LE VATICAN — Le pape François, de l’Eglise catholique romaine, et le président Russell M. Nelson, de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, se sont rencontrés aujourd’hui au Vatican pour le premier face à face de l’histoire entre les dirigeants de ces deux religions mondiales.

« Les différences doctrinales sont réelles et importantes », a déclaré le président Nelson au terme de cette rencontre, « cependant elles ont peu d’importance au regard des choses que nous avons en commun, notre inquiétude face aux souffrances des hommes, l’importance de la liberté religieuse pour tous, et l’importance de construire des ponts d’amitié plutôt que des murs de ségrégation ».

Les deux dirigeants religieux croient tous les deux que la foi apporte moralité et stabilité à la société.

Pape François et Président Nelson

Le Vatican

Le président Nelson, de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours rencontre le pape François au Vatican, à Rome, le samedi 9 mars 2019.

« Une société sans Dieu est comme un bateau à la dérive »

C’est ce qu’a dit le président Nelson. Le pape a invité le président Nelson pour une audience privée dans le cadre de son voyage en Italie, durant le week-end où il a consacré le temple historique de Rome.

Les deux hommes ont passé une bonne trentaine de minutes ensemble, pendant lesquelles ils ont échangé sur leur souci commun pour la jeunesse de leur Église respective, sur la sécularisation et le désir des gens d’adorer Dieu, a rapporté le président Nelson.

Russell Ballard, président suppléant du Collège des Douze Spôtres, accompagnait le président Nelson à cette réunion, ainsi qu’Elder Massimo De Feo, soixante-dix, et Elder Alessandro Dini Ciacci, soixante-dix d’interrégion. Le secrétaire personnel du président Nelson, Mark Woodruff, était aussi présent à l’audience.

Le pape a offert deux cadeaux au président Nelson, ses déclarations sur la famille et sur la foi islamique. Le président Nelson a donné au pape une figurine Lladro du Christus et un exemplaire de « La famille, déclaration au monde ».

Président Nelson et Président Ballard

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Russell M. Nelson, président de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, et M. Russell Ballard, président suppléant du Collège des douze apôtres, près du Vatican à Rome, le samedi 9 mars 2019, après avoir rencontré le pape François.

Le président Ballard a dit que le pape François s’est réjoui du fait que le président Nelson et lui-même aient des fils et des petits-enfants qui ont fait des missions dans son pays natal, l’Argentine.

« Il était très gentil avec nous. Nous ne pouvions espérer une expérience plus enrichissante », a déclaré le président Ballard au sujet de la réunion.

Le pape et le président Nelson se sont embrassés avant de se séparer.

« Quand nous sommes partis, ils se sont pris dans les bras l’un de l’autre », a déclaré le président Ballard.

Le président Nelson a invité le pape François à Salt Lake City et au temple de Rome.

« C’est un homme aimable, merveilleux, humble, compétent et bienveillant. J’ai un très grand respect pour lui », a déclaré le président Nelson.

Elder De Feo a qualifié cette réunion d’événement historique et a indiqué que les deux chefs religieux se respectent l’un l’autre ainsi que leurs institutions respectives.

Il a raconté : « J’ai eu un très bon sentiment dès que nous sommes entrés et que j’ai vu président Nelson, président Ballard et le pape sympathiser. C’était formidable de les voir comme de vieux amis après avoir seulement passé une minute ensemble ».

Rencontre au Vatican

Le Vatican

Russell M. Nelson, président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et M. Russell Ballard, président suppléant du Collège des Douze Apôtres rencontrent le pape François au Vatican, à Rome, le samedi 9 mars 2019.

Après la rencontre, les dirigeants de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours avaient le sourire aux lèvres en marchant bras dessus bras dessous dans la via della Conciliazione (la rue de la Conciliation), avant de s’adresser à de nombreux médias avec l’emblématique basilique Saint-Pierre en arrière-plan.

Avant aujourd’hui, le plus haut dirigeant de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à rencontrer le pape était Henry B. Eyring, qui avait été reçu par le pape François en novembre 2014, à l’occasion d’un sommet international sur le mariage où ils prirent tous les deux la parole et qui se tenait au Vatican. Le président Eyring était alors le premier conseiller dans la Première Présidence.

