L’article qui suit a été publié sur le blog de Mitch Mayne, un membre américain actif qui est également homosexuel. Il vit sa vie de manière à être digne aux yeux du Seigneur et a choisi d’aider ceux qui, comme lui, rencontrent de l’hostilité et/ou de l’incompréhension par rapport à leur orientation sexuelle, au sein de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Son amour pour l’Evangile lui a permis de rester pratiquant dans sa paroisse et de ne pas s’en éloigner. Il a demandé à l’un de ses anciens évêques d’écrire ce qu’il souhaiterait dire aux membres de la communauté LGBT qui ont le désir de rester ou revenir à l’Eglise. Le texte ci-dessous est à la fois rempli d’amour et de respect pour les commandements et pour tous les enfants de Dieu.

 

*****

Mitch Mayne sur sa cécité

En mars 2016, l’évêque Don Fletcher (ancien évêque de la paroisse de Bay à San Francisco, et l’évêque qui m’a appelé à servir comme secrétaire exécutif) a donné un discours lors d’une veillée, ici, dans la région de San Francisco.

La veillée fait partie d’une initiative continue d’un groupe appelé The Hearth, qui parraine et accueille des événements qui inspirent et renforcent une communauté LGBT de l’Eglise et ouverte à tous. Je suis béni de faire partie d’une communauté de membres de l’Eglise engagée avec The Hearth, et béni de connaître quelqu’un comme l’évêque Fletcher.

Au cours des dernières années, étant profondément impliqué auprès de la communauté mormone sur des sujets relatifs aux LGBT, j’ai eu la chance de faire la connaissance de ce que je pense être les meilleures personnes vivantes. En fait, je les soupçonne secrètement d’être des anges déguisés. Leur profonde gentillesse, leur compassion, et leur désir de faire ce qui est juste en dépit des conséquences sont quelques-unes des qualités que possèdent ces gens.

___________________________________________________________________

 

Sur sa cécité, de John Milton (traduction)
À mesurer que ma lumière s’est épuisée
Avant le midi de mes jours, dans l’obscurité du vaste monde,
Et que mon précieux talent, voué à la mort s’il demeure enfoui,
Est vainement niché en moi, alors que mon âme penche encore plus

À s’en servir pour mon créateur et lui présenter
Le compte qui est mien, de peur qu’il ne me tance à son retour :
« Dieu exige-t-il le labeur quotidien, quand la lumière est refusée ?
Questionnais-je sottement. Mais Patience, pour prévenir

Ma fâcheuse récrimination, aussitôt répond : « Dieu n’a nul besoin
De la tâche de l’homme ou de ses offrandes. Qui mieux
Supportent son aimable joug, mieux le servent. Son état

Est souverain ; des milliers sont-ils, ceux qui à son appel se lancent
Et se hâtent par la terre et les océans sans répit.
Ils le servent aussi ceux qui debout savent attendre.

 

don and terri

L’évêque Don Fletcher et son épouse Terri

Lorsque j’étais en classe de 6e, mon professeur d’anglais a demandé à la classe de mémoriser le poème de John Milton : « Sur Sa Cécité ». Curieusement, je me souviens encore de chaque mot quelques 48 années plus tard. Bien que je m’en souvienne encore, je suis sûr de ne pas le comprendre complètement.

Si je me souviens bien, en 1650 environ, Milton avait perdu la vue et a écrit ce poème sur la patience nécessaire pour supporter ce handicap visuel qui a profondément perturbé son talent d’écrivain.

A ce point de ma carrière professionnelle, j’ai personnellement traité plus de 25,000 patients souffrants de troubles de la vue. Mes commentaires aujourd’hui vont mêler mes parcours professionnel et spirituel et traiter des problèmes de vue en relation avec la communauté LGBT.

Je commencerai par admettre que j’étais moi-même « aveugle » jusqu’à l’âge de 50 ans passés, lorsque mon frère m’a appris son homosexualité. Bien que ma vision oculaire était parfaite, j’étais spirituellement aveugle et ignorant des problèmes et défis que les gens LGBT devaient affronter.

Tout comme l’aveugle guéri dans Jean 9 : 25, je peux maintenant affirmer qu’à travers les dons du Seigneur : « Je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et maintenant je vois. » Je dois beaucoup à mon frère Bob et à mon bon ami Mitch Mayne et au Seigneur qui m’ont ouvert les yeux.

