Ludovic Attiogbe est né dans un petit pays d’Afrique occidentale appelé le Togo. Il y a vécu avec sa mère, son père et sa petite soeur. Attiogbe se souvient que lorsqu’il était petit, son père, Dieudonné Attiogbe, est parti à Londres.

Pendant que son père vivait en Angleterre, en 1989, Dieudonné Attiogbe est devenu membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Lorsqu’il est rentré chez lui, il avait hâte de parler à sa famille de sa nouvelle religion. Cependant, l’Eglise SDJ n’existait pas dans leur petit pays.

Sachant à quel point il était important qu’il y ait l’Église au Togo, Dieudonné Attiogbe a commencé à chercher le moyen de mettre sur pied une branche de l’Église pour sa famille et ses voisins.

L’Église SDJ au Togo

“Il a commencé à envoyer des lettres au siège de l’Église en Afrique du Sud, puis l’Église en Afrique du Sud a envoyé une lettre à Salt Lake City concernant mon père, demandant s’il pouvait former un groupe,” a expliqué Ludovic Attiogbe lors d’une interview.

Lorsque Dieudonné Attiogbe a reçu une réponse lui donnant une permission provisoire, il était fou de joie. La lettre contenait les noms de 70 personnes originaires du Togo qui avaient été baptisées à l’étranger et étaient retournées au Togo.

“La lettre disait, si vous arrivez à contacter ces 70 personnes et qu’elles répondent, vous pourrez former le groupe avec elles,” a expliqué Ludovic Attiogbe.

Dieudonné Attiogbe a envoyé 70 lettres, espérant recevoir rapidement des réponses. Toutefois, il n’a reçu que cinq réponses.

“Il réécrit à l’église disant : ‘Ok, j’ai cinq réponses, est-ce que je peux quand même faire quelque chose?’ On lui a répondu qu’il pouvait commencer à avoir son propre groupe, mais que tout serait à sa charge, sauf les (exemplaires du) Livre de Mormon qui lui seraient envoyés depuis le siège de l’Église,” a décrit Ludovic. “Il a commencé le groupe avec ces cinq personnes.”

Durant les cinq ans qui ont suivi, le Président d’Interrégion d’Afrique, James O. Mason, a travaillé avec Dieudonné Attiogbe afin d’organiser légalement l’Église SDJ au Togo. En juillet 1997, le groupe de Lome, au Togo, a été créé avec Agnon Ameri Didier comme président des Anciens. Deux ans plus tard, la branche de Lome a officiellement été organisée.

Du fait qu’il n’y avait pas de missionnaires SDJ servant au Togo à l’époque du baptême de Ludovic, un missionnaire de retour au Ghana a été appelé pour aider Dieudonné Attiogbe à enseigner l’Evangile une fois par mois à ceux qui s’y intéressaient. D’après MormonNewsroom.org, les premiers missionnaires ont été assignés à servir au Togo en février 1999.

“Donc ce ne sont pas les missionnaires qui m’ont enseigné l’Evangile, mais c’est mon père et son ami,” se rappelle Ludovic Attiogbe.

Finalement, les cinq personnes ayant répondu à ses lettres ont rencontré Dieudonné Attiogbe, et il a reçu l’autorisation de baptiser sa famille. Ludovic Attiogbe s’est fait baptiser en 1997, ce qui a changé le cours de sa vie.

“J’étais un petit garçon et il n’y avait que quelques membres donc, en gros, tout le groupe reposait sur les épaules de mon père,” a expliqué Ludovic Attiogbe. “Le dimanche, je préparais l’endroit où nous avions la réunion de Sainte-Cène qui se trouvait à deux pâtés de maison de chez nous, alors je prenais quelques chaises de la maison et je les apportais dans la salle, puis je retournais à la maison et en rapportait plus.”