Il y cinquante ans, une rencontre entre le pape et l’homme reconnu comme un prophète par des millions de Saints des Derniers Jours aurait paru inimaginable pour les dirigeants et les membres des Églises. Des rameaux d’oliviers clandestins et des décennies de détente étaient nécessaires, selon des sources des deux religions interrogées pour cet article. C’est exactement ce qui s’est passé. En fait, la réunion d’aujourd’hui est l’aboutissement d’un réseau d’alliances toujours plus grandes et plus nombreuses entre l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et l’Église Catholique Romaine et ses nombreuses organisations apparentées.

Ces relations grandissantes se sont intensifiées au cours de la dernière décennie et ont donné lieu à des collaborations dans lesquelles les deux Eglises travaillent désormais côte à côte dans le monde entier sur des très grands et des tout petits projets.

Président Nelson avec des enfants devant le Vatican

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Russell M. Nelson, président de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, s’arrête pour parler avec Ammon et Emma Schar, originaires de Basel en Suisse, le samedi 9 mars 2019 à Rome. La famille Schar est à Rome pour la consécration du temple.

Deseret News a eu plus de vingt entretiens avec des personnes des deux religions à travers le monde, de la Bosnie à Rome et de Salt Lake City à la Norvège, pour donner un aperçu définitif de la façon dont les efforts combinés des Églises permettent non seulement de résoudre les différends entre leurs membres, mais aussi d’apporter une aide humanitaire d’urgence à certaines des personnes les plus vulnérables du monde – y compris de nombreuses personnes à la frontière américano-mexicaine – et également d’œuvrer pour la défense de la liberté religieuse et pour renforcer les familles.

« Nous avons expliqué à Sa Sainteté que nous travaillions côte à côte, que nous avions des projets avec les Catholic Relief Services (association humanitaire catholique aux USA) dans le monde entier, dans plus de 43 pays », a déclaré le président Ballard. « Nous avons été partenaires et avons tenté de soulager des souffrances en essayant d’aider les personnes en difficulté. Cela l’a beaucoup intéressé et il était très cordial, très gentil avec nous ».

Rome et Salt Lake City

Jeudi, les Catholiques et les Saints des Derniers Jours ont effectivement travaillé main dans la main pour aider les sans-abris et les réfugiés dans leur quartier général respectif, Rome et Salt Lake City.

Cela semblait impossible dans les années 1950, lorsque, craignant que leurs propres congrégations ne soient scandalisées si les membres de l’Église savaient qu’ils se rencontraient, le chef des Saints des Derniers Jours venait à l’hôpital Holy Cross de Salt Lake City pour s’entretenir avec le chef du diocèse Catholique de Salt Lake City.

Cours de cuisine à l'Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Des réfugiés assistent à un cours de cuisine dispensé par Anita Canfield (à droite), missionnaire de LDS Charities à l’Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome, le jeudi 7 mars 2019. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours collabore avec l’Église Catholique pour aider les réfugiés.

Le président David O. McKay arrivait prétextant une visite à un patient Saint des Derniers Jours, puis se glissait dans le bureau de l’Evêque Duane G. Hunt. Durant leurs entretiens privés, Ils parlaient des problèmes de la communauté et des tensions entre leurs membres en Utah, a déclaré Monseigneur J. Terrence Fitzgerald, témoin privilégié de l’histoire des deux Églises en tant que natif de l’Utah, ordonné prêtre catholique à Salt Lake City en 1962.

« Les Catholiques essayaient de faire en sorte que les Saints des Derniers Jours ne disent pas de mal des Catholiques à chaque conférence », a-t-il déclaré, « et les Saints des Derniers Jours essayaient de faire en sorte que les Catholiques les soutiennent au niveau national. »

Mgr Fitzgerald a ajouté que cinq décennies de changement avaient été « radicales ».

Dans les années 1950 et au début des années 1960, il était officiellement requis des Catholiques de limiter leurs relations avec les autres religions. Par exemple, ils ne devaient pas assister à des enterrements ou des mariages dans d’autres Églises. Les Saints des Derniers Jours recevaient des instructions similaires.

