Quand Valerie Wanlass et son époux ont acheté une voiture d’occasion avec un ichthus (un symbole en forme de poisson signifiant l’appartenance à la chrétienté), elle s’est demandé brièvement si elle devait le retirer.

« Mais ensuite je me suis dit : ‘Je suis chrétienne. Je vais donc le laisser’ » dit-elle.

Le symbole avait l’effet d’un aimant, dit-elle.

Les gens venaient vers elles dans les parkings en agissant comme s’ils étaient de vieux amis. On lui faisait des réductions sur les vidanges de sa voiture. Ça a été une révélation, dit-elle, sur la façon avec laquelle les gens qui ne sont pas mormons se serrent les coudes.

Mais il y avait quelque chose qui la gênait dans la manière avec laquelle ces étrangers l’approchaient seulement lorsqu’ils pouvaient s’identifier à un symbole. C’est ce qui lui a donné envie de devenir « un pont entre les gens et les croyances », et c’est ce désir qui l’a conduit à devenir aumônière.

 

Le chemin pour devenir aumônière

Valerie Wanlass n’a pas grandi en voulant devenir aumônière, mais certains événements de sa vie l’y ont conduit.

Membre de l’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours, elle a décidé de partir en mission peu après ses 20 ans. Après seulement quelques semaines au centre de formation missionnaire, elle a reçu un appel téléphonique. Sa mère venait de mourir après avoir lutté contre le cancer.

Elle a été aux obsèques, puis est retournée en mission, mais elle était toujours en deuil. A ce moment-là, elle ne réalisait pas que le fait d’oublier des petites choses comme son manteau à l’aéroport de Salt Lake et être fatiguée tout le temps étaient des signes de deuil.

« Je me suis sentie bête pendant des années en pensant que j’avais été tête en l’air et que j’avais dû importuner les autres missionnaires pour qu’ils m’aident à trouver un autre manteau en arrivant en Italie en hiver », dit-elle. « Maintenant, j’encourage les gens en deuil à être plus gentils et à faire preuve de plus de compassion avec eux-mêmes lorsqu’ils sont en voiture et qu’ils ne savent plus où ils vont, ou quand ils retrouvent les clés, qu’ils ont cherchées pendant des jours, dans le congélateur. Le deuil nous affecte de manières inattendues. »

Heureusement, Valerie Wanlass avait une collègue de mission qui avait également perdu sa mère et qui pouvait comprendre ce qu’elle ressentait. Mais cette expérience personnelle de perdre un membre de sa famille a été le point de départ du chemin qui l’a amené à devenir une aumônière travaillant avec les résidents des hospices et leurs familles.

aumônière mormone

Valerie Wanlass (à droite)

Mosiah et la Gratitude

Cherchant à servir autrui et à montrer de la gratitude, Wanlass a été inspirée par les chapitres de Mosiah qui parlent d’être un serviteur efficace de notre Père céleste, et elle a commencé à chercher des opportunités de bénévolat.

En raison de son expérience passée, elle a ressenti une attirance vers le Centre Bradley pour les enfants et familles en deuil, un centre fondé par Carrie Moore et Janice Taylor. Intriguée par Carrie Moore qui était elle-même aumônière, Wanlass a commencé à s’intéresser à ce que font les aumôniers.

Ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait. Elle pensait que les aumôniers faisaient partie d’une autre religion, mais s’est rendu compte qu’ils pouvaient être de toutes les religions. Ils peuvent exercer leur métier dans l’armée mais aussi dans les hôpitaux, les prisons, les universités, et avec les résidents des hospices. Les aumôniers apportent un soutien spirituel, tiennent des services non confessionnels, guident les gens dans leur deuil, et leur donnent accès à des services religieux même s’ils ne sont pas de la religion concernée.

Bien que Wanlass soit parfaitement au courant de ce que les aumôniers sont, exerçant elle-même ce métier, selon elle les autres ne comprennent pas toujours ce qu’est un aumônier.

« Mon mari en a fait l’expérience », dit-elle en rigolant. « Il a pu dire à une personne que nous n’avons pas vu depuis longtemps : ‘Ouais, ma femme est aumônière’. Et il a eu un genre de réaction comme : ‘Oh je suis désolé’, de gens qui pensaient que j’avais quitté l’Eglise. »

Bien que ces expériences soient comiques, elle a connu des moments dans son métier ou son désir de rassembler les gens s’est trouvé bloqué par les fausses idées de certains.

Un jour, après avoir longuement parlé avec une femme qu’elle aidait, Valerie Wanlass a demandé si elle voulait prier avec elle. La femme a refusé disant qu’elle ne savait pas à quelle dénomination elle appartenait et qu’elle ne se sentait pas à l’aise de prier avec elle.

C’est une expérience à laquelle Wanlass n’est pas habituée, mais qui est de moins en moins fréquente.

« En tant qu’aumônière, j’entends des histoires de gens ou de leurs enfants qui sont exclus en raison de leur religion et la douleur qu’ils ont enduré toute leur vie », dit-elle. « J’ai mal lorsque j’entends ces expériences. Parfois l’exclusion va dans les deux sens et devient cyclique. Même si je sais que cela arrive encore, je pense que les gens essayent d’en prendre conscience et deviennent plus tolérant en général. »

Les fruits de l’Esprit

Dans le cadre de son métier, Valerie Wanlass n’a pas vraiment la possibilité d’enseigner activement les gens à propos de l’Eglise. Mais elle apprécie le fait de pouvoir entretenir la lumière du Christ avec les gens de toutes religions.

« Nous sommes tous à un point différent de notre parcours et parfois il suffit qu’une personne écoute et nous laisse parler de nos sentiments et de notre foi pour pouvoir se rendre compte que nous avons la foi, que nous avons en effet la force et le courage qui découlent de ces croyances qui vont au-delà de ce que nous pouvons faire nous-même dans le monde ». Dit-elle

Elle dit que l’une des choses les plus belles qu’elle puisse voir est lorsqu’une personne proclame sa foi, les larmes aux yeux. Les voir durant l’un des moments les plus sombres de leur vie admettre que c’est difficile, mais qu’ils savent qu’ils reverront un jour leurs êtres aimés.

Elle remarque également les fruits de l’Esprit tels que la paix qui vient des gens de toutes religions ressentant l’amour de leur Père Céleste.

« C’est vraiment un privilège sacré de pouvoir être là et soutenir les gens dans ces moments charnières de leur vie, dans la difficulté, et une telle joie de voir les gens comprendre ce qui leur arrive », dit-elle. Je suis inspirée par les gens que je rencontre ; c’est simplement un grand privilège d’être aumônière. »

 

Article écrit par Katie Lambert et publié dans LDS Living, traduit par Samuel Babin