Il y a quelques années, mon frère m’a appelé pour qu’on se voit. Bob et moi avions toujours été proches et sa demande n’était donc pas vraiment une surprise. Mais quelque chose d’inhabituel m’est arrivé avant notre rencontre. Je ne prétends pas être dans la même catégorie que Joseph d’Egypte mais j’ai fait un rêve dans lequel j’ai eu une vision que Bob était homosexuel.

Avant notre rencontre, j’avais une idée précise de ce dont nous allions parler et j’avais raison. Bien que le rêve avait été utile pour me donner la révélation, il a eu un autre rôle encore plus important. Partager cette vision avec Bob a, selon lui, rendu l’annonce de son homosexualité plus facile pour lui. Cette démarche n’est jamais facile et ce n’est particulièrement pas facile lorsque vous êtes un homme marié et que vous avez passé 50 ans dans le secret. Mais mon rêve a donné à Bob un élan de courage qui lui a permis d’être finalement lui-même avec moi, et ensuite avec le reste de la famille. La révélation a rendu les choses très claires pour Bob, et pour moi, qu’il y avait bien une main plus grande derrière tout cela. Cette main avait ouvert la porte, et Bob, un Bob authentique, en avait franchi le seuil.

Bien que je sois heureux d’avoir été présent pour mon frère, je suis également profondément reconnaissant de ce que ce rêve a fait pour moi. Le Seigneur m’a offert ce rêve comme une tendre miséricorde, pour me préparer à recevoir le don de la compréhension que mon frère allait me permettre d’acquérir.

Mon frère Bob et Mitch Mayne ont partagé avec moi beaucoup de leurs réflexions au fil du temps, Bob en tant que membre de la famille et Mitch en tant que mon secrétaire exécutif lorsque j’étais évêque de la paroisse de San Francisco. Je pense que cette paroisse a sans doute le nombre de membres homosexuels le plus important du monde. En travaillant à San Francisco j’ai de temps en temps fait preuve d’impatience envers les gens « anti gays ». On a dû me rappeler gentiment d’être patient avec eux, qu’il n’y avait le plus souvent aucune méchanceté dans leurs opinions, mais juste de l’aveuglement, tout comme le mien.

Nous sommes maintenant et à nouveau dans une période extrêmement pénible pour les membres LGBT de l’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Le travail de réactivation des membres LGBT que nous avions fait dans la paroisse serait beaucoup plus difficile aujourd’hui.

Mais l’objectif à travers lequel j’examine les circonstances actuelles est parfaitement exprimé par Sonny dans le film merveilleux The Best Exotic Marigold Hotel : « Tout se passera bien à la fin. Et si cela ne se passe pas bien, alors ce n’est pas la fin. » De tout mon cœur, je crois que cela s’applique à notre situation dans l’Eglise aujourd’hui : ce n’est pas la fin.

Lorsque nous avons commencé notre travail dans la paroisse de San Francisco, l’une des méthodes que nous avons adoptée trouvait sa source dans une citation de Elder Jeffrey Holland qui est toujours d’actualité :

« … certains membres excluent de leur cercle d’amis ceux qui sont différents. Lorsque nos actions ou nos paroles découragent quelqu’un de profiter pleinement du fait d’être membre de l’Eglise, nous les trahissons—et nous trahissons le Seigneur. » (Octobre 2007)

Puisque je n’ai pas autant d’éloquence que Elder Holland, j’ai paraphrasé ses paroles pour en faire ma propre devise sur laquelle je me suis appuyé pour notre travail au sein de la paroisse. Cette devise était : « Peu importe que vous soyez gay ou pas, que vous soyez rayé ou à poisvous êtes le bienvenu dans notre paroisse. »

Avec l’aide de Mitch j’ai rédigé une lettre chaque trimestre à chacun des membres sur les registres de la paroisse (y compris ceux qui sont moins pratiquants) en signant personnellement chacune d’elles. Dans cette première lettre, voici l’une des choses que j’ai écrites :

“En servant en tant qu’évêque et dans la présidence de pieu, j’ai pu observer un grand nombre de raisons pour lesquelles la foi des membres cesse de progresser. Voici quelques raisons :

  • Ceux qui ont été vexés par un membre qui manque de tact ou par des commentaires désobligeants;
  • Ceux qui ne souhaitent pas payer leur dîme, pour différentes raisons;
  • Les homosexuels ou lesbiennes qui ont du mal à comprendre quelle est leur place dans notre religion;
  • Ceux qui ont des problèmes avec la parole de sagesse, ou d’autres addictions.

