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Jeffrey R. Holland est un orateur bien apprécié et un dirigeant de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. C’est un expert dans l’art d’enseigner, qui possède un don pour partager les expériences de sa vie d’une façon puissante, ce qui donne des leçons mémorables. Beaucoup d’entre nous se rappellent, par exemple, de l’histoire de sa vieille voiture familiale qui s’est cassée par deux fois sur les premiers 50 kilomètres d’un voyage qui devait s’étendre sur 4000 kilomètres, pour se rendre à l’université avec sa famille.

L’une de mes expériences préférées d’Elder Holland s’est déroulée au début de sa vie conjugale – avant cette épopée fatidique de St. George à New Haven – au moment où il servait en tant qu’évêque à Seattle, dans l’Etat de Washington. Tous ceux qui sont allés à l’université peuvent, sans doute, se rapporter à son expérience, mais la leçon qu’il a apprise de cette expérience est une leçon que tout le monde peut appliquer à sa vie dans presque n’importe quel contexte. Une décision qui semblait relativement simple et sans conséquence a fini par avoir de manière inattendue un impact significatif sur son avenir. J’essaie, dans ma vie, de toujours me souvenir de l’invitation d’Elder Holland qui se trouve à la fin de cette histoire, de “frapper à une porte de plus”.

Voilà cette expérience, selon les propres mots d’Elder Holland :

Lorsque j’étais à Seattle, je faisais un cours d’été particulièrement exigeant. Je n’étais pas vraiment ravi du professeur que j’avais et le matériel qu’il utilisait pendant ce cours semblait inadapté et souvent mal choisi. Mais je me suis lancé et j’ai essayé de surfer sur la vague du mieux que j’ai pu.

Au moment où l’échéance pour rendre un dossier important de fin de semestre arrivait, mes parents m’ont appelé et m’ont dit qu’ils allaient venir nous rendre visite. C’était, bien évidemment, une excellente nouvelle. Nous avions besoin d’être re-boostés par nos parents, tout comme cela arrive que vous en ayez besoin de la part des vôtres. Ils ne s’étaient jamais rendus dans le Nord-Ouest et nous voulions tout leur montrer. Cependant, nous allions avoir un petit problème de timing. J’enseignais pendant tout l’été et je suivais ce cours en plus. Et comme l’iceberg et le Titanic dans le poème de Thomas Hardy, mes parents et ce dossier convergeaient vers moi exactement au même moment. Je n’ai pas besoin de mentionner quelle option était la plus attrayante selon moi. Nous n’avions pas vu mes parents depuis plus de dix-huit mois, et je vous ai déjà décrit mon sentiment par rapport à ce cours. De plus, ce cours était facultatif. Après tout, ce n’était pas l’université où je ferais mes études supérieures et je ne me souciais certainement pas d’avoir ou non une bonne note à ce cours.

Eh bien, comme le destin en a décidé ainsi, mes parents sont arrivés un vendredi et je devais rendre mon dossier le lundi suivant. J’avais eu la bonne idée de me mettre à travailler suffisamment tôt sur ce dossier, ce n’était donc pas comme si je n’avais eu qu’un week-end pour tout faire. (J’avais essayé cette technique à BYU et j’ai constaté que cela ne fonctionnait pas très bien). Donc, j’avais pratiquement terminé mon dossier, sauf pour une chose. Je ne l’aimais pas. Il y avait quelque chose qui clochait. Je devais travailler un peu plus dessus.

Nous avons tout mis de côté, ce vendredi soir-là, et avons passé un moment merveilleux. Ma femme a fait des tacos et des enchiladas, une qualité pour laquelle mon père m’aurait banni de la maison si je ne l’avais pas épousée. Nous avons ri, parlé et nous sommes beaucoup amusés. Et là, j’ai dû prendre une décision. C’était, en quelque sorte, comme une décision missionnaire.

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Il semblait naturel de se lever tôt ce samedi-là, pour conduire quelques heures jusqu’en Colombie-Britannique, serpenter le long de la côte du Fjord Puget et terminer notre route au Seattle Center pour admirer les vestiges de l’Exposition universelle. Cela me laisserait le dimanche pour m’occuper de mes responsabilités d’évêque, puis une grande partie du lundi pour visiter d’autres endroits avant leur départ, mardi, pour aller voir mon frère en Californie. Il y avait juste un problème. Mon dossier.

Maintenant, je vous demande de vous rappeler que ce n’était pas une question de vie ou de mort, ou du moins il ne me le semblait pas. En fin de comptes, j’aurais pu rater ce cours, et personne ne s’en serait inquiété. Mais d’une certaine manière, cela ne me semblait pas juste. J’étais en quelque sorte aux prises avec “des sentiments missionnaires”. Alors j’ai fait un marché avec mes parents. S’ils faisaient tout ce que j’avais proposé ce samedi avec mon épouse, Pat, et notre fils, Matt, qui avait alors deux ans, mais sans moi, je terminerais mon dossier et serais entièrement libre pour le reste de leur séjour et je leur promettais un barbecue avec steaks, salade verte, pain à l’ail et pommes de terre au four avant qu’ils ne rentrent. À une seule condition, bien sûr, que mon père me laisse suffisamment d’argent pour acheter les steaks.

