Lorsque j’avais douze ans, j’ai été diagnostiqué d’un trouble obsessionnel compulsif. Je ne vais pas mentir, ce n’était pas la meilleure nouvelle pour un enfant de douze ans. J’aurais préféré qu’on me diagnostique un excès de beauté ou un corps trop athlétique, mais à la place de ça je doutais de moi-même et j’étais anxieux. Je souffre encore de ce problème de dépression aujourd’hui. Tous les jours j’ai des angoisses et des pensées irrationnelles. Mais la plupart des gens qui me connaissent ne s’en doutent sûrement pas.
J’ai joué au football pendant 17 ans à différent niveaux de compétitions, voyageant souvent à travers le pays pour participer à des tournois, dont plusieurs années en tant que capitaine de l’équipe. J’ai été élu représentant des élèves dans mon lycée. J’ai servi une mission à plein temps à Londres en Angleterre remplissant des fonctions à responsabilités, telles que Formateur, Zone Leader et Assistant du Président. J’étudie les relations publiques à BYU et j’ai voyagé partout dans le monde dans le cadre de mon travail. Dans toutes ces responsabilités de dirigeant et de sportif, je me suis battu contre mes troubles obsessionnels compulsifs.
Je ne parle pas de tout ça pour me vanter. Je veux que ceux qui luttent contre des maladies psychiques réalisent qu’ils peuvent vivre une vie normale. Et ceux qui n’ont jamais vécu ce genre de traumatisme doivent comprendre que les gens souffrant de ce problème sont également des personnes normales. C’est pour cette raison que j’ai fait ma liste des six choses à faire si vous lutter contre cette maladie.
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PARLEZ. Soyez ouvert et honnête.
L’une des particularités du trouble obsessionnel compulsif est qu’elle me fait penser que je ne suis pas digne d’être un enfant de Dieu. Ça parait drôle, non ? Je ris en pensant à ça tous les jours et j’ai appris à ignorer cette idée. Mais je continue d’y penser. A douze ans, je pensais souvent que pratiquement tout ce que je faisais était un péché aux yeux de Dieu. Mon esprit me faisait croire que peu importe ce que je faisais, c’était mal.
Avec le temps, ces sentiments de doutes hantaient mon esprit et la culpabilité m’envahissait. Petit à petit, cette culpabilité s’est transformée en dépression et la dépression m’a fait perdre espoir.
D’ailleurs, l’une des premières choses qu’une maladie psychique vous enlève, c’est l’espoir. Je priais Dieu encore et encore en lui demandant de chasser ces sentiments de doutes, mais il me semblait parler à un mur de briques. Après plusieurs mois, je savais que je pouvais soit continuer à souffrir en silence, soit m’ouvrir aux autres. La meilleure décision que j’ai prise a été de parler à mes parents pour leur dire exactement ce que je ressentais.
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Bougez-vous et faites tout ce que vous pouvez faire.
Au terme d’une discussion avec mes parents, mon père a suggéré que je vois un spécialiste. J’étais choqué. Je pensais que les thérapeutes étaient le genre de personnes que seuls les fous allaient consulter. Un thérapeute vous fait vous allonger dans un fauteuil et vous pose les mêmes questions encore et encore. « Alors, qu’est-ce que tu en penses ? »
Cette idée ne m’enchantait vraiment pas et était même humiliante car je ne voulais pas que mes amis le sachent. Mais après en avoir discuté avec mon père, il m’a dit que je pouvais soit rester là à me lamenter, ou je pouvais agir et faire de mon mieux pour surmonter l’épreuve que je traversais. Bien que je n’avais pas choisi d’être déprimé, je pouvais choisir comment agir malgré tout. Nous avons toujours le choix.
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Profitez de l’Expiation… entièrement !
Peu après avoir vu un thérapeute, on m’a prescrit des antidépresseurs. J’ai souvent entendu dire que les thérapeutes sont inutiles et que l’utilisation d’antidépresseurs sert juste à cacher le problème au lieu de le régler. Cela me fait grimacer quand j’entends ça, surtout parce que les gens ne choisissent pas d’être dépressifs ou malades. Personne ne veut se sentir comme s’il n’y avait aucun espoir et être triste en permanence. Mais il est possible d’être humble et de profiter des moyens que Dieu nous a donnés pour surmonter nos inquiétudes. Ces moyens peuvent être : l’exercice physique régulier, la prise de vitamines, les huiles essentielles, les traitements, et oui… les antidépresseurs. Tous ces moyens sont des choses que notre Père Céleste a mis à notre disposition pour surmonter, et non pas cacher les problèmes de la vie. Tel un plâtre pour un bras cassé, ces actions peuvent constituer une étape vers la guérison. Utiliser tous ces moyens en y ajoutant la prière, le jeûne et d’autres façons de se renforcer spirituellement, nous aident à profiter de l’Expiation.