Aucune de ces raisons, et aucune autre raison, ne devraient vous éloigner de cette religion que vous appeliez « la vôtre ». S’il vous plait, revenez. Nous avons une paroisse merveilleuse pleine de diversité et vous êtes également les bienvenus. Vous serez estimés ici et ferez partie de notre famille paroissiale. Nous nous réunissons tous les dimanches à 9h du matin »

 

J’ai personnellement eu l’occasion de rencontrer des dizaines de membres LGBT (et aussi non LGBT) qui étaient devenus inactifs pour diverses raisons. Beaucoup d’entre eux m’ont dit qu’ils étaient sceptiques en ouvrant la lettreet pourtant ils l’ont gardée et elle est restée sur leur bureau ou leur plan de travail pendant des mois. Ils la prenaient, la lisaient, y réfléchissaient et souvent prenaient le courage de m’appeler ou d’appeler Mitch.

Souvent ils me demandaient : « C’est bien réel ? Vous pensez réellement ce que vous avez écrit ? Suis-je vraiment le bienvenu à l’Eglise ? » Je répondais toujours avec enthousiasme que c’était le cas mais au fond de moi je trouvais terrible que tant de membres LGBT étaient surpris d’apprendre qu’ils étaient les bienvenus pour œuvrer dans la paroisse.

 

Une histoire mémorable impliquait un ancien missionnaire qui n’était pas venu à l’église depuis de nombreuses années. Son histoire était très classique. Il avait pensé que servir une mission à 19 ans le « guérirait » de son homosexualité. Ce ne fut pas le cas.

sur sa cécité

Jean 9:25 “J’étais aveugle, et maintenant je vois.”

Donc, il s’est installé à San Francisco où il a trouvé et s’est installé avec un partenaire merveilleux avec lequel il est resté pendant plus de 20 ans. Lorsqu’il a commencé a assister à nos réunions de l’Eglise il a ressenti quelque chose de très chaleureux, un retour à sa vie merveilleux et familier. Son partenaire non membre a remarqué qu’il était bien plus heureux et satisfait avec sa vie également.

Puisqu’il aimait les changements qu’il a vu dans son partenaire, le non membre du couple a demandé s’il pouvait aussi assister aux réunions. J’ai accepté avec enthousiasme et nous avions un membre de plus pour nos réunions hebdomadaires. En fin de compte il a suivi les discussions, lu le Livre de Mormon, et en a obtenu un témoignage qu’il était vrai. Cela ne devrait pas nous surprendre, le Livre de Mormon est vrai. Ce couple a déménagé de l’autre côté de la région et assiste maintenant à une autre paroisse qui les a accueilli et les soutient.

 

L’une des choses que j’aime le plus en détenant la prêtrise c’est l’opportunité de servir les autres en leur donnant des bénédictions. En tant qu’évêque j’étais très généreux avec les bénédictions. J’ai toujours proposé aux membres (et non membres) gays de leur donner des bénédictions.

J’ai imposé mes mains sur les têtes de nombreuses personnes merveilleuses, hommes et femmes, et les circonstances étaient toutes remarquablement similaires. Ma première impression, sans exception, était que je devais exprimer à ces personnes l’amour que leur porte le Seigneur à ce moment et exactement comme ils étaient. Chacun de nous a besoin de savoir ça, mais plus particulièrement les LGBT qui se sentent souvent impossibles à aimer.

Dans ma profession de médecin, j’ai vu des personnes mal voyantes, des malades et des morts, j’ai fait du bénévolat en Asie et en Afrique et dans de nombreuses zones défavorisées où j’ai vu beaucoup de souffrances. Mais la plus grande tragédie humaine avec autant de souffrances se trouve sans doute chez ceux qui se sentent incapables d’être aimés par le Sauveur tels qu’ils sont.

