Rencontre avec Jack et Vince

Il y a cinq ans, alors que nous étions dans une nouvelle paroisse et participions à la classe des principes de l’Evangile, mon fils s’attacha rapidement à un homme, large de stature et qui jouait au rugby. Lorsqu’il nous serrait la main, il pouvait nous soulever du sol. Il était grand, intelligent et nouveau dans l’Eglise. Il s’était fait baptisé il y a quelques mois, même si ça faisait plusieurs années qu’il était en contact avec le mormonisme. Il y avait quelque chose chez Jack qui faisait que nous l’aimions sans hésitation,  c’était sa sincérité et sa dévotion à parler souvent des injustices sociales.

Il y a quelques années, Jack a commencé à emmener son ami Vince à l’Eglise. Tous les dimanches, Vince portait une chemise noire et un pantalon presque aussi sombre que sa peau. Les petits-enfants qui le tenaient par la main en entrant dans la salle de sainte-cène ont couru dans les bras de Jack.
Une autre famille leur gardait une place pour s’assoir à côté d’eux. Vince ne parlait pas beaucoup, mais il était clair qu’il était doux et sage et qu’il avait de l’expérience. Il acceptait les enseignement avec grâce.
Lors du baptême de Vince, Jack a parlé de l’époque où il était en prison et comment lorsqu’il était au plus bas, il a eu le désir de trouver Dieu. Sa famille, de là où ils étaient assis, répétait à l’unisson “Amen!” et “Alleluia!”.

Se souvenir de ceux qu’on ne peut pas voir ou entendre

Il y a quelques dimanches, Vince, qui, avec Jack a lancé dans notre paroisse un programme qui visait à créer des contacts avec des prisonniers, était avec nous sur le parking et il tenait dans ses mains une lettre qui était arrivée la veille. Il était si calme a l’Eglise, mais lors de cet après-midi humide lorsque nous nous apprêtions à mettre nos sacs de l’Eglise dans la voiture, il se lança sans le vouloir dans un sermon sur l’importance de prendre soin de ceux qui sont mis à l’écart et expliqua qu’il s’était déjà retrouvé dans cette situation et il s’était demandé si la vie allait continuer sans lui. Il raconta qu’il avait reçu cette lettre de son cousin qui était toujours en prison et elle lui rappela combien il était facile d’oublier ou même pire, de ne pas penser à ceux que nous ne pouvons pas voir ou entendre.
Le discours de Vince ne contenait pas le vocabulaire habituel de l’appel à l’action mormon, il a simplement terminé en laissant couler quelques larmes et en tenant fermement la lettre dans ses mains. Mes enfants avaient faim et ils criaient de leur siège auto. Des larmes inattendues coulaient sur mes joues et les seuls mots que j’ai pu dire ont été: “Vince, est-ce que tu peux me trouver des femmes à qui je pourrai écrire?”
Cela fait quelques semaines que je n’ai pas vu Vince, mais ce soir, Jack m’a envoyé deux noms de femmes en prison qui ont demandé à recevoir des lettres. Dans son message, Jack m’a donné les deux noms et à simplement dit: “Nous ne savons rien d’elles. Mais elles attendent vos lettres.

Les lettres que je vais écrire à celles qui les attendent

Nous ne savons pas tout de L’Evangile de Jésus-Christ  mais nous savons qu’il y a des gens, que l’on voit et d’autres que l’on ne voit pas qui attendent que nous les trouvions et que nous fassions quelque chose pour les aider et en retour, nous ressentirons une chaleur dans notre cœur. Parfois, c’est moi qui ai besoin que l’on me trouve, même si je peux être égoïste.
Je ne sais pas ce que je vais dire à ces femmes, il y a de grandes chances qu’elles soient plus fortes et plus courageuses que moi, mais offrir quelques paroles quand une personne se sent seule, c’est quelque chose que je peux faire. Il y a tellement de personnes qui ont fait de même avec moi, des gens comme Jack, ma mère, Vince, mes visiteurs au foyer, mes sœurs visiteuses, et tant d’autres qui n’étaient pas obligés de me parler. Je vais faire le premier pas sous la forme d’une lettre. C’est un petit geste mais si vous lisez ces mots, je vous encourage à faire de même pour une personne qui a été oubliée ou qui du moins, pense qu’elle a été oubliée. Et peu importe ce qui ne fonctionne pas dans la religion, les règles, l’orgueil ou les coutumes passées. Ce qui est à retenir c’est que nous ne savons rien d’eux. Mais ils attendent nos lettres.
Cet article a été écrit par Ashmae, publié sur bycommonconsent.com et traduit par Léa.