“Ça va?” C’est une question que j’ai déjà posée, à des amis, à ma famille et des collègues. Mais cette fois, c’est différent parce que je me pose la question à moi-même. Je pense à ma journée, à ma semaine : Suis-je calme? Est-ce que j’ai ma vie en main? Ou suis-je angoissée et débordée? On dirait que la plupart des gens, moi y compris, ont l’impression de devoir répondre “oui” à cette question : “Bien sûr. Je vais bien.”

Mais est-ce que c’est vrai? Est-ce que je dis “oui” alors qu’en réalité je devrais dire “non”? Ou “Pas tout à fait”?

Il faut des limites.

Quand je dis « limites », je veux dire, ce que nous sommes prêts à prendre en charge et ce que nous ne sommes PAS prêts à prendre en charge. Quand nous avons des limites, nous nous établissons une vie où nous pouvons faire confiance et prendre soin de nous-mêmes et des autres sans être enfermés dans un cycle d’épuisement.

Pour être honnête, j’ai déjà vécu ça et j’avoue que je suis en plein dedans en ce moment-même. Je veux faire plaisir aux gens. Je veux dire oui. Je veux que la vie des autres soit plus facile grâce à moi. Et il y a même un peu d’intérêt personnel là-dedans. Mais il y a un revers à ce comportement apparemment altruiste, et il se manifeste souvent sous la forme de stress, de frustration et de rancœur.

Je me suis récemment portée volontaire pour faire une collecte de fonds pour le programme artistique de l’école de ma fille. Voilà ce qui m’est passé par là tête, en une fraction de seconde, quand cette occasion s’est présentée :

Est-ce que j’aime l’art? Oui! Est-ce que je considère que l’art est important et utile dans l’éducation? Oui!

Alors je me suis engagée. Mais ce que j’ai choisi d’ignorer en prenant cette décision, c’est la chose suivante :

Est-ce que j’ai le temps de m’investir dans ce projet-là maintenant? Non. Absolument pas.

Quand je n’avais pas le temps…

Je me suis retrouvée à courir d’un magasin à un autre, pour trouver un gond particulier qu’il nous fallait pour ce projet. J’ai passé plus de temps que je n’aurais dû à essayer de trouver un autre objet tout aussi insolite, en contactant quatre, voire cinq entrepôts différents. J’ai finalement trouvé ce que je cherchais en ligne, mais j’étais fâchée de découvrir que ça ne serait pas livré à temps. J’ai commencé à me plaindre de tout le temps que me prenait ce projet.

Ces déceptions n’étaient pas si graves, mais en plus de toutes les autres choses que j’avais sur le feu à ce moment-là, elles sont devenues la goutte d’eau qui ont fait déborder le vase. Mon enthousiasme pour l’art et cette collecte de fonds a été remplacé par de la rancœur. Je vous rappelle que c’était mon choix. Je dois assumer la responsabilité de mes décisions mais c’était plus facile de rejeter la faute sur les autres : les magasins, le manque de temps de livraison, les autres obligations qui requéraient mon attention.

Oser se mettre les limites

Alors, que pouvais-je apprendre de cela et du millier d’autres fois où j’ai dit “oui” alors que j’aurais dû répondre différemment? Le fameux écrivain et expert des limites, le Dr. Brené Brown, a dit :

Oser se mettre des limites c’est avoir le courage de s’aimer soi-même, même si on risque de décevoir les autres. Nous ne pouvons pas baser notre dignité sur l’approbation des autres (et ça vient de quelqu’un qui a passé des années à essayer de plaire à tout le monde!). Ce n’est que lorsque nous pensons, au plus profond de nous-mêmes, que nous valons suffisamment que nous pouvons dire : ‘C’est assez!’

Alors, est-il possible de servir les autres, de faire du bénévolat et d’accepter nos efforts comme étant suffisants? Je crois que oui. Est-il possible de dire non sans être envahi par la culpabilité ou la honte? J’y travaille.

Faire les choses avec ordre

Dans Mosiah 4, le Roi Benjamin donne plusieurs instructions sur la façon de servir et d’aider les autres. Dans le verset 27, il y a un verset que nous oublions de mettre en pratique :

“Et veillez à ce que tout cela se fasse avec sagesse et ordre ; car il n’est pas requis que l’homme coure plus vite qu’il n’a de force.” (Mosiah 4:27).

J’ai toujours une longue liste de choses à faire. Il faut que je me rappelle d’être sage quand je décide de quoi et de combien de choses je vais m’occuper en même temps.

Est-ce que vous voulez essayer aussi? Est-ce que vous voulez être sage? Dans tout ce que l’on entreprend, la préparation est la clé. Préparer posément, prier pour avoir de l’aide et écouter les inspirations de l’Esprit me donnent une assurance supplémentaire pour décider ce qui mérite un “oui” et ce qui mérite un “non, merci.”

Alors j’ai pensé à ce que je pourrais dire quand mes limites sont mises à l’épreuve et que je ressens ce “Oui!” hâtif qui va sortir de ma bouche. Je vais essayer de dire :

“Je suis débordée et je vais devoir refuser cette fois-ci.”

Croyez-moi quand je vous dis que le simple fait d’écrire cette phrase me met mal à l’aise. Mais comme Brené Brown le dit, je vais essayer de “choisir le malaise plutôt que la rancoeur.”

Grandir au rythme adapté

Je suis certaine que mon Père céleste veut que je grandisse. Mais il me donne aussi la permission de le faire à un rythme qui ne va pas entraîner un effondrement. Imaginez un monde où l’on peut se sentir autorisé de dire un « oui » résolu quand on le peut, et « non » quand on le doit. Quel soulagement. Quelle liberté.


La version originale de cet article a été écrite par Katie Barrett, publiée sur churchofjesuschrist.org/blog et traduite par Nathalie.