 

Beaucoup de membres LGBT et de membres moins pratiquants sont revenus à l’église durant notre temps de service à San Francisco. Je vis en ce moment à Wichita mais Mitch et moi avons toujours cette passion d’aider ceux qui ne se sentent pas aimés par le Seigneur dans leur vie. Et bien que notre travail dans cette paroisse puisse être momentanément stoppé, nous continuons à ressentir l’appel de notre Sauveur à faire le travail nécessaire pour aider nos frères et sœurs à voir sa main dans leurs vies, et à sentir son amour.

Carol Lynn Pearson sur sa cécité

L’une des personnes que je respecte le plus ici-bas est Carol Lynn Pearson. On lui a demandé d’écrire une chanson pour le livre de cantique à propos des enfants handicapés. Elle m’a dit que bien qu’un enfant en fauteuil roulant soit illustré dans le livre de chants de la primaire, elle a toujours pensé que cela pouvait être adapté aux membres LGBT également.

 Si tu ne marches pas tout comme eux,

Certains s’en vont, baissant les yeux,

Mais pas moi! pas moi!

Si tu ne parles pas bien comme eux,

Certains se moquent, dédaigneux,

Mais pas moi! pas moi!

Je viens vers toi, parle avec toi,

Je montre mon amour pour toi.

Jésus ne s’est jamais moqué,

son amour à tous il donnait: alors moi aussi.

A chaque être humain, quel qu’il soit, Jésus a dit:

«Viens et suis-moi», alors, moi aussi, alors, moi aussi,

Je viens vers toi, parle avec toi,

Je montre mon amour pour toi.

(Livre de cantique de la primaire n°78)

 

Cette chanson indique une doctrine facile à suivre envers ce groupe de gens auquel je m’adresse ce soir, mais il y a peut-être une chose plus difficile pour nous maintenant. Mais malgré les offenses des Saints des Derniers Jours « aveugles », s’il vous plait ne vous sentez pas tentés de quitter l’Eglise du Sauveur. Malgré tout ce qui est dit sur nous, autour de nous, nous devons nous rappeler que c’est son Eglise.

Maintenant, plus que jamais, nous avons besoin de son amour et de son soutien, et il a besoin du notre. Une façon de montrer notre amour au Sauveur est de faire preuve de tolérance et de patience avec les autres membres de son Eglise.

 

J’aime le Seigneur Jésus Christ et je sais qu’il m’aime. La doctrine de son Eglise est profondément ancrée dans mon cœur, et la clé de voûte de cette doctrine est son amour inconditionnel pour chacun de nous. Et bien que je sois mortel également, et que je puisse m’autoriser à être frustré du fait que certains autres mortels échouent dans leur manière d’exprimer et de manifester son amour, dans mon cœur je sais que son amour pour chacun de nous est universel, et notre valeur est infinie à ses yeux.

Lorsque je deviens impatient et empreint de doutes, je repense à ma mission en Angleterre. En plus de Milton, un autre passage que j’ai mémorisé est la version de Joseph Smith de la première vision.

En présentant la première discussion, je racontais la première vision à la première personne avec beaucoup d’émotion. A chaque fois que je racontais l’histoire, je ressentais le Saint Esprit rendant témoignage que c’était vraiment arrivé tel que Joseph Smith l’avait décrit. Je suis persuadé que c’est le cas. C’était un prophète et le Dieu des cieux l’a utilisé pour rétablir son Eglise sur terre.

L’une des choses que je préfère dans l’histoire de Joseph Smith est d’apprendre que Jésus Christ et notre Père Céleste le connaissaient personnellement, et l’ont appelé par son nom. De la même façon, ils connaissent nos noms et nous aiment et se soucient de nous personnellement. C’est la vérité, et bien que je sois frustré par moment, je ne peux pas le nier.

Tout comme moi, la plupart des membres ont un témoignage de la première vision. Pourtant, il semble que beaucoup de gens justes n’ont pas la vision de la place qu’occupent les personnes LGBT au sein de l’Eglise du Seigneur.

Alors, que devons-nous faire ?

