Cet article sur la maladie mentale est constitué d’extraits du livre Valley of Sorrow, d’Alexander B. Morrison

La maladie mentale, dans ses causes, formes et manifestations diverses, est placée en haut de n’importe quelle liste des affections qui éprouvent et tourmentent l’humanité. Dans sa publication, The Global Burden of Disease, l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a estimé qu’une forme de maladie mentale, par exemple la dépression, était le quatrième problème de santé le plus important constaté dans les pays émergents en 1990. L’OMS estime qu’en 2020, la dépression pourrait devenir le problème de santé numéro un dans cette partie du monde.

Si nous ajoutons aux lourds fardeaux résultants de la dépression ceux qui découlent de tout autre type et manifestation de maladies mentales à la fois dans les pays développés que dans les pays émergents, il est évident que ces troubles ont un effet immense sur les personnes qui en souffrent, leur famille, leurs amis, collègues et la société en général. …

Malheureusement, il y a de nombreux mythes et idées fausses sur les causes, l’évolution et les traitements de la maladie mentale parmi les saints des derniers jours tout comme il y en a dans le monde en général. Ces attitudes dangereuses et destructives comportent ce qui suit :

1. Toute maladie mentale est la cause d’un péché

la maladie mentale est elle résultat d'un péché?

Dans de nombreux cas, des pensées, actions et sentiments aberrants sont le résultat de la maladie mentale et non du péché. Ils viennent de la maladie mentale, non de la transgression. Ce n’est pas un moyen que Dieu utilise pour punir le pécheur. Partir du principe que ce soit le cas n’est pas seulement simpliste mais aussi contraire aux enseignements de l’Église du Christ. […]

Il est vrai que de nombreux saints des derniers jours fidèles qui respectent les commandements et honorent leurs alliances sont confrontés à des difficultés personnelles en rapport avec la maladie mentale ou doivent gérer, peut-être pendant longtemps, la douleur intense et la souffrance de membres de leur famille moralement justes mais mentalement malades. Ceux qui sont impliqués supportent souvent les fardeaux, angoisses et souffrances qui en résultent sans l’amour, l’acceptation ou la compréhension des autres. Je peux vous certifier que les dirigeants de l’Église ne sont pas du tout exempts du fardeau de la maladie mentale, que ce soit en tant que victime, aidant, membre de la famille ou ami. […]

Etroitement liée à l’idée que toute maladie mentale est la cause d’un péché existe la notion toute aussi erronée que si l’on vit comme on le devrait, on n’aura pas de problème. Ainsi, la vie selon eux sera comme le dit le proverbe “un long fleuve tranquille”; après tout, “les hommes sont pour avoir la joie” (2 Néphi 2:25), et si vous gardez les commandements vous pouvez raisonnablement vous attendre à être tout le temps heureux. En fait, Dieu vous le doit, c’est ce que vous pourriez penser. Mais vous auriez tort.

La vie ne marche pas comme ça. Là où il n’y a pas d’opposition, il ne peut y avoir de progression spirituelle … Sans tristesse il n’y aurait pas de joie. La tragédie, la tristesse, les afflictions font toutes partie de la vie. Et ce sont des bénédictions bien que souvent nous ayons des difficultés à comprendre pourquoi c’est le cas. Malgré la grâce d’un Père céleste qui nous aime et dont le but est de faire revenir ses enfants auprès de lui, aucun de nous n’est exempt de larmes et de souffrances. Tous les enfants de Dieu peuvent s’attendre à en faire l’expérience.