Puis le Concile du Vatican en 1963-64 ouvrit la voie aux relations interreligieuses. Les dirigeants des deux Églises ont continué à travailler ensemble. En 1945, le lancement de Catholic Charities permit une collaboration qui donna aux organisations, aux membres et aux fonds des Églises un objectif commun.

« Nous avons commencé à comprendre que personne n’était le diable et que nous pouvions nous entraider pour le bien de la communauté », a expliqué Monseigneur Fitzgerald.

À mesure que cette acceptation s’enracinait profondément, la détente s’est transformée en une collaboration accélérée au cours de la dernière décennie, alors que les deux Églises étaient de plus en plus préoccupées par la laïcisation mondiale.

« La laïcité est répandue dans de nombreux pays occidentaux et de nombreuses personnes ont perdu leur foi en Jésus-Christ », a déclaré Gérald Caussé, évêque président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. « Et il est important que toutes les confessions chrétiennes se rassemblent et défendent leurs valeurs. »

Coopération romaine

Les Saints des Derniers Jours représentent plus de la moitié des bénévoles de la cantine de Saint-Vincent-de-Paul, un centre pour les sans-abri géré par les Catholic Community Services de l’Utah. Le jeudi après-midi, un groupe de plusieurs congrégations de Murray (Utah) a préparé le dîner.

Bénévoles

Kristin Murphy, Deseret News

Stacia Walker, Luis Martinez et Cheryl Leithead se sont portés volontaires la cantine de Saint-Vincent-de-Paul à Salt Lake City le jeudi 7 mars 2019. Walker et Leithead ont été informées de la possibilité de bénévolat par le biais d’une feuille d’inscription dans la 33ème paroisse de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours de Murray. Martinez fait du bénévolat par l’intermédiaire de son école, le Salt Lake Community College.

La soupe populaire a été l’une des premières réussites communes des deux Églises.

« Les Saints des Derniers Jours se sont engagés quand nous construisions Saint-Vincent-de-Paul en 1067 », a expliqué Monseigneur Fitzgerald.

Ils ont fourni une grande partie de l’équipement. En fait, LDS Charities (les services d’entraide de l’Eglise) fournissent discrètement, à la soupe populaire et au centre pour sans-abri adjacent, 225 000 dollars en produits alimentaires et 40 000 dollars en couvertures, couettes et kits d’hygiène chaque année, selon Matthew Melville, directeur des services d’aide aux sans-abris des Catholic Community Services d’Utah.

« Nos principaux partenaires sont LDS Charities et le Bishop’s Storehouse (Magasin de l’évêque) », a déclaré Melville. « Pour nous, le partenariat est excellent. Je sais que beaucoup d’Églises ne s’entendent pas bien. Les Saints des Derniers Jours et l’Église Catholique coopèrent très bien dans de nombreux domaines en Utah. J’ai lu des commentaires en ligne qui se plaignent en disant que (l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours) devrait en faire plus pour les sans-abris, mais elle le fait discrètement grâce à des partenariats déjà établis. Non, leur nom n’est pas inscrit sur ce bâtiment là-bas, et ils n’en parlent pas, mais ils sont un partenaire silencieux dans tous les efforts pour aider les sans-abris du centre-ville. »

Toujours jeudi, à près de 20 000 km, LDS Charities collaboraient avec les Services jésuites pour les réfugiés dans une Église située au cœur de Rome, autour de la Cité du Vatican, siège de l’Église Catholique.

Dans la crypte de l’Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs, les jésuites apportaient leur soutien aux réfugiés réinstallés dans la matinée. Dans l’après-midi, un couple de missionnaires humanitaires Saints des Derniers Jours dirigeait un nouveau Centre d’amitié proposant des cours de cuisine, de piano, d’informatique, de premiers secours, et d’anglais et d’italien de niveau débutant et intermédiaire. Le programme des Saints des Derniers Jours lancé en mai dernier accueillait 25 réfugiés par semaine. Cette semaine, près de 500 réfugiés ont assisté à ces cours.

Une réfugiée nigériane et une sœur catholique de l'abbaye Perpetwa

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Une réfugiée nigériane et une sœur catholique de l’abbaye Perpetwa parle des cours qu’elle suit à l’église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome, le jeudi 7 mars 2019. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours s’associe à l’Église Catholique aider les réfugiés.

