J’ai souvent pensé qu’il serait amusant de faire des expériences sur le comportement humain. Alors j’ai décidé d’en faire une. Et j’ai découvert jusqu’où la gentillesse peut aller et changer le point de vue des gens.

Les noms ont été modifiés par souci d’anonymat.

Quand j’ai été gentille au travail

J’ai tenté ma première expérience comportementale sur la collègue de ma cousine (nous travaillons toutes dans la même entreprise). Cette femme était méchante. Elle avait l’air renfrogné, regardait tout le monde d’un mauvais œil. Lorsqu’elle arrivait, les gens s’écartaient rapidement de son chemin. Ils l’évitaient et elle les évitait. En plus, lorsqu’elle discutait, elle était toujours négative. Ma cousine m’a expliqué : « Cette femme est intelligente mais même son humour a des piques. Elle travaille dur et elle sait ce qu’elle fait, mais elle est tellement sarcastique. » Elle ne l’aimait pas vraiment.

Alors, quand je suis tombée sur elle dans la cafétéria de la boîte, je lui ai dit : « Salut, tu es Nadine, n’est-ce pas ?  Tu as l’air en forme aujourd’hui. Le violet est une couleur qui te va bien. » Elle s’est retournée si rapidement que j’ai tout de suite repéré où était la sortie de secours. Elle m’a regardé avec curiosité, comme pour voir si j’étais en train de me moquer d’elle ou quelque chose du genre. J’ai gardé le sourire. Après un long moment, elle a souri et répondu : « Merci. »

Quand je l’ai vu, la fois suivante, je lui ai dit : « Tu travailles avec Karen, n’est-ce pas ? Elle t’apprécie ». Elle m’a regardé surprise. « Ah bon ? Qu’est-ce qu’elle a dit ? » « Eh bien », ai-je répondu lentement mais réfléchissant très vite, « elle a remarqué ton sens de l’humour. » J’ai attendu à peu près une semaine avant de les inviter, elle et ma cousine, à la maison pour le diner. « Comment ça va avec Nadine ? », ai-je demandé, mine de rien. « Oh, tu sais », a répondu Karen, « elle est devenue la personne la plus sympa qui soit. Elle m’a même donné un coup de main pour l’un de mes projets. » En fait, elles sont devenues de très bonnes amies !

Quand j’ai été gentille à la cantine

Le sujet de mon expérience suivante était la dame de la cantine. C’était une petite femme rabougrie, avec les cheveux frisés et pas de maquillage. Elle ne souriait jamais et elle s’en prenait à toutes les personnes qui voulaient des cuillères pour leur pique-nique. « Elles font partie de la cafétéria », aboyait-t-elle. « Il faut payer pour ça ». J’étais ravie parce qu’elle était parfaite !

Lorsque je me suis retrouvée dans la queue, je tenais un billet d’un dollar dans la main. « C’est pour quoi ça ?», a-t-elle demandé avec un regard inquiet. Avais-je pris quelque chose qu’elle n’avait pas vu ? « C’est un pourboire. » « Un pourboire ?», a-t- elle pouffé. « On ne donne pas de pourboire dans la cafétéria. » « Moi, oui », ai-je répondu résolument. « Pour quoi ?», a-t-elle demandé, sceptique. « Vous ne faites jamais d’erreur quand vous me rendez la monnaie », ai-je répondu. « En plus, cet endroit ne vous paie sûrement pas beaucoup ». « Merci », a-t-elle balbutié et, juste pour une fraction de secondes, un sourire a baigné tout son visage de douceur. C’était grisant !

Après ça, quand je lui donnais un pourboire, j’ai remarqué que d’autres personnes de la queue le faisaient aussi. Elle a commencé à porter du vernis à ongles. Quand je l’ai complimenté à ce sujet, elle a commencé à porter aussi du rouge-à-lèvres. Quelques jours plus tard, j’ai remarqué qu’elle s’était relevé les cheveux et qu’elle souriait et discutait avec les gens qui faisait la queue. Il semblait même qu’elle avait le pas plus léger.

quand j'ai été gentille avec la dame de la cantine

Un résultat inattendu

Un jour, je n’ai pu aller au réfectoire que tard dans l’après-midi mais elle a fait en sorte que le cuisinier me prépare quand même quelque chose à manger. Pendant que j’attendais, elle nettoyait les tables. « Vous savez quoi… », a-t-elle dit pensivement, « … cette année a été très dure. Tout d’abord, mon époux, avec lequel j’étais marié depuis 26 ans m’a quitté pour une femme bien plus jeune. Puis, ma mère est décédée et l’une de mes sœurs est morte d’un cancer. »

Elle s’est arrêtée, s’est penchée vers moi et a murmuré : « Vous m’avez rappelé qu’il y avait encore quelque chose de bien dans ce monde. » J’ai essuyé mes yeux et après avoir mangé je suis retournée voir mes collègues. Je leur ai expliqué ce qu’elle m’avait dit. Ils ont avoué qu’ils s’étaient moqués de la dame de la cantine. Plus tard, ils ont remarqué qu’elle était plus aimable et se sont demandé pourquoi. Nous avions tous plutôt honte de nous.