 

2. Quelqu’un est coupable pour cette maladie mentale

se sentir coupable de sa maladie mentale

Une autre idée fausse directement associé au mythe que la maladie mentale est la cause du péché et tout aussi dangereuse consiste à croire que quelqu’un est coupable pour une maladie mentale. Je crois que c’est une tendance humaine de jeter la faute sur les autres ou sur soi-même pour tout ce qui va mal dans la vie. De nombreuses victimes d’une maladie mentale s’épuisent émotionnellement par des tentatives répétées et futiles de se rappeler quelque chose qu’ils, leurs parents ou quelqu’un d’autre, aurait pu faire un jour, quelque part, et dont le résultat est la terrible souffrance qu’ils sont forcés de subir. …

La plupart du temps, manquant de compréhension à propos des causes de leur maladie mentale, les personnes qui en souffrent se culpabilisent elles-mêmes et nombreux sont ceux qui semblent incapables de se débarrasser des sentiments terribles bien qu’indéfinis qui sont parfois la cause de leur propre souffrance. Les parents, amis ou autres membres de la famille des personnes mentalement malades tourmentent trop souvent inutilement leur propre esprit, essayant futilement de déterminer ce qu’ils ont fait de mal. Ils prient sans cesse pour être pardonnés alors qu’il n’y a pas de preuve objective qu’ils aient fait quoi que ce soit qui doivent être pardonné. Ils pourraient tenter de négocier avec Dieu, Lui offrant n’importe quoi, même leur propre vie si seulement Il “guérissait” leur enfant ou membre de leur famille qu’ils aiment de tout leur coeur. Bien sûr, la plupart du temps, rien de tout cela ne fonctionne, pour la simple raison que les pensées et attitudes du malade sont les résultats de la maladie qui ne sont ni causés par les actions des autres ni par celles de Dieu.

Ceux qui jouent au “jeu de la culpabilité” avec eux-mêmes, croyant que leur maladie mentale est quelque part de leur faute terminent presque inévitablement par entretenir des sentiments intenses quoiqu’injustifiés de culpabilité et de honte … “Et si mon évêque le découvrait?” s’est écrié une femme qui prenait du Prozac pour sa dépression. Elle avait peur et était remplie de culpabilité pour ce qu’elle considérait, à tort, comme une honte ou une faiblesse. Curieusement, elle pensait, au beau milieu de sa confusion, qu’elle manquait de foi. Elle avait souvent prié pour être débarrassée de sa dépression et lorsque ses prières n’étaient pas répondues comme elle le désirait tellement, elle s’était convaincue que c’était là la preuve de la désapprobation divine et la preuve tangible qu’elle n’avait pas de foi et qu’elle ne recevait que du néant. …

Attribuer la faute à quelqu’un pour une maladie mentale cause une souffrance inutile à tous ceux qui sont concernés et consume du temps et de l’énergie qui seraient mieux utilisés dans d’autres façons : chercher à faire une véritable évaluation et un vrai diagnostique de la maladie, en comprendre les causes, apprendre des techniques comportementales et cognitives qui font partie du processus de guérison et avoir une prescription adéquate qui aidera à contrôler la maladie en inversant les changements chimiques qui en résultent. Lorsque les malades, les êtres chers et tous les autres arrivent à comprendre plus clairement la maladie mentale, la patience, le pardon et l’empathie remplaceront le déni, la colère et le rejet.

 

3. Tout ce dont ont besoin les personnes souffrant de maladie mentale c’est d’une bénédiction de la prêtrise

une bénédiction de la prêtrise est-elle suffisante pour guérir d'une maladie mentale?

Je suis un grand défenseur des bénédictions de la prêtrise et je suis tout à fait pour. Je sais, grâce à de nombreuses expériences personnelles, qu’elles font un bien inestimable. Je sais aussi que la guérison complète et finale, en ce qui concerne la maladie mentale et n’importe quelle autre maladie, vient de la foi en Jésus-Christ. Dans n’importe quelle situation, dans la maladie comme dans la santé, dans la joie ou la tristesse, notre vie s’améliore et devient plus riche et plus paisible lorsque nous nous tournons vers Lui. …