Sœur Abbey Perpetua, une religieuse nigériane de 37 ans, dont la mission dans la communauté catholique l’a amenée à Rome, fait partie des élèves de niveau intermédiaire en italien. Le Centre d’amitié est l’un des quatre centres supervisés par Elder Steve Canfield et Sœur Anita Canfield de San Clemente, Californie. Le premier a été établi à Athènes. Les deux autres sont à Londres.

Le père Tom Smolich, directeur international du Service jésuite pour les réfugiés basé au Vatican, s’est rendu à Salt Lake City en février pour remercier les dirigeants de LDS Charities d’avoir fait des jésuites un partenaire mondial. Il a également assisté aux portes ouvertes du temple de Rome, comme plus de 50 000 personnes en janvier et février.

Gary E. Stevenson, du Collège des Douze, a servi de guide au père Smolich pour une visite individuelle du temple et lui a offert une figurine de Lladro représentant le Christus. La figurine se trouve maintenant dans le hall du bureau du Service jésuite pour les réfugiés au Vatican, selon Gilles François, responsable de l’entraide pour les Saints des Derniers Jours en Europe.

Considération bienveillante

Monseigneur Fitzgerald et le président Ballard, qui était au Vatican samedi, se téléphonent et se viennent en aide.

Monseigneur Fitzgerald a déjà eu ce genre de relation d’amitié avec d’autres prophètes et apôtres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Il raconte que 1980 fut un moment clé dans la relation, quand la Première Présidence au complet et les douze apôtres organisèrent un déjeuner en l’honneur de l’évêque catholique de Salt Lake qui prenait sa retraite, Joseph L. Federal, et de son remplaçant, William K. Weigand.

« C’était presque impensable », a expliqué Monseigneur Fitzgerald. L’évêque Weigand et Thomas S. Monson, qui fut plus tard le président de l’Église, sont devenus très amis. Elder Monson assista à l’ordination et au départ de l’évêque Weigand. Les dirigeants de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ont invité tous les évêques du diocèse de Salt Lake qui se sont succédés à un déjeuner de bienvenue.

Bénévole avec un plateau de muffins

Kristin Murphy, Deseret News

Cherry Leithead, bénévole de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours charge un plateau de muffins à la cantine Saint-Vincent-de-Paul de Salt Lake City, le jeudi 7 mars 2019.

Plus ils se sont rencontrés et ont travaillé sur des questions communautaires telles que l’éducation et l’aide aux immigrants et aux pauvres, plus un respect mutuel s’est développé. Il y a vingt ans, le diocèse de Salt Lake City avait demandé l’aide du président Monson, alors membre de la Première Présidence, lorsque des Saints des Derniers Jours de Draper, dans l’Utah, s’étaient opposés à leur projet de construction d’une école et d’un centre religieux.

Monseigneur Fitzgerald a raconté : « Le président Monson appela les présidents de pieux et les évêques locaux pour leur dire qu’il voulait que l’opposition cesse. Elle cessa. »

Des années plus tard, les dirigeants de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours demandèrent son aide au diocèse de Salt Lake, quand quelques catholiques s’opposèrent au projet du temple de Paris. Le diocèse écrivit une lettre, l’opposition prit fin et le temple ouvrit en 2017.

« Ces actions n’étaient pas dans les journaux, mais ce sont des signes de confiance », a déclaré Monseigneur Fitzgerald. « Nous sommes attentifs à ce que les Saints des Derniers Jours disposent des installations nécessaires pour leur culte et ils font la même chose pour nous. »

Il n’y a pas eu besoin d’intervention spéciale pour la construction du temple de Rome. L’Evêque Caussé s’est rendu à quatre reprises au Vatican pour rencontrer des responsables catholiques au cours de la procédure d’obtention des autorisations et de la construction du temple. Il a dit que les pères catholiques étaient respectueux et curieux d’en savoir plus sur les temples.

Prêtre catholique devant le Vatican

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Un prêtre marchant près du Vatican à Rome, le samedi 9 mars 2019. Ce jour-là, Russell M. Nelson, président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours rencontre le pape François.

