Cet article a été publié sur le site Third Hour en octobre 2017, avant la demande du président Nelson quant à l’utilisation du nom de l’Eglise. Par soucis d’honnêté vis à vis de l’auteur de l’article, nous avons rajouté entre parenthèse les termes utilisés actuellement et non changé ses propos.


 

Quand j’ai fait ma mission dans les “premiers jours” du Rétablissement, nous parlions beaucoup de trouver « l’ami en or ». Aujourd’hui, j’entends plutôt l’expression « Mormon sec », mais cela veut dire la même chose : cette personne que vous rencontrez qui porte des chemises blanches et des cravates, ne boit jamais, ne fume pas, fait des offrandes généreuses dans son église et a six enfants prêts à éclater comme du pop-corn sur un abricotier au premier rang de la Primaire.

En d’autres termes, je voulais et étais prêt à appeler les justes au repentir. Je ne voulais pas être coincé avec un ami de l’Eglise qui n’arrive pas à arrêter de fumer, ne veut pas épouser son concubin, ou joue au bowling le dimanche. Pas la peine d’encombrer la salle de culte avec des gens qui vont passer des heures dans le bureau de l’évêque.

En vieillissant (beaucoup), j’ai compris qu’il y a de nombreuses choses dont nous aurions davantage (et pas moins) besoin dans nos réunions de Sainte-Cène ; et que l’idée de remplir nos salles de culte avec deux cents personnes attendant avec une patience d’ange d’être transfigurées, est probablement peu judicieuse et irréaliste. Peut-être que le Sauveur choisirait une foule bien différente de la nôtre, et je suppose qu’il resterait de marbre face à ce qui provoque des crises d’apoplexie chez certains d’entre nous.

Il n’y a pas assez de tatouages dans nos paroisses

Les tatouages par exemple : nous avons besoin de beaucoup plus de tatouages. Je sais que la majorité d’entre nous, en voyant quelqu’un les bras recouverts d’encre, ne se dit pas : « il ferait un excellent président de collège », mais pourquoi pas ? Je suis quasiment sûr que s’il y avait eu un tatoueur à Zarahemla, Alma le jeune en aurait été recouvert, et il ne s’en est pas mal sorti. L’évangile transforme : nous fixons moins notre attention sur ce qui s’est passé hier et plus sur ce que nous pouvons devenir aujourd’hui. Les tatouages ne sont de toute façon pas synonyme de mal. Cela relève davantage de la culture que du commandement.

Une amie qui avait un tatouage apparent a demandé à son évêque si elle devrait se le faire enlever. Il lui a demandé pourquoi. Elle a expliqué qu’il semblait déranger certaines sœurs de la Société de Secours. Son sage conseil fut le suivant : « Laissez-les avec leur embarras. Il n’est en aucun cas un indicateur de qui vous êtes aujourd’hui. ». Je  suis complètement de son avis. Ne regardons pas les tatouages d’un mauvais œil simplement parce que les signes continus de nos propres erreurs de jugement sont moins visibles.

les tatouages devraient vus plus souvent à l'Eglise

Y a-t’il vraiment de la diversité dans nos paroisses?

Nous avons également besoin de plus de personnes de couleur. Non, ce n’est pas assez spécifique. De nombreuses paroisses aux Etats-Unis ont des tas de membres hispaniques et asiatiques, et on ne peut pas lancer une pierre sans toucher un Tongien. (Et si ça arrive, il vous sourira comme s’il n’avait rien senti. J’aime ces gens.) Non, ce qui nous manque dans les paroisses aux Etats-Unis, ce sont des Noirs (des Afro-Américains). Ce n’est pas une question de diversité. C’est un signe que nous ne réussissons pas à répandre l’évangile.

L’œuvre missionnaire chez les Afro-Américains peut être difficile (j’ai fait une partie de ma mission dans le Sud de Chicago), et c’est en partie dû à notre histoire par rapport aux restrictions dans la prêtrise. Mais c’est aussi un symptôme de notre échec à bien communiquer le glorieux message de l’évangile et à s’assurer que tous ceux qui passent la porte de nos églises soient bien accueillis. Nous faisons mieux dans certains endroits que d’autres, mais il nous reste encore beaucoup de travail à faire pour s’assurer que nous faisons de notre mieux pour partager efficacement notre message avec tout le monde.

Pourquoi fermez-vous vos portes aux LGBT?

Et faites entrer les homosexuels. Nous avons besoin de plus de membres de la communauté LGBT dans notre communauté SDJ. C’est difficile à vendre pour l’Eglise à cause de notre position sur le mariage pour tous, et la majorité d’entre eux n’aiment pas ce qu’ils perçoivent comme, au mieux, des messages ambigus. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, et d’après mon expérience, il y a plus que quelques LGBT qui se sentent proches de l’Eglise et qui souhaiteraient y prendre part de façon plus significative. Cependant j’entends toujours des commentaires de membres se demandant pourquoi un ou une homosexuel(le) voudrait être Mormon(e) [Saint(e) des derniers jours]. Je ne sais pas, mais probablement pour la même raison qu’un snob bien-pensant veut être Mormon [Saint des derniers jours]. Ce n’est pas à nous de décider qui « appartient » au royaume de Dieu, c’est à Dieu. On nous a clairement dit qu’une simple orientation sexuelle ne prive personne des bénédictions de l’Église.

Cependant, notre propre attitude peut devenir une énorme pierre d’achoppement pour les membres et les visiteurs LGBT, et c’est tout simplement inexcusable. Les personnes LGBT ont le droit d’être traitées comme des parties essentielles et utiles du corps du Christ et non pas comme un cancer. Nous ferions bien de laisser nos préjugés de côtés et d’être prêts à inviter, aimer, et servir aux côtés de membres et d’amis de l’Eglise qui sont LGBT.

 

ce qu'il faudrait plus à l'Eglise: des tatouages, des haleines avec des relents de tabac, etc

Il y a beaucoup d’autres choses que nous devrions mieux accueillir dans nos réunions de Sainte-Cène. L’odeur du tabac. Les traces d’injections. Les haleines qui sentent plus ou moins l’alcool. Et les moustaches.

Je pense que nous aurions surtout besoin de plus de compassion, de tolérance et d’amour chrétien. Le Christ a consacré son ministère aux personnes en marge de la société. Les malades physiques et mentaux. Les exclus. La femme adultère. Les possédés. Nous ferions mieux de suivre cet exemple en acceptant quiconque pourrait être édifié, réconforté et enrichi par l’évangile.

En d’autres termes, tout le monde.

 


Article écrit par Rob Ghio pour Third Hour, sous le titre Tattoos and Other Things We Could Use More of at Church. Traduction: Christine.