Cependant, sans dénigrer d’une quelque façon que ce soit le rôle essentiel des bénédictions de la prêtrise, puis-je indiquer ici que les dirigeants ecclésiastiques sont des dirigeants spirituels. On ne devrait pas attendre d’eux qu’ils endossent le rôle de professionnels de la santé mentale. Presque chacun d’entre eux manque de compétences et de formation professionnelle pour se charger efficacement des maladies mentales profondément ancrées. Il est plus sage de rechercher l’aide de professionnels compétents pour ceux dont ils s’occupent et qui en ont besoin. Souvenez-vous que Dieu nous a donné une connaissance et une technologie merveilleuses qui peuvent nous aider à surmonter des problèmes graves tels que la maladie mentale. Tout comme nous n’hésiterions pas à consulter un docteur pour des problèmes médicaux tels que le cancer, les maladies du cœur ou le diabète, nous ne devrions pas non plus hésiter à solliciter de l’aide médicale et toute autre forme d’assistance professionnelle adéquate qui traitent la maladie mentale. Lorsqu’une telle aide médicale est sollicitée, nous devons faire attention et nous assurer que, dans la mesure du possible, le professionnel de la santé concerné suit des pratiques et des procédures compatibles avec les principes de l’Évangile.

 

4. Les personnes souffrant de maladie mentale manquent tout simplement de volonté

la maladie mentale: en guérir n'est pas juste une question de volonté

Il y en a certains qui, dans leur manque de compréhension et d’empathie, croient à tort que la personne atteinte d’une maladie mentale doit juste “se secouer,” “faire preuve d’un peu de cran” et “se redresser!” […] Malheureusement, une telle bravade ne marche tout simplement pas… Le fait est que les personnes gravement atteintes de maladie mentale ne peuvent tout simplement pas, en exerçant leur volonté, se sortirent du malheur dans lequel ils se trouvent. Ils ont besoin d’aide, d’encouragement, de compréhension et d’amour.

Quiconque ayant déjà été témoin de l’incroyable et presque insupportable souffrance d’une grave attaque de panique sait pertinemment que personne ne souffrirait ainsi, si tout ce qu’il fallait pour s’en sortir était de faire preuve d’un peu de volonté. Quiconque ayant été témoin de la tristesse presque indescriptible d’une personne atteinte d’une grave dépression qui n’arrive plus à sortir du lit, qui pleure toute la journée, se renferme dans une apathie irrémédiable ou tente même de se suicider, ne pourrait penser une seule seconde que la maladie mentale est juste un problème de volonté. Quiconque ayant été témoin des délires fous et hallucinations terrifiantes d’un schizophrène ne pourrait penser qu’un peu de volonté est tout ce qu’il faut pour le remettre sur pieds. On ne dit pas à quelqu’un qui a le cancer ou une maladie du cœur : “Oh, grandi un peu et reprends-toi.” On ne devrait pas non plus traiter les personnes souffrant d’une maladie mentale de façon aussi indifférente et peu serviable.

Rien de tout cela ne devrait être considéré, en aucune façon, comme un sous-entendu que toutes les personnes avec une maladie mentale sont des victimes impuissantes, incapables de faire quoi que ce soit pour s’aider elles-mêmes. Dans de nombreux cas, les malades peuvent faire quelque chose pour s’aider eux-mêmes et doivent être encouragés à le faire.

 

5. Les personnes atteintes de maladie mentale sont dangereuses et devraient être enfermées

la maladie mentale: danger ou pas?