« On n’a même pas entendu parler d’opposition ou de réticence de la part de l’Église Catholique durant toute la procédure », a raconté l’Evêque Caussé. « Il y avait une considération bienveillante, pas d’encouragement, mais pas de dissuasion non plus. Et nos échanges ont toujours été très bons et très courtois. »

« Lors de nos rencontres au Vatican, la qualité et la portée de notre travail d’aide humanitaire ont souvent été évoquées et reconnues. »

Le travail d’aide conjoint est un autre pilier de la collaboration des Églises.

Modeler la civilité

Le pape François a dit : « une Église sans charité n’existe pas », et l’éventail des œuvres caritatives catholiques dans le monde est stupéfiant. En plus du Service jésuite pour les réfugiés, un autre réseau d’organisations caritatives catholiques, appelé Caritas, couvre 160 pays. Malteser International opère dans une vingtaine de pays déchirés par la guerre et confrontés à l’arrivée de réfugiés. Catholic Relief Services, structure de développement économique et d’assistance humanitaire de la communauté catholique américaine, est une vaste organisation qui opère dans plus de 100 pays et aide plus de 130 millions de personnes par an, a déclaré Sean Callahan, son président et PDG.

Un réfugié va aux cours d'Autonomie, Italie

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Un réfugié participe à des cours à l’Église St-Paul-dans-les-Murs à Rome, le jeudi 7 mars 2019. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours s’associe à l’Eglise Catholique pour aider les réfugiés.

LDS Charities travaille avec chacun d’eux.

En fait, Callahan était à Salt Lake City lundi pour rencontrer Dean M. Davies, de l’Episcopat président. Il a confié au Deseret News que les actions de LDS Charities, bien que plus petite en taille, sont essentielles pour les Catholic Relief Services, quand ils travaillent ensemble dans des pays tels que le Sud-Soudan, la Jordanie, le Népal, le Yémen, le Myanmar et les zones dévastées que l’État Islamique a abandonnées au cours de sa retraite en Irak.

« Ce n’est pas du tout une question de taille, mais de notre mission », a-t-il déclaré. « Nous avons la même mission d’aider tous les enfants de Dieu dans le monde. »

Callahan a déclaré qu’ensemble, les organisations caritatives des deux Églises favorisent un changement positif.

« Je reviens tout juste d’une réunion avec des partenaires du Moyen-Orient. J’ai mentionné que cette réunion avait lieu à Salt Lake City. Les gens m’ont dit : ‘Vraiment ? Vous rencontrez l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ?’ ».

C’est une question légitime. Les deux Églises ont des différences majeures sur des points essentiels de la doctrine. Par exemple, elles ne reconnaissent pas la validité des baptêmes de l’autre et ne sont pas d’accord sur le concept de la Trinité et du péché originel.

Selon Callahan, c’est plutôt une chance.

« Travailler avec d’autres groupes religieux nous aide à modeler la coopération interreligieuse et interculturelle en Irak, en Jordanie et au Liban », a-t-il déclaré. « Il est aussi important que les gens nous voient faire cela ensemble. Là où l’État Islamique a propagé l’extrémisme radical, il est merveilleux que des groupes religieux se rassemblent pour manifester leur solidarité. Ainsi, même notre personnel sait que les autres religions sont derrière lui. »

Robert Hokanson a vécu une expérience similaire cette semaine en Ouganda. Le directeur de LDS Charities a déclaré qu’un réfugié musulman avait exprimé sa reconnaissance de pouvoir entrer dans un bureau du service jésuite pour les réfugiés sans craindre de faire l’objet de discrimination. Après avoir posé des questions sur la foi de Hokanson, un groupe de Catholiques, de Musulmans et de Saints des Derniers Jours a eu une conversation sur les services que les différentes confessions fournissaient ensemble pour les réfugiés en Afrique.

« Nos méthodes, dans le domaine de l’humanitaire, doivent respecter la liberté de religion », a déclaré Hokanson. « En le faisant, cela montre au monde que c’est vraiment important. La liberté de religion et de conviction nous permet d’exercer notre foi de manière à ce que d’autres soient bénis. »

Elder Dini Ciacci a dit que le pape François et le président Nelson avaient modelé cette civilité lors de leur réunion de samedi.

