Pendant mes années aux jeunes filles, j’ai entendu beaucoup de leçons sur les effets néfastes du commérage. Dans mon cerveau de fille de 14 ans, je pensais qu’on nous enseignait ces leçons parce que le commérage était un problème qui ne concernait que les adolescentes, mais cette période de naïveté ne dura pas longtemps.

Au cours d’un chaud après-midi de juin, j’étais avec une amie de ma paroisse. Après avoir regardé Retour vers le futur sur une cassette VHS, nous sommes remontées de son sous-sol pour grignoter quelque chose. A travers la fenêtre, nous avons entendu les rires et les bavardages de plusieurs mères du voisinage. Elles parlaient de leur famille, des projets de vacances et des dernières coupes de cheveux à la mode. C’est là que leur conversation a pris une tournure qui m’a vraiment choquée.  

Elles ont commencé à critiquer les coiffures de plusieurs femmes du quartier, de la coupe à la couleur, en passant par la frange et les banana clips (c’était les années 80 après tout). Rapidement, elles se sont focalisées sur une femme particulièrement peu « élégante ».

“J’ai entendu dire que son mari la trompe et dépense tout leur argent sur sa petite amie”, dit l’une d’elle.

“Je crois qu’ils sont en cours de divorce”, ajouta une autre. « Elle est probablement fauchée. Mais elle devrait essayer d’améliorer son look si elle veut avoir une chance de se remarier ».   

Les femmes continuaient à aborder différents sujets, débatant au sujet de l’enfant qui aurait dû gagner le concours d’écriture de fin d’année de l’école à la place de la gagnante dont la rédaction n’était pas si bonne que ça. (Et c’était moi la gagnante…)

J’étais blessée par ce qu’elles avaient dit de moi, mais j’étais encore plus troublée par le fait que ces femmes étaient dans ma paroisse. Elles étaient instructrices à la Primaire, à l’École du dimanche, et, oui, conseillères aux Jeunes Filles. Aussi naïf que cela puisse paraître, je ne savais pas que les femmes adultes faisaient du commérage, et la raison pour laquelle je l’ignorais c’est parce que je n’avais jamais entendu ma mère répandre des rumeurs ou dire quelque chose de négatif sur qui que ce soit. Jamais.

D’un point de vue social, je comprends comment le commérage peut être une expérience qui rapproche les gens, car diffuser des informations croustillantes et être la source d’informations peut vous faire sentir important, au courant des choses, et faisant partie des gens populaires. Et je me demande souvent si ma mère a sacrifié sa popularité dans le quartier dans une certaine mesure parce qu’elle ne participait pas à ces conversations.  

En vieillissant, j’ai pu me rendre compte du caractère confidentiel de certaines informations connues des dirigeants de l’Église (ou des visiteurs au foyer et sœurs visiteuses). Je réalise maintenant que ma mère, ayant servi en tant que présidente de la Société de Secours et dans d’autres appels, en savait probablement beaucoup plus sur les membres de la paroisse que beaucoup d’autres, ce dont elle aurait pu se servir pour le commérage si elle avait voulu.

J’ai pu comprendre, comme ma mère le comprend si bien, que la sérénité vient en se tenant à l’écart des drames. Après tout, nous nous sentons coupables lorsque nous disons des choses que nous savons ne pas devoir dire, et lorsque la personne visée est blessée et se sent trahie lorsqu’elle découvre ce qui a été dit (ce qui arrive presque toujours). Pour notre propre bien être, et celui des autres, le Seigneur a été clair sur le fait que nous ne devrions pas participer aux commérages. Prenez Psaumes 15 : 1-3, par exemple :

1  Psaume de David. O Eternel! qui séjournera dans ta tente? Qui demeurera sur ta montagne sainte?

2  Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice Et qui dit la vérité selon son coeur.

3  Il ne calomnie point avec sa langue, Il ne fait point de mal à son semblable, Et il ne jette point l’opprobre sur son prochain.

De la même manière dans Psaumes 34: 13, on nous dit « Préserve ta langue du mal, Et tes lèvres des paroles trompeuses; ». Dans Doctrine et Alliances 42: 27, le Sauveur nous dit: “Tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort. »  Et puis il y a mon verset préféré : « Celui qui veille sur sa bouche et sur sa langue Préserve son âme des angoisses. » (Proverbes 21 : 23)

Au fil des ans, je suis parvenu à réaliser à quel point le don de ma mère pour garder des confidences et faire bien attention à ses paroles est rare, et j’ai été énormément bénie de suivre son exemple. En tant que frères et sœurs dans l’évangile, nous devrions être ceux qui élèvent les autres au lieu de les abaisser, qui gardent les confidences au lieu de répandre des rumeurs ou des informations sensibles, même vraies. Après tout, comme dit le vieux dicton, « Ne jetez jamais de terre sur les autres. Vous ne faites que perdre du terrain. »

 


Article original écrit par Jessica Carter pour LDS Living et publié sous le titre What My Mom Taught Me About Gossip Without Saying a Word. Traduction par Samuel Babin. Français ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | English ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company