témoignage: je crois

Une fois par mois, dans ma paroisse, j’ai l’opportunité d’enseigner une classe d’adolescents. Le mois dernier, le sujet de la leçon était plutôt général : “Croire en Dieu.” Deux missionnaires, plutôt jeunes, qui avaient dix-huit ou dix-neuf ans, et qui sont récemment arrivés dans notre secteur ont demandé à apprendre à connaître les garçons de la classe.

 

J’ai saisi cette opportunité pour laisser de côté une partie de ma leçon et dire aux missionnaires qu’un très bon moyen d’apprendre à connaître les jeunes gens serait de passer environ dix minutes de la leçon à les enseigner. J’ai commencé la leçon en posant aux garçons la question suivante : pourquoi choisissez-vous de croire en Dieu ? J’imagine que ce n’est pas une question très passionnante pour un groupe de plusieurs garçons de douze ans, mais j’avais de l’espoir. J’ai demandé aux garçons d’y réfléchir pendant que les missionnaires les enseignaient.

En se basant sur leurs propres expériences, les missionnaires ont pris leur temps pour répondre à ma question. Du moins ils pensaient répondre à ma question. Au lieu de parler du pourquoi ils croient en Dieu, les missionnaires ont tous les deux partagé qu’ils savaient que Dieu existe. Chaque missionnaire a partagé une expérience spirituelle si puissante que leur croyance en l’existence de Dieu a été remplacée par la connaissance de son existence.

 

Cette démonstration de bravade spirituelle a impressionné et touché les garçons. Mais cela les a aussi fait réfléchir. Comment pouvaient-ils, un jour, devenir de puissants missionnaires si la raison pour laquelle ils croient en Dieu est, « Parce que mes parents croient en Dieu, et ils m’ont toujours guidé sur le droit chemin » ou « Quand je prie, j’ai juste l’impression que quelqu’un m’écoute » ou « Je ne suis pas sûr qu’il y ait un Dieu, mais j’espère que oui. »

 

« Je sais » versus « Je crois »

Les membres de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ou mormons, ont un penchant culturel pour la phrase « je sais que. » On la retrouve dans nos cantiques, nos apôtres l’utilisent, et par conséquent elle est utilisée à travers le monde lors de nos réunions de témoignage mensuelles. Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles qui se préparent à servir une mission ont l’impression que leur témoignage ne sera complet que lorsqu’ils pourront proclamer avec pouvoir qu’ils « savent ».

Alors que mon intention n’est pas de rejeter les expériences spirituelles uniques que nous avons tous, la connaissance n’est pas nécessaire au progrès spirituel, et le pouvoir spirituel ne vient pas de la connaissance mais plutôt par une croyance simple, et souvent sous-estimée.

 

Dans la Bible, on parle toujours avec estime de la connaissance, mais toujours comme un but, pas une destination. Par exemple, dans Proverbes on lit, « un cœur intelligent cherche la science (la connaissance) » (Proverbes 15 :14). Si nous devons constamment essayer d’acquérir de la connaissance sans pour autant l’atteindre, alors par quoi est motivée notre quête ? La croyance.

 

Dans l’un des grands sermons du Livre de Mormon, le prophète Alma explique la relation entre la foi et la connaissance. Il explique que nous devons développer notre foi en plantant dans notre cœur la graine de la foi, et observez cette graine pousser.

Si elle pousse, alors nous pouvons en déduire que la graine est une bonne graine. Mais à la fin de l’explication de ce processus Alma nous demande, « Et maintenant, voici, lorsque vous avez goûté cette lumière, votre connaissance est-elle parfaite ? Voici, je vous dis que non ; et vous ne devez pas non plus mettre de côté votre foi » (Alma 32 :35-36).

Alma enseignant / Je crois

Alma explique clairement que peu importe les preuves spirituelles que vous recevons ; si elles se transforment en connaissance, nous commençons à stagner et perdons le pouvoir vital qui se trouve dans l’acte de croire. Alma met en garde ceux qui se reposent sur leur connaissance en utilisant des termes clairs : « Oui, votre connaissance est parfaite en cela, et votre foi sommeille » (Alma 32 :34).