Quelques années plus tard, la dame de la cantine a pris sa retraite. Il y avait trois gros gâteaux, entièrement dévoré par tous ses amis. Il lui a, en plus, fallu deux cartons pour transporter tous ses cadeaux à la maison ! Certains des chefs les plus hauts placés de cette société ne pouvaient pas se vanter d’avoir eu un pot de départ plus animé que celui-là.

La mise à l’épreuve de mon témoignage

Puis j’ai reçu un appel à servir comme présidente de la Société de Secours de ma nouvelle branche. Quelques mois plus tard, nous avons reçu une invitation de la présidente de la Société de Secours du Pieu.

Vivre, respirer, penser, parler et agir avec amour

Et ce, pendant les trois semaines suivantes. Par la suite, nous devions rendre compte de nos expériences pendant la réunion des présidentes de la Société de Secours du Pieu. J’ai accepté ce défi un peu à contre-cœur. Je savais très bien que ce serait une mise à l’épreuve de mon témoignage.

Quelques jours après avoir commencé cette expérience, je me dépêchais pour aller à un baby shower. J’avais un gâteau sur le siège arrière de ma voiture. Mon esprit était occupé par tout un tas de choses. À ce moment-là, un homme est sorti du bus et s’est retrouvé sur ma route. J’ai freiné d’urgence et j’ai immédiatement entendu le bruit de la boîte à gâteau taper contre le dos du siège passager. Et un petit bruit ramolli lorsqu’il est revenu à sa place…

Choquée, je me suis néanmoins rappelé l’invitation et je me suis dit : « Je suis bien contente de ne pas avoir percuté cet homme ! » Nous avons remis le glaçage en place pendant le baby shower, en rigolant de ce qui s’était passé. Après avoir coupé le gâteau, on ne remarquait même plus les dégâts.

Avec le temps, j’étais étonnée par l’énergie qu’il me fallait pour continuer d’avoir un tel état d’esprit. Partout où j’allais, tout ce que j’entendais n’était pas toujours gentil et plein d’amour. Il est très facile de tomber dans le piège de la critique et des ragots.

l'homme au supermarché

Quand j’ai été gentille au supermarché

Un jour avant la fin de cette expérience, je me trouvais dans la queue du supermarché derrière un homme. De toute évidence, il passait une mauvaise journée. Il s’en prenait au garçon qui mettait ses courses dans des sacs parce qu’il ne le faisait pas comme il le voulait. La caissière m’a lancé un regard comme si elle était en train de dire : « On croit rêver !? »

Toujours dans cet état d’esprit, j’ai remarqué un bouquet de fleurs magnifique. « Monsieur, ce sont de très belles fleurs que vous avez là », lui ai-je dit d’une voix douce. Ses épaules tendues se sont relâchées et il a répondu : « Oui, merci. » Tous à coup, il s’est repris parce qu’il a dit à la caissière : « Aujourd’hui, c’est la première fois que je suis allé faire une dialyse. C’était difficile. » Il s’est tourné vers moi et a dit doucement : « Tout est difficile. »

« Je suis désolée », ai-je répondu, mais la caissière à fait mieux : « Comment vous vous appelez? » a-t-elle demandé. « Comment je m’appelle? » Il lui a dit son nom et elle a répondu : « Je vais prier pour vous. »

« Moi aussi, » ai-je dit.

Il nous a souri, les yeux brillants, et il est parti en disant : « Merci. J’ai besoin de toute l’aide possible. » La caissière m’a regardé après son départ et elle m’a dit : « On ne peut jamais savoir, n’est-ce pas? » L’ambiance est passée de tendue, pressée et énervée à calme, douce et apaisée. Toutes les personnes présentes semblaient entourées d’un éclat chaleureux.

Et si on essayait d’être plus gentils ?

Alors, regardez autour de vous. Je parie qu’il y a quelqu’un dans le coin qui pourrait bien être votre prochain sujet d’une expérience de gentillesse.


La version originale de cet article a été écrite par Susan Wolf, publiée sur LDSLiving.com depuis décembre 2015, sous le titre « What Happened When I Was Nice to Everyone (And I Mean Everyone) » et traduite par Nathalie. 

French ©2019 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | English ©2019 LDS Living, A Division of Deseret Book Company