« Il y avait un grand sentiment de fraternité, d’amour et de respect, et c’est beau à voir », a-t-il déclaré, « c’est quelque chose dont nous pouvons tirer des enseignements dans notre association avec des personnes d’autres religions. »

Fédérer les forces

Catholic Relief Services est essentiel pour LDS Charities, qui ne veulent pas dupliquer les infrastructures de son partenaire.

« Nous avons aidé Catholic Charities dans de nombreux pays où elle est implantée », a déclaré le président Nelson. « Et nous avons les personnes et les ressources de nos membres qui veulent aider. Parfois, c’est plus efficace si nous aidons simplement Catholic Charities, plutôt que d’essayer de tout faire seuls. »

« En cas d’urgence, de conflit civil déplaçant des personnes, ou de famine », a déclaré Hokanson, « nous pouvons appeler les Catholic Relief Services et leur dire : ‘Comment pouvons-nous aider ?’ Lorsque vous observez l’ensemble des choses que nous réalisons en partenariat avec eux, ils sont dans tant d’endroits où nous ne pourrions pas nous passer d’eux. Ils sont si forts et si bons dans ce qu’ils font, nous sommes reconnaissants et heureux de pouvoir être leurs partenaires. »

Une grande partie de ce qu’ils font ensemble se fait discrètement. Ils s’associent largement en Afrique, qui compte plus de personnes déplacées que n’importe quel autre endroit du monde.

Par exemple, Catholic Relief Services et LDS Charities participent à un projet conjoint en Ouganda dans le camp de réfugiés de Bidi Bidi, qui vient en aide à 1 200 familles dans le cadre d’un programme agricole. Le programme propose une formation professionnelle et des bons d’achat de semences et d’outils, permettant aux agriculteurs déplacés de créer des parcelles de jardin et de remettre le pied à l’étrier.

Ils soutiennent également ensemble les réfugiés rentrant chez eux en Irak à la suite de la défaite de l’État Islamique, et en Éthiopie.

La Bosnie, qui connait des difficultés économiques, avait accueilli une poignée de réfugiés il y a un an. Aujourd’hui, il y en a environ 10 000. LDS Charities travaille avec le Service jésuite des réfugiés et Caritas pour aider dans les centres d’intégration des réfugiés, fournissant des lave-linge et des sèche-linge, des chaussures, des sacs à dos et des kits d’hygiène, a déclaré sœur Karen Cooper de West Jordan, Utah, en mission avec son mari pour diriger les actions en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Ils ont également coordonné l’installation de cuisines industrielles dans des centres caritatifs Catholiques pour nourrir des réfugiés.

LDS Charities et Caritas travaillent aussi ensemble dans des centres de placement et d’intégration de réfugiés en Norvège.

« Le financement nous a permis de proposer des aides pour trouver un emploi et d’autres cours à plus de 4 000 personnes en 2016 et à plus de 2 000 en 2017 », a expliqué Per Wenneberg, directeur des services d’intégration et de migration de la Caritas en Norvège. « Nous sommes vraiment fiers de cette coopération, car nous aidons les personnes les plus vulnérables. »

A la frontière

L’an dernier, lorsque l’administration américaine est revenue sur sa stratégie de courte durée consistant à séparer les familles immigrées à la frontière américano-mexicaine, elle s’est tournée vers des organisations Catholiques et Luthériennes pour aider à la réunification des familles. Ces organisations se sont tournées vers LDS Charities pour obtenir des fonds supplémentaires, a déclaré Bill Canny, directeur exécutif des services de migration et des réfugiés de la conférence des évêques Catholiques des États-Unis à Washington, DC.

LDS Charities a fourni 420 000 dollars, a indiqué le vice-président de l’organisation, Kris Mecham.

« Plus de 1 800 familles ont été réunies en 75 jours entre les deux agences », a-t-il déclaré. « Le caractère sacré de la famille est l’une des valeurs les plus chères à l’Église et à Catholic Charities. Il était donc très gratifiant de participer ensemble à quelque chose d’aussi inestimable : aider à réunir ces familles. »

Des réfugiés allant visiter un musée après les cours à l'Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Des réfugiés allant visiter un musée après les cours à l’Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome, le jeudi 7 mars 2019. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours collabore avec l’Église Catholique pour aider les réfugiés.

