Des dégats mortels
Le passage de Bealach na Bà à travers l’Applecross est la route la plus impressionnante, sinueuse, aux virages en épingle à cheveux, des Royaume-Uni. Les pentes inclinées de près de 20% de la route à voie unique permettent sa rapide ascension du niveau de la mer à 2054 pieds (0.63 km). La vue y est spectaculaire.
Anthony et moi avons rapidement monté ce passage de montagne des Highland qui traverse l’Écosse sur nos motos de location, et après une courte pause dans un tout petit village, nous avons commencé la descente de retour de deux heures de trajet pour rentrer à notre chambre d’hôtes à Portree.
Ayant trouvé mon rythme en montant la montagne, j’avais planifié de me dépasser dans la descente. Cependant, nous avons rapidement rattrapé un véhicule dont le conducteur semblait mort de peur par cette route. C’est une route à voie unique, ce qui signifie qu’une seule voiture à la fois peut conduire sur le flanc de la montagne, et donc les conducteurs doivent observer attentivement le trafic venant en sens inverse. Un conducteur doit se déplacer dans un lieu de passage accessible, donnant au conducteur venant en sens inverse la priorité de continuer sur la route; si deux conducteurs se retrouvent face à face, quelqu’un doit reculer jusqu’à ce qu’un lieu de passage soit atteint. Une fois que la route est à nouveau dégagée, le conducteur à l’arrêt peut continuer à avancer.
En face de moi, le chauffeur de la voiture pressait constamment ses freins en dépit des routes dégagées. Nous avancions en bas de la montagne à 16 km/h, et j’étais énervée. Anthony, sentant ma crispation (et me connaissant bien), roulait à côté de moi pour apaiser mon mécontentement. Nous nous sommes arrêtés pour admirer le paysage et nous détendre. Cependant, après quelques minutes sur nos motos, nous avons rattrapé la même voiture et avons dû ralentir à nouveau.
Soudain, nous avons atteint une ligne droite et la voiture a avancé plus rapidement. Exaltée et pleine d’espoir, j’ai fait de même. Puis, il a freiné d’un coup, allant de 72 km/h à 0 km/h en un instant. J’avais maintenu une bonne distance entre nous et l’ai vu s’arrêter, mais lors du freinage je me suis prise dans le gravier qui se trouvait sur la route sur le flanc de la montagne. Je savais que j’allais m’écraser. J’ai continué à ralentir sur le gravier, mais ensuite je n’avait nulle part où aller et j’ai brutalement heurté la montagne. La moto et moi, secouées, avons tangué sur un angle de 45 degrés de retour sur la route et nous avons ensuite glissé sur l’asphalte jusqu’à l’arrêt. Mon casque, que je détestais porter, m’a sauvé la vie. Anthony a soulevé la moto qui se trouvait sur moi, mais je ne pouvais pas bouger tout de suite. Je savais trois choses : J’étais vivante. D’une manière ou d’une autre, je n’étais pas tombée du bord de la falaise. Je retardais le trafic dans les deux sens.
Ce que je crois
Je suis membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (souvent appelée par inadvertance l’Église mormone). En tant que Sainte des Derniers Jours, je crois que nous sommes tous des enfants d’esprit de Dieu, que nous vivions et grandissions en Sa présence avant cette vie ici sur terre, et que nous avons maintenant l’opportunité d’avoir un corps physique et d’acquérir de l’expérience dans ce monde mortel. Le but de notre existence est de devenir comme notre Père, qui est un être ressuscité et glorieux de chair et d’os. En raison du sacrifice expiatoire miraculeux du Sauveur Jésus-Christ, après notre mort, nous ressusciterons (notre esprit et notre corps seront unis à nouveau) avec un corps parfait. L’idée d’avoir ce corps parfait me semblait invraisemblable lorsque j’étais allongée, pleine de douleurs, sur le goudron d’un passage dans une montagne en Ecosse.
Cet incident m’a appris plusieurs leçons au sujet de mon expérience mortelle.
Ne pas faire de choses stupides à mon corps.
Le Seigneur a donné des commandements spécifiques pour notre sécurité et pour améliorer notre séjour dans la vie mortelle. Il savait ce qui allait causer de la douleur physique et émotionnelle à notre âme et nous a dit comment l’éviter. Nous nous protégeons par le port de casques et d’équipements spirituels. « Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère » (Luc 18 :20). « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée… Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22 :37, 39).
La colère fait des ravages.