Il n’avait que douze ans, pourtant il se rappelle encore des gens qui le pointaient du doigt et se moquaient de lui pendant qu’il allait et venait du bâtiment de l’Église jusqu’à chez lui en portant les chaises. C’était un garçon très timide, ce qui empirait d’autant plus la situation. Les gens, en ville, se moquaient de sa famille, surtout de son père, et l’accusait d’être “revenu de Londres et d’avoir créé une église pour avoir de l’argent.”

Pourtant, dit-il, les épreuves auxquelles il était confronté n’étaient rien comparées à la joie qu’il ressentait lorsque les réunions commençaient.

“Je me sentais bien, en paix et tranquille,” a expliqué Ludovic Attiogbe. “J’avais le sentiment de faire partie de l’Église même si je n’y connaissais pas grand-chose. Mon coeur était dans l’Église et je ressentais que là était ma place. La route a été longue et laborieuse mais durant ces moments difficiles je me suis rendue compte que j’étais plus proche du Sauveur que je ne l’ai été lorsque tout allait parfaitement. Dans ces moments-là je me sens plus près du Sauveur et il est plus près de moi car il a aussi souffert.”

L’amour de la musique

Une autre bénédiction du fait d’avoir l’Église dans sa vie lui est venue sous la forme de la musique. Ludovic Attiogbe a développé un amour pour le piano. Étant donné que la plupart des églises en Afrique utilisent des tambours et d’autres instruments forts, a-t-il dit, écouter de la musique jouée au piano était l’un des autres aspects qui me plaisaient de l’Église SDJ au Togo.

“On jouait la musique de l’Église sur un petit magnétophone et on utilisait la musique que le siège de l’Église nous avait envoyée. On mettait le magnétophone en marche et on chantait tout simplement,” décrit Ludovic. “C’est comme ça que j’ai appris à jouer du piano. J’écoutais les cantiques et j’essayais de de trouver les notes avec un doigt. Parfois j’essayais de jouer pour la congrégation si je connaissais le cantique. Après ça, un missionnaire est arrivé et m’a appris à lire les notes.”

Cet amour de la musique a fini par l’aider à connaître la femme qui deviendra, par la suite, son épouse. La femme de Ludovic Attiogbe, Benedict, a déménagé de la Côte d’Ivoire au Togo pour ses études lorsqu’elle avait 17 ans.

“J’ai rencontré Ludo à l’église,” se rappelle-t-elle. “Je crois qu’il savait que j’aimais chanter, alors il a formé un choeur. Nous ne parlions pas vraiment, je le voyais juste à l’église et pendant les répétitions du choeur parce que c’était lui le pianiste. Il était juste un peu timide.”

Finalement, après avoir présenté un chant avec un petit groupe dont ils faisaient partie tous les deux, Benedict et Ludovic Attiogbe sont devenus bons amis. Moins d’un an plus tard, il a laissé de côté tout ce qu’il avait, notamment son travail, pour partir servir une mission à plein temps au Zimbabwe.

“Il est presque impossible de trouver du travail au Togo,” a expliqué Attiogbe. “Avant ma mission j’ai postulé quelque part et j’ai eu ce travail, c’était extraordinaire.”

Lorsque le moment est arrivé de partir en mission, il y a eu des problèmes avec son visa et il n’a pas pu partir. Mais, à peu près 20 jours plus tard, le président du Centre de Formation Missionnaire de la région l’a appelé et lui a demandé s’il était prêt à partir en mission le lendemain, l’informant que son appel avait été changé pour la Côte d’Ivoire.

Comme il était envoyé en mission si rapidement, il n’a pas eu la chance de dire au revoir à ses amis et à sa mère qui se trouvait dans une autre ville lorsqu’il a dû partir.

“C’était difficile de ne pas dire au revoir à ma mère,” a-t-il dit. “Quelques mois plus tard, j’ai appris que ma mère était décédée. Puis, la guerre a éclaté dans le champ de ma mission, parfois il n’y avait pas d’argent pour acheter de la nourriture. Tout était difficile. Finalement, nous avons dû prendre le dernier avion de Côte d’Ivoire pour quitter le pays. Je suis rentré au Togo et, aujourd’hui, nous sommes ici. Ça n’a pas été facile.”

