L’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dont les membres sont parfois appelés, de façon informelle, les Mormons, ont pratiqué la polygamie jusque dans les années 1880. La polygamie mormone était appelée le mariage plural, mais elle ne fait plus partie du Mormonisme de nos jours. Aujourd’hui, tout Mormon découvert en train de  pratiquer la polygamie est excommunié. Les groupes polygames qui existent aujourd’hui ne sont pas et, dans la plupart des cas, n’ont jamais fait partie de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, même s’ils se font appelés «Mormons».

La polygamie mormone

Brigham Young est souvent associée à la pratique abandonnée de la polygamie mormone.

La polygamie mormone a commencé, comme de nombreuses pratiques du début de l’Église, lorsque Joseph Smith a étudié la Bible et qu’il a remarqué que bon nombre des prophètes de l’Ancien Testament pratiquaient la polygamie. De toute évidence, s’ils étaient en train de commettre un grave péché, Dieu ne leur aurait pas permis de continuer à être prophètes. Il a prié et a reçu une révélation à ce sujet. Bien que la monogamie soit la norme à respecter pour le mariage, Dieu requiert parfois ou autorise la polygamie pour des desseins qui lui sont propres. Cependant, personne n’a le droit de l’initier de lui-même pour ses propres fins. Dieu a également révélé que cela serait un commandement pour les premières années de l’Église mormone.

Joseph Smith a eu de la difficulté avec ce concept. Finalement, il a été averti par un ange que s’il ne l’accomplissait pas, sa mission serait donnée à quelqu’un d’autre. La polygamie était un commandement à ce moment, malgré son point de vue personnel sur le sujet. Les tests ADN, là où ils ont pu être réalisés, ont écarté toute rumeur concernant des enfants issus de ses propres mariages polygames, il est donc probable que ses premiers mariages n’en portaient que le nom. Une femme a rapporté dans son journal intime que : le mariage était célébré, ils se serraient la main et chacun repartait vers son propre domicile. De toute évidence, Joseph Smith ne comprenait pas tous les objectifs du mariage plural, mais sa pratique, toutefois limitée, a préparé le terrain pour les événements à venir.

D’autres Mormons ayant été appelés à la pratiquer ont également eu des difficultés avec cette idée, et ils l’ont pratiqué seulement après que la prière les ait assuré qu’ils devaient respecter ce commandement. On estime sa pratique, durant les premières années, à environ 20 à 30 adultes, uniquement, qui pratiquaient la polygamie (ou plus exactement, la polygynie) et à son apogée, il n’y avait qu’environ un tiers des femmes mormones adultes qui pratiquaient la polygamie mormone. La plupart des familles ne comptait que deux épouses, quelques-unes en comptaient trois, et encore moins, comme celle de Brigham Young, en comptaient plusieurs.

Les premières rumeurs au sujet de la polygamie mormone ont provoqué une intensification de la persécution et de nombreuses distorsions, dans l’imagination populaire, de ce qui se vivait en réalité. Il a été présumé par le monde extérieur que la polygamie impliquait l’assujettissement des femmes et qu’aucune femme ne voulait du mariage polygame. Ils ont été surpris d’apprendre que de nombreuses suffragettes mormones se faisaient entendre tout autant que d’autres et qu’elles défendaient la polygamie. Dans de nombreuses familles, c’étaient les femmes qui étaient les plus grandes défenseures de la polygamie mormone. S’il est vrai que certaines familles polygames ne fonctionnaient pas très bien, ceci est aussi vrai, bien évidemment, des familles traditionnelles. Certains hommes n’arrivaient pas à équilibrer leur temps ou à faire sentir à chaque femme qu’elle était aimée de façon égale. Certaines femmes étaient jalouses en dépit des efforts de l’homme. Pourtant, de nombreuses femmes aimaient faire partie d’une famille plurale et ont tissé de profonds liens d’amitié avec leurs « sœurs-épouses ».

Certaines femmes trouvaient que le mariage plural leur donnait plus de liberté qu’un mariage traditionnel. Dans les foyers où une épouse acceptait de s’occuper de la maison et de tous les enfants, l’autre épouse pouvait retourner à l’école ou faire carrière. De nombreuses femmes pratiquant le mariage plural ont fait carrière dans des domaines normalement réservés aux hommes. Par exemple, Martha Cannon a été la première femme médecin à une époque où les femmes n’étaient pas médecins. Plus tard, elle s’est lancée en politique, a fait campagne et a fini par gagner une élection contre son propre mari, avec le soutien de celui-ci. Elle a expliqué que de gagner contre son mari n’était pas son but. Elle voulait seulement attirer l’attention sur la nécessité d’une réforme des soins de santé. Une autre femme d’un mariage mormon polygame s’appelait Emmaline B. Wells. Elle était l’une des six femmes de Daniel Wells. Elle a fait  carrière en tant qu’éditrice de magazine, mais elle était aussi une ardente défenseure des droits des femmes. Elle s’est souvent rendue à Washington D.C. pour travailler avec son amie Susan B. Anthony dans sa lutte pour le droit de vote des femmes. Le droit de vote des femmes était l’un des centres d’intérêt les plus importants pour les femmes mormones, qui ont perdu leurs droits politiques, lorsque le gouvernement s’est emparé de l’Utah. La plupart des groupes en faveur du droit de vote étaient à peu de choses près alignés avec les idées de la Société de Secours, une organisation auxiliaire pour les femmes mormones.