Les dirigeants des Saints des Derniers Jours ont récemment réfléchi à la possibilité de postuler pour devenir un organisme de réinstallation des réfugiés avant d’y renoncer. Au lieu de cela, ils soutiennent les efforts de l’Église Catholique dans 35 états, ainsi que ceux d’autres religions, a déclaré Mecham.

« Nous avons eu beaucoup de chance ces dernières années d’avoir un excellent partenariat avec les Saints des Derniers Jours », a déclaré Canny, « particulièrement en ce qui concerne l’accueil des nouveaux arrivants dans le pays. Cela inclut des réfugiés et parfois des immigrés, en particulier des demandeurs d’asile. »

Les services de migration et des réfugiés coordonnent l’accès de deux douzaines d’organisations caritatives Catholiques locales à des fournitures et des ressources dans les magasins des évêques de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours aux États-Unis.

« C’est un formidable soutien pour l’un des réseaux de réinstallation des réfugiés aux États-Unis », a déclaré Canny.

Les dirigeants des Saints des Derniers Jours se sont engagés à fournir 450 000 dollars en espèces et 600 000 dollars en 2019 pour l’accès aux associations caritatives Catholiques qui réinstallent des réfugiés et travaillent avec des demandeurs d’asile aux magasins.

Ce sera la quatrième année consécutive que l’Église apporte une contribution au programme de réinstallation des réfugiés de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a déclaré Mecham.

Des réfugiés assistent à un cours de cuisine de LDS Charities

Jeffrey D. Allred, Deseret News

Des réfugiés assistent à un cours de cuisine dispensé par des missionnaires de LDS Charities à l’Église épiscopale Saint-Paul-dans-les-Murs de Rome, le jeudi 7 mars 2019. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours collabore avec l’Église Catholique pour aider les réfugiés.

Liberté religieuse

La liberté religieuse est un autre élément clé de la collaboration.

« Il s’agit de la dignité humaine ou de la valeur de chacun », a indiqué Gary Doxey, directeur adjoint du Centre international d’études du droit et de la religion de l’université Brigham Young. « C’est la base de la liberté de religion et de l’ensemble du régime des droits de l’homme. Et c’est aussi une doctrine qui est très importante pour l’Église Catholique et pour nous. Nous sommes tous enfants de Dieu et égaux en valeur. »

« BYU, propriété de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, a organisé un défilé d’éminents orateurs catholiques sur le sujet. Le défunt cardinal Francis George s’est adressé à une foule de 12 000 personnes sur le campus en 2010 et a déclaré que les tentatives visant à réduire la liberté de religion au culte privé et à la conscience individuelle étaient la tradition de l’Union soviétique.

« Je suis personnellement reconnaissant qu’après 180 ans de vie, les Catholiques et les Saints des Derniers Jours aient commencé à se considérer comme des partenaires de confiance dans la défense de principes moraux communs », a-t-il déclaré.

L’archevêque de Philadelphie, Charles Chaput, a prononcé un discours à BYU en 2015.

« Je suis sûr que mes prédécesseurs, il y a 30 ans, seraient étonnés que je sois invité à l’université Brigham Young pour vous parler », a-t-il déclaré. « Ils n’auraient tout simplement pas pensé que c’était possible. Nous avons atteint un point de convivialité. Je pense que les circonstances nous y ont forcés. Si nous ne sommes pas ensemble, nous sommes seuls, individuellement. »

Le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York et ami de longue date de plusieurs dirigeants de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, dont le regretté L. Tom Perry, du Collège des Douze Apôtres, parlera de la liberté de religion cet été à l’université Utah Valley à Orem, dans le cadre du festival de la liberté des États-Unis de Provo, selon la porte-parole de BYU, Carri Jenkins.

« Plus nous pourrons collaborer et partager », a déclaré Callahan, PDG des Catholic Relief Services, « mieux nous nous porterons en tant qu’organisations et mieux ce sera pour les communautés que nous servons. »


Article original publié sur Deseret News et traduit par Christine.