 

Alma explique ensuite comment nous pouvons développer notre foi. Un des moyens qu’il utilise ne repose pas uniquement sur une approche scientifique où l’on mesure le progrès spirituel. Dans cet exemple, Alma utilise de nouveau l’exemple de la graine, mais au lieu d’observer si la graine pousse, Alma nous encourage à nourrir « l’arbre, par votre foi, avec grande diligence et avec patience… ce sera un arbre jaillissant jusque dans la vie éternelle » (Alma 32 :41).

 

Quand Paul a partagé son témoignage, il a dit que l’Évangile de Jésus-Christ est « une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Romains 1 :16) et non pour quiconque « sait ». Dans les Articles de foi de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, c’est par le principe de la foi et non de la connaissance que nous recevons le salut.

 

La vie de l’apôtre Thomas est sûrement l’exemple qui illustre le mieux le pouvoir de la foi comparé à celui de la connaissance. Trois jours après sa mort, le Seigneur Jésus-Christ, ressuscita des morts. On peut comprendre qu’à l’annonce de cette nouvelle, Thomas était septique. Mais, éventuellement, il vit le Seigneur ressuscité et toucha les marques dans ses mains et ses pieds. Thomas savait que Jésus était vivant. Mais tout comme Jésus l’a expliqué à Thomas, « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui ne m’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20 :29). La connaissance du Christ ressuscité n’était pas aussi importante que le fait de croire en sa résurrection.

 

Le pouvoir qui émane de la croyance

Nous vivons dans un monde où les preuves sont sans cesse remises en question. Nos politiciens débattent des faits avant de débattre de la politique. Les faits influencent les décisions prises des sujets les plus mondains aux sujets les plus importants. Dans le monde du sport, beaucoup d’équipes classées parmi les meilleures transfèrent leurs athlètes en se basant sur « analyses avancées. » Mon but n’est pas de sous-estimer l’importance des faits, des observations et de la connaissance dans ces domaines.

 

Mais il est important de ne pas traiter la foi de cette façon. La foi est un domaine qui ne peut pas se mesurer avec une feuille de calcul Excel, ou être publiée dans un journal scientifique. Dans un monde où tant de choses sont basées sur l’acquisition de preuves, révéler que l’on « croit » est un risque que l’on peut hésiter à prendre. Dans la passé, les personnes qui n’avaient pas réponse à tout était considérées être des sages. Maintenant, leur manque de connaissance peut souvent être considérer comme une marque de faiblesse.

 

Se tenir debout devant l’incertitude et continuer à avancer même lorsque l’on ne sait pas ce qui nous attend, apprendre à vivre avec le doute et continuer sur ce chemin malgré tout, c’est là une preuve de foi. La foi est le pouvoir qui amène les hommes à se mettre à genoux : celui qui motive des légions de fidèles à travers le monde ; c’est le pouvoir qui peut sauver l’âme des hommes. Et non la connaissance.

Je crois parce que j'ai vu, Thomas.

Ces mêmes missionnaires sont venus chez moi cette semaine. Ils ont expliqué comment nous pouvons acquérir la foi et m’ont demandé comment est-ce que Dieu communique avec le genre humain. J’ai dû y réfléchir. Je crois que Dieu m’a parlé. J’ai déjà ressenti Dieu me parler. Mais je ne sais pas.

 

Dieu nous parle dans l’espace qui se trouve entre connaissance et incrédulité. Il parle à ceux qui choisissent de l’écouter. Ceux qui ont des yeux verront. Pourquoi nous parle-t-il de cette manière ? Pour que nous puissions exploiter le pouvoir de la foi dans notre vie. Puissions-nous tous exploiter le pouvoir de la foi dans notre vie.

 

Cet article a été originellement écrit par Christopher D. Cunningham, publié sur lds.net et traduit par Amandine.