Again (+ Important Insights for Families and Ward Members) traduit par Samuel Babin. Français ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | English ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company 

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