“Tel que je l’ai souvent dit à mes sœurs de la Société de Secours, nous avons des soeurs ici qui, si elles ont eu le privilège d’étudier, feraient d’aussi bonnes mathématiciennes ou comptables que n’importe quel homme; et nous pensons qu’elles devraient avoir le privilège d’étudier ces branches du savoir pour qu’elles puissent développer les pouvoirs dont elles ont été dotées. Nous croyons que les femmes sont utiles non seulement pour balayer le sol des maisons, laver la vaisselle, faire les lits et élever les bébés, mais qu’elles doivent se tenir derrière le comptoir des magasins, étudier le droit ou la médecine, ou devenir de bonnes gestionnaires de livres de compte et être en mesure de gérer le budget de la maison, et ce pour élargir leur sphère d’utilité pour le bien de la société dans son ensemble (DBY, 216-17).

Les sœurs de notre Société de Secours ont fait beaucoup de bien. Pouvez-vous dire tout le bien que les mères et les filles en Israël sont capables de faire? Non, c’est impossible, il y en a trop. Et le bien qu’elles font va les suivre à toute éternité (DBY, 216).” (Brigham Young, Enseignements des présidents de l’Église : Brigham Young).

La polygamie mormone était pratiquée de manière très différente que celle qui est pratiquée par les groupes polygames de nos jours. Comme mentionné précédemment, c’était une pratique mineure, même à son apogée. Personne n’a été forcé à la pratiquer et les hommes ne pouvaient pas avoir d’épouses supplémentaires sans la permission à la fois du prophète et de la première épouse. Le mari devait démontrer qu’il avait la capacité de subvenir aux besoins financiers des épouses supplémentaires. Puisque les femmes étaient libres de rejeter toute offre de mariage, les hommes devaient traiter leurs épouses d’une bonne manière afin de convaincre les autres épouses de rejoindre la famille. Bien que Brigham Young n’approuve pas le divorce, il a presque toujours donné la permission de divorcer à toute femme qui en a fait la demande, en particulier, en ce qui concerne les mariages polygames. Cependant, aux hommes qui demandaient le divorce, on leur a presque toujours conseillé de retourner chez eux et de réparer leurs couples brisés. Il sentait que les femmes avaient le droit de se sortir d’une situation difficile et d’essayer de l’améliorer et il a compris que, parfois, la polygamie n’était pas aussi facile pour une femme que ce qu’elle avait imaginé au départ.

Des lois fédérales strictes ont été adoptées pour punir les Mormons. L’une d’elles a même autorisé l’arrestation d’un homme pour avoir subvenu aux besoins de sa femme et de son enfant, même s’il n’a jamais vécu avec elle. Beaucoup d’hommes ont considéré cela comme un acte cruel car ils avaient des enfants qui avaient besoin d’être soutenus, même si leur mariage avait été annulé et que beaucoup ressentaient l’obligation morale de prendre soin des femmes avec lesquelles ils avaient été mariés jusqu’à ce qu’elles se remarient. 12’000 Mormons ont été privés de leur droit de vote, malgré le fait qu’ils aient cessé de pratiquer le mariage plural au moment où la loi anti-polygamie a été adoptée et bien que le « Serment de fidélité » ait, par la suite, été reconnu comme étant anticonstitutionnel. Lorsque les hommes ont été arrêtés, on a forcé leurs épouses à témoigner contre eux sous peine d’emprisonnement.

En 1887, la Loi Edmunds-Tucker a privé l’Église de ses droits et la plupart de ses avoirs ont été confisqués, bien que les Mormons aient reçu la permission de louer leurs propres biens à nouveau. Les femmes mormones ont perdu le droit de vote et personne n’a été autorisé à voter, à occuper un poste ou à servir dans un jury sans avoir signé, au préalable, un serment affirmant qu’il soutenait les lois anti-polygamie. Les enfants issus de mariages pluraux ont été déshérités. Afin de protéger les temples d’être profanés, l’église les a placés sous le contrôle d’une organisation à but non-lucratif.

En 1890, le prophète de l’époque, Wilford Woodruff, a prié et a reçu une révélation concernant la polygamie. “Il m’a dit exactement quoi faire et quel serait le résultat si nous ne le faisions pas” (Deseret Evening News, 14 novembre 1891). La polygamie n’a été qu’un moyen de faire avancer l’œuvre du Seigneur, et ce depuis l’époque de la Genèse biblique. Maintenant, le temps est venu où les raisons pour lesquelles elle a été instaurée ont été remplies et sa poursuite conduirait à la destruction de l’Evangile. Dieu, bien évidemment, savait pour combien de temps elle pourrait poursuivre et nous pouvons avoir confiance en Lui, qu’Il a rempli tous les besoins qui devaient être comblés durant cette période. Le temps était venu, alors, de s’assurer que l’Évangile rétabli puisse continuer.