Je vais encore citer un film. Je suis un fan de Rocky Balboa. Dans l’un des derniers épisodes, le boxeur Rocky devenu âgé donne des conseils à son fils bien aimé. Son fils a du mal à gérer sa vie et pense que l’ombre que lui fait son père est la source de ses problèmes.
Rocky sur sa cécité

Ce à quoi Rocky répond :

« Laisse-moi te dire quelque chose que tu sais déjà. Le monde n’est pas fait que de journées ensoleillées et d’arcs-en-ciel. C’est un endroit dur plein de méchanceté et peu importe ta force, il te mettra à genoux et te laissera comme ça si tu ne réagis pas. Ni toi, ni moi ni personne ne peut envoyer des coups aussi durs que la vie.

Peu importe la force de tes coups, l’important c’est de pouvoir encaisser les coups tout en continuant à avancer. C’est jusqu’à quel point tu peux encaisser en continuant à avancer. C’est comme ça qu’on gagne.

Maintenant, si tu connais ta valeur, va chercher ce que tu vaux. Mais tu dois être prêt à prendre les coups sans pointer du doigt ou rejeter la faute sur les autres. Les lâches font ça et c’est pas ce que tu es. Tu es meilleur que ça !

Je t’aimerai toujours, peu importe ce qui arrive. »

Ceci est très pertinent pour notre discussion aujourd’hui. En fait, je pense qu’il y a beaucoup de points communs entre la communauté LGBT et les combattants. Les deux sont souvent mis à terre.

Dans tout ce que Rocky a dit, la phrase la plus importante est celle-ci :

 « Si tu connais ta valeur, va chercher ce que tu vaux. »

 

C’est ce dont nous avons le plus besoin dans la manière avec laquelle nous nous occupons de nos LGBT. Nous devons les aider à assimiler les titres « d’enfants de Dieu » et de « bien aimés du Seigneur », et le fait que chacun d’entre nous a une grande valeur.

Un facteur primordial dans l’estime de soi est les étiquettes que nous laissons les autres coller sur nous. Ceci est également un facteur déterminant dans ma vie professionnelle en tant que médecin. Et j’ai appris que les étiquettes ont un rôle important dans la réussite du rétablissement de la vue de mes patients. Laissez-moi vous expliquer.

Le Service des Revenus Internes (IRS) a adopté un terme il y a presque un siècle qui a été très préjudiciable dans mon domaine en tant qu’ophtalmologue. Il s’agit de la désignation « légalement aveugle ». Si vous n’êtes pas capable de voir une lettre d’une certaine taille sur le tableau (20/200), vous êtes considéré comme « légalement aveugle ».

Mais les gens qui ne peuvent pas voir les lettres sous la taille 20/200 peuvent en général toujours voire assez bien—ils ont juste besoin de verres adaptés. A l’aide d’instrument appropriés et avec de l’entrainement, ils peuvent lire les journaux, traverser la rue, cuisiner et répondre aux emails sur leurs ordinateurs. Dans bon nombre de cas ils peuvent vivre une vie aussi normale que ceux qui ont une vision parfaite.

J’affirme qu’il y a plus de gens qui sont aveuglés par cette définition erronée que par n’importe quelle maladie des yeux répertoriée. Qualifier ces gens de légalement aveugles est aussi absurde que de qualifier quelqu’un qui est malade dans un hôpital de « légalement mort. »

Malgré des soins oculaires adaptés beaucoup de gens en Amérique perdent la vue avec des conditions telles que la dégénérescence de la macula et la rétinopathie diabétique. Voici le scénario typique :

  • Tout d’abord, le patient perd la vue, on lui dit qu’il n’existe aucun traitement pour la restaurer et que, par définition il est maintenant légalement aveugle. Au revoir et bonne chance.
  • Ensuite, ces patients viennent me voir dans mon bureau. A ce stade ils ont accepté beaucoup d’étiquettes négatives données par des docteurs respectables, et ne pensent pas que je puisse faire quoi que ce soit pour eux.
  • Avant que je n’entame le processus de rétablissement au niveau médical, je dois souvent les aider à rétablir leur perception d’eux-mêmes, et les aider à avoir un peu d’espoir. Dans la plupart des cas, ils sont à même de vivre une vie indépendante, productive et heureuse mais ils doivent changer l’étiquette qu’ils se sont attribuée à eux-mêmes avant que cela puisse se produire.

Et c’est ainsi que cela se passait lorsque j’étais évêque dans la paroisse de San Francisco. Aider des gens à restaurer leur perception propre était souvent le premier point abordé lorsque je rencontrais des membres LGBT. Je devais changer les étiquettes négatives en étiquettes positives. Pour cela je devais leur rappeler les choses suivantes :

Jésus sur sa cécitéVous êtes un enfant de Dieu aimé.