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Avoir une maladie psychique ne fait pas de vous un pêcheur.
Etre déprimé et malade psychiquement ne fait pas de quelqu’un un pêcheur. Avec les moyens évoqués plus haut et m’en remettant à Dieu, je me suis sorti de ma dépression sans toutefois me défaire de mes pensées liées à mes troubles obsessionnels compulsifs. Personne ne savait que j’étais toujours affecté. En fait, j’entendais mes amis dire : « Les personnes tristes ne vivent clairement pas l’Evangile. S’ils obéissaient aux commandements, Dieu leur donnerait assurément du bonheur. »
Heureusement, je savais ne pas prendre ce genre de commentaires au sérieux. Les écritures parlent de beaucoup de prophètes qui ont dû lutter contre des pensées dépressives et obsessives comme Néphi (2 Nephi 4) et Ammon (Alma 26), et nous avons appris dans un discours récent de Elder Holland que même lui avait souffert de dépression à un moment.
Dieu n’a jamais dit que si vous obéissez aux commandements vous serez heureux et tout sera parfait. Il a dit dans Jean 14 :27 : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » Le Christ à dit aussi : « Venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions. » Il à simplement dit qu’il nous aidera dans les moments d’épreuves. Il nous a dit de prendre son joug et de marcher avec Lui. Il n’a jamais dit que le chemin serait fait d’or ou qu’il serait plat tout le temps. Au contraire, c’est un chemin qui monte avec des fossés, des bandits et des orages. Pour citer Président Eyring : « Si vous êtes sur le bon chemin, c’est forcément qu’il monte. »
Ce qu’il nous promet cependant, c’est la paix. La paix de savoir qu’à la fin cela en vaudra la peine. Il y a de la paix à savoir qu’à la fin du chemin rocailleux il y aura une récompense qui justifiera les épreuves.
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Passez du temps à essayer de servir les autres
Malgré le fait que j’étais sous antidépresseurs et que je voyais un spécialiste toutes les semaines, cela m’a pris du temps pour apprendre à gérer mes problèmes. Pendant cette période, le meilleur remède que j’ai trouvé était de servir les autres. Je sais que cela semble bateau mais ça marche ! Pendant mon temps libre, je ramassais les feuilles mortes, déblayais la neige ou je m’asseyais à côté d’un gamin qui passais une mauvaise journée à la cafétéria. Lorsque je faisais cela, j’oubliais peu à peu mes propres problèmes et je commençais à penser plus au bien être des autres.
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Laissez Dieu faire de vos faiblesses des forces.
Même si je reste rarement sans avoir des pensées liées à ma condition, je sais maintenant comment les gérer au lieu de me noyer dans ces pensées obsessionnelles et de doutes.
Paul a écrit dans 2 Cor. 12 :7-10 : « Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi… car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »
Lorsque je parle de cela à des groupes, on me demande souvent si je voudrais être débarrassé de mes troubles obsessionnels compulsifs. Pour être honnête, je ne sais pas. Cela fait partie de ma vie dans tellement d’aspects différents. Je ne voudrais jamais revivre ces années d’adolescences, mais ma maladie a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. C’est pendant ces années que j’ai vécu les expériences spirituelles qui m’ont faites passer de la croyance en une église à la certitude que ce que mes parents m’ont appris est vrai. Mon combat avec ma maladie m’a permis de vivre et de ressentir l’Expiation. Parce que j’ai appris à vivre avec, j’ai acquis une sensibilité spirituelle et une capacité à le voir chez les autres. En tant que missionnaire j’ai eu beaucoup de collègues qui souffraient de troubles obsessionnels compulsifs, d’anxiété et de dépression. J’ai été ensuite appelé à aider les missionnaires pendant ma mission qui étaient confrontés à ces sentiments, parce que je savais ce qu’ils ressentaient. Grâce à l’Expiation j’ai appris à prendre mes faiblesses et à les transformer en forces (Ether 12 :27).
Dieu nous envoie souvent des épreuves pour que nous puissions aider ceux sur notre chemin plus tard dans la vie. L’une de mes citations favorites est celle d’Elisabeth Kubler Ross qui dit :
« Les plus belles personnes que nous connaissons sont celles qui ont connu la défaite, la souffrance, le combat, et qui ont trouvé leur chemin en sortant de l’abime. Ces personnes ont une appréciation, une sensibilité et une compréhension de la vie qui les remplie de compassion, de gentillesse, et d’un souci des autres. Les belles personnes n’apparaissent pas juste comme ça. »
Bien que je ressente encore mes troubles chaque jours, Dieu m’a enseigné comment vivre avec et comment bénir la vie de ceux qui en souffrent également. Je suis loin d’être parfait mais Il a rendu beau cet aspect de ma personne. En fin de compte, Dieu veut nous rendre tous beaux.
Article publié sur LDS Daily, écrit par Lauren Kutschke, et traduit par Samuel.