Eh bien, ils étaient tristes, et je l’étais aussi, mais cela semblait être la meilleure chose à faire. Alors, ils se sont divertis et moi j’ai travaillé. J’ai écrit et réécrit et j’ai pesté et déchiré des feuilles et j’ai donné un coup de poing à la machine à écrire et j’ai réécrit. Ça ne s’est passé aussi bien que je l’avais espéré, mais ça s’est passé. J’en suis finalement arrivé à ce qui semblait être une forme raisonnablement acceptable et je me suis jeté (au sens figuré, bien évidemment) sur la salade verte. Mon père m’avait laissé un ou deux dollars, Pat avait trouvé des steaks au magasin et j’avais allumé le charbon sous le gril, en utilisant une partie de la fureur que je ressentais pour un paragraphe qui n’allait pas. Mais le dossier était terminé et la nourriture était sur la table lorsqu’ils sont revenus.

Il faut bien avouer que ce n’est pas une histoire vraiment très transcendante. Mais elle a fait une grande différence dans ma vie. Lorsque ce dossier m’a été rendu par un professeur que je n’aimais pas beaucoup, sur un cours que je n’appréciais pas particulièrement, le professeur y avait écrit seulement cinq mots. Je crois que ce sont les seuls qu’il m’adressé directement sur toute la durée de ce cours: “Papier publiable. Venez me voir. ”

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Eh bien, la suite n’a pas vraiment d’importance non plus à part que ce professeur s’est avéré être, par pure coïncidence, je suppose, un ami très proche d’un membre du corps professoral du département où je voulais aller à Yale. Et puis, une chose en entrainant une autre, il a écrit un mot en ma faveur, disant, en gros : “Vous devriez prendre en considération ce gars, même si vous n’avez jamais entendu parler de St. George, en Utah.” Il y a d’autres contacts qui se sont produits grâce à cela tout au long du chemin et d’autres bénédictions qui sont venues, mais ce qu’il faut retenir, de nouveau, c’est une sorte de leçon missionnaire. Avec ce dossier, cet été-là, dans un cadre isolé – isolé, du moins en termes de projets importants pour moi – cela a fait toute la différence pour moi de frapper à encore une porte avant de considérer la journée comme terminée. Agir autrement aurait certainement été compréhensible et plus agréable. Mais cela a fait une différence incroyable dans ma vie d’avoir exigé un peu plus de moi-même à cette occasion.

Pardonnez-moi si je considère cette expérience comme faisant partie de la même catégorie que la modestie dans la tenue vestimentaire et l’honnêteté lors d’un examen, mais je le fais. Il y a quelque chose de mieux que l’effort médiocre, c’est un peu plus difficile que la moyenne, c’est quelque chose de plus gratifiant à long terme. Je vous demande – pour votre bien et pour l’avenir indescriptible dont vous ne faites que rêver pour le moment – de travailler dur, de travailler en prenant de l’avance, d’être honnête, de frapper à une porte de plus avant d’arrêter, de vous démarquer de la foule en faisant un effort supplémentaire et en vous y engageant personnellement. (Jeffrey R. Holland, “Are you true?“, veillée de BYU, 2 septembre 1980)

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Jeffrey R. Holland a été soutenu comme membre du Collège des Douze Apôtres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le 23 juin 1994. Au moment de cet appel, Elder Holland servait comme membre du Premier Collège des Soixante-Dix auquel il avait été appelé le 1er avril 1989. Depuis 1980 jusqu’à son appel en tant qu’Autorité générale en 1989, Jeffrey R. Holland a été le neuvième président de l’Université Brigham Young, à Provo, en Utah. C’est un ancien membre de la Commission de l’Education pour l’Eglise et un ancien doyen du Collège d’Education Religieuse à BYU. Etudiant d’excellence et athlète universitaire au Dixie College, il a étudié à la Dixie High School, dans sa ville natale de St. George, en Utah. Il a reçu ses diplômes de Bachelor et de Master en anglais et en éducation religieuse, tous deux de l’Université Brigham Young. Il a obtenu son Master et son doctorat en études américaines, de l’Université de Yale. Pour son travail dans l’amélioration de la compréhension entre chrétiens et juifs, il a reçu le prix “Flambeau de la Liberté” décerné par la Anti-Defamation League de B’nai B’rith. Il a siégé aux conseils d’administration d’un certain nombre de sociétés civiles et commerciales et il a reçu le prix “Distinguished Eagle Scout” des Boy Scouts d’Amérique. Il est l’auteur de huit livres, dont un qu’il a co-écrit avec son épouse, Patricia. Elder Holland est né le 3 décembre 1940, de Frank D. Holland et Alice Bentley. En 1963, il a épousé Patricia Terry. Ils sont  parents de trois enfants : Matthew S. Holland, Mary H. McCann et David F. Holland.