Dieu vous aime comme vous êtes maintenant.

Vous êtes le bienvenu dans l’Eglise de Dieu comme vous êtes maintenant.

Vous êtes quelqu’un de bien.

Vous avez un grand potentiel de faire le bien et d’être juste dans cette vie.

Vous êtes sur cette terre maintenant pour une raison et ce n’est pas un accident que vous soyez comme vous êtes.

Vous n’êtes pas seul.

Vous pouvez devenir meilleur et le Seigneur veut vous aider à atteindre votre plein potentiel.

 

Les conseils de discipline sont aussi sources de beaucoup d’étiquettes négatives. J’ai été évêque dans trois états différents et j’ai été conseiller dans une présidence de pieu. J’ai donc beaucoup d’expérience avec les conseils de discipline et avec ceux qui veulent se repentir et utiliser l’expiation dans leur vie.

Si cela ne tenait qu’à moi, je leur donnerais un nouveau nom. Au lieu de « Conseil de Discipline », je l’appellerais « Méthode de mise en œuvre de l’Expiation. » Les gens qui sont « disqualifiées » ont besoin d’être entourés. Je propose donc de changer ce nom en « Candidats au sur-entourage », et ils seraient invités en premier à chaque activité et invités chez les autres membres.

« Excommunication » est également un mot potentiellement négatif. Microsoft Word me donne ces synonymes pour excommunication : exclu, empêché, éjecté, retiré, renvoyé, jeté dehors. Ce n’est pas une super liste de noms positifs. Dans ce cas, j’ai besoin de votre avis, j’aimerais avoir vos idées. Pour l’instant sur ma liste j’ai « ré-investigateur » ou « agneau ayant besoin de beaucoup d’amour ».

 

Je pense vraiment que le Seigneur voudrait que nous, en tant qu’individus et en tant qu’Eglise, soyons bien meilleurs pour bénir la vie d’au moins 500,000 membres homosexuels de son Eglise (estimation prudente de 3%). Nous pouvons faire tellement plus pour alléger les souffrances avec la réalité de l’amour du Seigneur pour nous.

Donc, avant de conclure, je vais résumer avec une liste de choses que, j’espère, vous retiendrez. Voici le résumé de ce que je pense être important :

  1. Méfiez-vous des étiquettes : évitez le négatif, adoptez le positif.
  2. L’étiquette la plus certaine et la plus positive que chacun de nous puisse porter est « enfant aimé de Dieu ».
  3. Relevez-vous lorsque vous êtes à terre. Vous n’avez pas perdu tant que vous n’avez pas abandonné. C’est un long combat mais avec le Seigneur dans votre camp, vous gagnerez.
  4. Tout se terminera bien.
  5. Ne vous détournez pas du Sauveur.
  6. Posez-vous la question sous forme de défi : « Que puis-je faire personnellement pour alléger les souffrances dans cette communauté ? »

 

Je vais terminer avec une citation de la dernière conférence générale. Elle vient de Sœur Neill Marriott. Son discours était riche et puissant. Ecoutez sa phrase de conclusion : 

« Lorsque nous offrons un cœur brisé à Jésus Christ, Il accepte notre offrande. Il nous reprend. Peu importe les pertes, blessures et rejets dont nous avons souffert, Sa grâce et sa guérison sont plus forts que tout. Fermement attachés au Sauveur, nous pouvons dire avec confiance : « Tout finira bien. »

 

Il y a beaucoup de choses que le Seigneur voudrait que nous fassions. Ne changez pas de camp. Laissez l’Esprit vous guider de manière à savoir comment utiliser au mieux votre temps, vos talents et vos ressources au service du Seigneur Jésus Christ. Pour moi, il n’y a pas de plus grande cause dans laquelle je veux m’impliquer que celle d’aider les Mormons LGBT, et de donner la vue à ceux qui ne peuvent pas voir la réalité de leur propre place si importante soit-elle dans le plan éternel du Seigneur.

Je rends témoignage qu’il aime chacun d’entre nous, au nom de Jésus Christ, amen.

 

Article posté par Mitch Wayne, traduit par Samuel Babin