Honnêtement, mon agacement intense envers le conducteur peureux de la voiture d’en face m’a fait perdre le contrôle. Pendant que je jugeais son manque de raison pour en arriver à un arrêt complet, j’ai perdu la possibilité de me stabiliser et j’ai été complètement détruite. Ma colère ne l’a pas du tout affecté. Il ne s’est même pas arrêté après lui avoir presque fait un coup oblique. Mes émotions ont affecté Anthony et moi-même (et aussi tout ceux qui ont dû attendre que la route se dégage).
Les émotions fournissent nos expériences de la vie comme un parc d’attractions—haut et bas, excitation et terreur, euphorie et si étourdi que vous…
Maîtriser mes émotions est une lutte constante, mais avec le Christ, tout est possible. Dans Le Livre de Mormon, un père aimant a conseillé à son fils : « Veille aussi à tenir toutes tes passions en bride, afin d’être rempli d’amour » (Alma 38 :12). L’Apôtre Paul a exhorté : « Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous. Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ » (Ephésiens 4 :31-32).
Tout le monde sur la route fait le même voyage — même les conducteurs effrayés.
Si je crois vraiment que tous les gens sont des enfants de Dieu, cela ne devrait-il pas changer ma perspective ? Est-ce que je m’affairerais ça et là, étant catégorique sur le fait que tout doit être fait à ma façon et au moment où je le veux ? Puis-je me réjouir de la divinité des autres et me réjouir de nos perspectives et talents uniques ? Devrais-je enlever mes œillères et vraiment voir ?
Au lieu de voir les personnes à « ma façon, » je pourrais considérer que nos chemins se sont croisés pour une raison. Une de mes citations préférées est : « Tu m’élèves et je t’élèverai, et nous nous élèverons les deux ensembles. » Le plan de Dieu encourage l’unité de l’objectif—un Sion, ou un état physique d’unité avec Dieu et avec les uns les autres—plutôt que la défensive individuelle.
« Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu » (1 Corinthiens 13 :11-12).
J’aime vivre dans une époque où je peux voir dans l’espace, puis observer des petits atomes, ayant une technologie rapide à portée de la main. Les talents et les passions des grands esprits améliorent richement les expériences de la vie. Et pourtant, chaque personne que je croise en marchant sur le trottoir a le même potentiel divin de façonner le monde de sa propre façon.
Nous avons tous besoin de manger et de dormir. Nous cherchons tous l’amour, la sécurité, et une raison d’être. Vous êtes moi et je suis vous. Donnons-nous l’un à l’autre la permission de briller.
Le timing de Dieu me permet d’apprécier le voyage
J’ai beaucoup pensé à comment j’ai ruiné mon expérience à Applecross en voulant, en anticipant, en espérant autre chose pendant mon voyage jusqu’au bas de la montagne. Je me suis concentrée sur les feux de freinage en face de moi, qui sont devenus ma réalité oblique, et au final, je me suis laissée meurtrir et déchirer en lambeaux et je suis surtout restée insatisfaite.
Pourquoi n’ai-je pas apprécié le répit qu’Anthony me donnait ou utilisé notre trajet de 16 km/h comme un temps largement suffisant pour respirer profondément l’air frais et profité des panoramas exquis de notre perchoir céleste ? Pourquoi suis-je toujours dans un tel empressement pour accomplir une certaine liste insensée de nombreuses tâches ?
Pourquoi dois-je comparer mes faiblesses avec les forces des autres ou déplorer la stérilité quand certaines mères déplorent ma liberté ? Est-ce que l’herbe est vraiment plus verte lorsqu’on roule à 96 km/h jusqu’au bas des courbes montagneuses ? Pourquoi voudrais-je vivre la vie de quelqu’un d’autre ?
« Soyez calmes et sachez que je suis Dieu » (Doctrine et Alliances 101 :16).
La vie gagne en perspective et en objectifs uniquement dans la tranquillité d’une relation avec la divinité. Nous sommes Ses enfants après tout. Il nous connaît et veut que nous réussissions. Il nous a fourni le chemin parfait — Son Fils Bien-aimé, Jésus-Christ. Lorsque je me réjouis avec gratitude, je sens la promesse de Dieu : « j’irai devant votre face, je serai à votre droite et à votre gauche, et mon Esprit sera dans votre cœur, et mes anges seront tout autour de vous pour vous soutenir » (Doctrine et Alliances 84 :88). Quand je pèche, à travers la grâce du Christ, je peux me repentir. Quand j’ai de la peine, Jésus vient à mon secours. Quand j’ai besoin de direction ou de plus de foi, d’espérance, et de charité, Il « [me] conduira par la main et [me] donnera la réponse à [mes] prières » (Doctrine et Alliances 112 :10).
Nous pouvons tous le trouver. Nous faisons partie de Lui.