Partir aux USA

Depuis, Ludovic et Benedict Attiogbe ont déménagé à Logan, en Utah, pour que Ludovic termine ses études à l’université de l’Etat d’Utah. Tout au long de ce grand changement dans leur vie, ils se sont reposés sur une seule chose : la constance de l’Evangile de Jésus-Christ.

“Ce qui m’a surpris lorsque nous avons déménagé ici c’était que l’Église n’était pas différente,” a expliqué Ludovic Attiogbe. “C’était la même chose, la même façon d’être parfois. C’est pareil partout. Nous sommes tous pareils. Il n’y a pas de différence. Nous croyons en la même chose. Nous prenons la Sainte-Cène de la même façon. Les choses que vous entendez au Togo, vous les entendez ici.”

Ludovic et Benedict membres du Togo et de la Côte d'Ivoire

Ludovic et Benedict membres du Togo et de la Côte d’Ivoire

Ils ont trouvé un sentiment familier de réconfort lorsqu’ils se sont rendus dans une église SDJ en Amérique. La seule différence, a précisé Benedict, c’est qu’en Afrique “on chante plus vite et plus fort.”

 

“Un jour à l’institut (de religion) aux États-Unis, Ludo jouait au piano puis il s’est arrêté pour demander si tout le monde était vraiment en train de chanter,” a raconté Benedict Attiogbe. “Tout le monde s’est mis à rire parce qu’ils savent que nous chantons parfois plus fort que le piano. Alors, oui, peut-être que la culture est un peu différente, mais l’esprit de l’Evangile est le même. Les gens sont gentils et il n’y a pas de différence.”

Lorsque Benedict Attiogbe s’est jointe à l’église à l’âge de 15 ans, elle savait que l’Église était vraie parce qu’elle se sentait heureuse lorsqu’elle allait à l’église et qu’elle était “remplie de joie” lorsqu’elle étudiait les Écritures.

“Je pouvais vraiment voir la différence entre le moment où j’ai eu l’Evangile et lorsque je ne l’avais pas dans ma vie,” a-t-elle expliqué. “Dans cette église vous apprenez et vous donnez quelque chose. Vous pouvez parler à l’église et vous pouvez avoir un appel, c’est tellement merveilleux de voir une église faire ça. Vous apprenez et vous enseignez.”

Benedict Attiogbe a dit qu’elle trouvait de la joie à enseigner l’Evangile même si elle est toujours en train d’apprendre.

“Je ne sais pas où je serais sans l’Evangile,” a-t-elle dit. “Je ne suis pas parfaite, mais j’ai confiance que Dieu sait que je fais toujours de mon mieux. Venir ici ce n’était pas une mince affaire parce que c’était comme commencer une nouvelle vie. Je ne sais pas si nous aurions été suffisamment courageux pour faire ça sans l’Evangile.”

Tout au long de leur vie, Ludovic et Benedict Attiogbe ont appris à avoir confiance en l’amour de Dieu pour eux et à faire passer l’Evangile en premier.

“Je ne sais pas comment j’ai fait pour survivre en mission lorsque mon président de mission m’a dit que ma mère était décédée mais, pour une raison que j’ignore, j’ai trouvé la paix et la force de continuer à servir les gens,” a expliqué Ludovic. “Je ne pourrais pas faire ça sans le Seigneur. Je ne pourrais pas faire ça sans l’Evangile. Je ne pourrais pas faire ça sans l’Esprit pour me renforcer et m’apaiser. L’Evangile est une bénédiction. Elle a fait de moi qui je suis aujourd’hui.”

Aujourd’hui, il y a 17 congrégations pour 3804 membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dans la région du Togo, selon MormonNewsroom.org.


La version originale de cet article a été écrite par Kelsey Schwab Adams, publiée sur deseretnews.com et traduite par Nathalie.