Le Dico des mormons vous propose pour sa troisième entrée l’expression: “un coin de feu“. Un grand classique de la culture mormone francophone, qui n’est jamais compris par nos amis à la première mention. Et si on ne l’explique pas rapidement, ils le rangent dans la case de leur cerveau “encore un truc bizarre de mormons”. Donc aujourd’hui, vous allez ENFIN connaître la signification d’un coin de feu.

Ce qui suit est une conversation fictive. L’auteure de cet article espère qu’elle n’a pas malencontreusement décrit des personnes réelles.

-Bonjour Delphine, comment vas-tu? Je ne t’ai pas vu au cours de taï-chi hier soir.

-Bonjour Marianne, je vais très bien, ne t’inquiète pas. Je n’ai pas pu venir au cours d’hier parce que je suis allée à un coin de feu avec un apôtre. Il était de passage dans la région, et je ne pouvais pas manquer une telle occasion!

– …

– J’ai encore dit un “truc de mormon” incompréhensible, c’est ça?

-Oui. Tu as fait quoi avec ton apôtre?

-Je l’ai écouté. Il est venu pour parler aux membres de l’Église de la région.

-Pourquoi tu ne pouvais pas simplement dire ça? … C’est quoi cette histoire de “coin de feu”? Quel est le rapport avec le prêche de cet apôtre?

-Ben, c’est ça un coin de feu. C’est une réunion exceptionnelle où des personnes font des discours, parfois autour d’un thème. Cela peut être un dirigeant de l’Église, l’évêque par exemple, ou bien quelqu’un qui s’y connait sur le thème retenu. Mon mari va parler au prochain coin de feu de notre paroisse: ils ont choisi comme sujet “vivre avec la dépression ou une maladie mentale”. Vu qu’il est psychologue pour enfants, l’évêque et lui préparent assidûment ce coin de feu ensemble.

-Non mais vous les mormons, vous sortez de ces mots parfois! Bon, on se voit demain en cours. Tu m’en diras plus sur le “coin de feu” avec ton mari, ça m’intéresse.

-A demain Delphine! On en reparlera après le taï-chi!

 

Alors, vous avez compris ce qu’est un coin de feu? Oui? Ah, non, certains ont encore des questions on dirait…

 

Le terme “coin de feu” est une traduction littérale du mot anglais fireside, qui vient de la tradition des pionniers à se regrouper autour d’un feu de camp pour prier ensemble, lire des Écritures et parler de l’Évangile. La traduction correcte de ce mot anglais est le mot français veillée, et c’est le mot utilisé par l’Église comme pour les veillées mondiales, diffusées par internet ou retransmises dans les paroisses.

Toutefois, les mormons sont très attachés à l’expression coin de feu car elle a une connotation qui semble plus positive que celle de veillée, mot très souvent associé au devoir de protéger du danger (le soldat qui veille la nuit), de la maladie (on veille un malade) et de la mort (veillée funèbre). Le coin de feu fait penser à la chaleur, aux moments entre amis ou avec la famille, aux histoires transmises devant un bon feu de bois… Ce que je trouve personnellement assez triste, c’est que le mot veillée a quelque chose de très solennel, de contemplatif et est vraiment tourné vers la protection et la survie. Et comme dans ces réunions il est demandé aux auditeurs d’écouter, pour ensuite méditer et appliquer les principes, le mot veillée me semble plus approprié.

Il m’est cependant difficile de ne pas aussi utiliser le terme “coin de feu”. C’est celui que j’ai entendu en premier lorsque j’ai rencontré mon amie sainte des derniers jours qui m’a fait connaître sa religion, et celui qui, d’une certaine manière, nous rend assez “uniques” parce que nous sommes les seuls à le comprendre.

Donc, chers lecteurs, chères lectrices, n’en voulez pas à vos ami(e)s mormon(e)s quand ils vous parlent de leur dernier “coin de feu” sans vous expliquer ce que c’est. Ils / Elles sont juste habitué(e)s à cette expression étrange.

 

Prochain mot expliqué: les instructeurs au foyer.

Article écrit par Eolia