Des reportages à sensation et largement inexacts et incomplets propagés par les médias ont dressé des portraits stéréotypés des personnes malades mentales comme étant des fous violents et dérangés, aussi bien dangereux pour les autres que pour eux-mêmes. La vérité, c’est que la grande majorité des personnes souffrant de maladie mentale ne sont pas violentes. La grande majorité des crimes violents ne sont pas commis par des personnes atteintes de maladie mentale, dans n’importe quel sens généralement acceptable du terme. Dans les cas relativement peu nombreux où les personnes souffrant de maladie mentale deviennent violentes, l’incident résulte typiquement des mêmes causes qu’avec le reste de la population : le sentiment d’être menacé, les effets de la drogue ou de l’alcool, ou les deux. …

Comme tout le monde, les personnes souffrant de maladie mentale qui suivent un traitement adéquat ont le potentiel de travailler à tous les niveaux dans n’importe quelle profession, tout ne dépend que de leurs aptitudes, talents, expérience et motivation. Il est peu probable que je doive mentionner, par exemple, Mike Wallace de l’émission de télévision transmise sur CBS, “60 Minutes”, qui a eu de nombreuses périodes de grave dépression mais, avec un traitement adéquat, il a continué à mener une vie bien remplie en tant qu’éminent journaliste. De même, Tipper Gore, la femme de l’ancien vice-président, Al Gore, a réussi à vaincre la dépression et a courageusement choisi de parler de ses problèmes en publique.

 

6. La maladie mentale ne frappe pas les enfants et les jeunes

la maladie mentale touche aussi les jeunes

Tel que l’a mentionné la National Mental Health Association (dans son rapport : “Stigmates : faire comprendre et prendre conscience”), il s’avère qu’environ six millions des jeunes, selon les estimations, souffrent de troubles de la santé mentale aux Etats-Unis qui nuisent gravement à leur vie à la maison, à l’école ou dans la société. La majorité des enfants qui se suicident sont profondément déprimés et la plupart des parents n’ont pas reconnu cette dépression jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Je le répète : personne n’est immunisé face à la maladie mentale.

 

7. Quelle qu’en soit la cause, la maladie mentale ne peut pas être soignée

il y a des soins pour la maladie mentale

Comme mentionné plus haut, durant les 40 dernières années, de nombreux traitements efficaces contre une ou plusieurs formes de maladie mentale ont été développés par l’industrie pharmaceutique. Ces produits puissants se sont avérés être d’une valeur inestimable pour des millions de personnes. Non qu’ils soient parfaits ou qu’ils fonctionnent efficacement et expressément dans chaque cas … [Mais] les découvertes scientifiques sur la chimie et la physiologie du cerveau et le fonctionnement des neurotransmetteurs dans le cerveau nous rapprochent du jour où les médecins pourront mettre à la disposition du patient concerné des médicaments efficaces et spécifiques à la correction de la ou des lésion(s) biochimique(s) en question, sans les effets secondaires délétères qui trop souvent limitent l’efficacité de la thérapie, de nos jours. …

Heureusement, il y a de nombreux moyens non-médicamenteux qui peuvent être utilisés dans le traitement de la maladie mentale de formes brèves voire même chronique [tels que la thérapie, la méditation, réduire le stress, faire régulièrement du sport, manger sainement, tenir un journal de gratitude, etc.]

Malheureusement, les mythes entourant la maladie mentale empêchent la compréhension et nourrissent les a priori, les préjugés et la stigmatisation sociale envers ceux qui souffrent de ce grave problème. Il arrive parfois que les individus accablés par la maladie mentale se victimisent en croyant ces mythes, intensifiant ainsi davantage leur désespoir. Il faut dissiper ces mythes et les remplacer par la vérité et une perspective correctes. Avec la connaissance et la compréhension viennent l’amour, l’acceptation et l’empathie. Ces choses améliorent la capacité de persévérer et donnent de l’espoir. Que Dieu nous bénisse tous pour que nous aimions tous ses enfants; n’en abandonnions aucun; portions les fardeaux les uns des autres; et soutenions, renforcions et séchions les larmes de ceux qui souffrent.

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La version originale de cet article a été écrite par Alexander B. Morrison, publiée sur LDS Living sous le titre 7 Dangerous Myths We Tell Ourselves About Mental Illness et traduite par Nathalie. Français ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | English ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company