Chez nous, nous avons un dicton : “Nous nous spécialisons dans la médiocrité”. Nous ne sommes pas totalement des ratés. Mais nous ne sommes pas des génies non plus. Et ce n’est pas grave.

 Il semble qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, les vies sont mises en scène sur les écrans sans laisser beaucoup de place à ce qui est ordinaire. Tout les gens sur vos pages Instagram, Facebook et Snapchat sont spectaculaires. Les cheveux sont longs, blonds et soyeux et les vêtements sont fabuleux et en vogue. Vous n’avez rien de spécial à moins de prendre souvent des vacances merveilleuses. Les gens doivent avoir l’air d’être occupés et de faire des choses vraiment importantes tout le temps. Les accomplissements doivent être impressionnant. Cela ne nous laisse pas beaucoup de place à nous, les gens moyens.

La pression incessante

C’est assez triste de voir la pression que cela met sur mes adolescents et leurs amis. Lorsque j’étais plus jeune, nous n’avions pas à choisir parmi plus de 3 classes préparatoires pour l’université. Et il ne m’est jamais venu à l’esprit de penser que je devrais étudier pour un test d’entrée à l’université (mes notes l’on bien reflété…). Je jouais de la flûte parce que j’en avais envie, pas parce que ça ferait bien sur une candidature pour une université. Et quand j’en ai eu assez de jouer dans un orchestre, j’ai tenté ma chance avec les pom-pom girls (savoir crier était la seule condition pour être prise dans mon petit village dans les années 80).

Les choses sont tellement différentes de nos jours. Mes élèves du séminaire se plaignent jusqu’à se rendre malade de faire du service communautaire parce que cela leur prend beaucoup de temps. Mais ils ne veulent pas arrêter parce qu’ils veulent pouvoir le mentionner sur leurs candidatures pour les universités. Ma fille, dès la 1ère, étudie sans arrêt pour passer les tests d’entrée à l’université ainsi que ses classes régulières. Elle s’est rendu malade pour obtenir les meilleures notes. Elle prend 6 classes préparatoires par an et se plaint de ne pas pouvoir en prendre plus à cause de ses tournois de tennis. C’est un peu ridicule.

Alors que le premier semestre de sa première année se termine, elle est confrontée à la réalité de voir sa moyenne baisser à cause de sa classe de mathématique hyper difficile. Elle pourrait bien finir avec un B- (quelle horreur !). Peu importe le fait qu’elle ait choisi d’étudier la littérature quand elle ira à l’université. Curieusement, la société nous a convaincu que nous devons être bons en tout. Tout ce qui est en dessous de 20/20 est inacceptable.

Mais elle n’est pas parfaite. Personne ne l’est. Et ce n’est pas grave. Je pense que ça va être une bonne leçon pour elle, aussi douloureux que cela puisse être.

Pourquoi n’est-ce pas suffisant d’être juste quelqu’un de gentil ? Pourquoi ne pouvons-nous pas passer du temps à servir la communauté parce que nous aimons le Sauveur, et non pas parce que nous essayons d’avoir la meilleure candidature pour l’université ? Pourquoi ne pouvons-nous pas choisir une activité extrascolaire ou une classe simplement parce que nous en avons envie, et pas parce que cela va nous aider à atteindre un objectif ou à montrer ce que nous valons ? Personne ne va être le meilleur en tout. Très, très peu d’entre nous allons être les meilleurs en quoi que ce soit. Et ce n’est pas grave.

Nous sommes spéciaux parce que nous Lui appartenons. Nous sommes à la hauteur parce que nous sommes nés. C’est tout ce qui compte. Et oui, cela peut nous rendre moyens dans le sens où tout le monde entre dans cette catégorie, mais depuis quand est-ce que ce n’est pas suffisant ?

Ma perspective

Je veux partager avec vous une perspective unique. En tant que mère de deux fils handicapés, j’ai appris à apprécier même des résultats en dessous de la moyenne. J’étais ravie quand Ethan a fini par utiliser le pot quand il avait 6 ans. Alors que tous les autres enfants avaient franchi ce cap des années auparavant, c’était quand même merveilleux pour nous. Je suis toujours en train d’y travailler avec Derick, à 19 ans. Mais personne ne sait faire des câlins comme lui. Le don particulier de Derick est de faire des câlins à tout le monde, peu importe les gens. Ethan rend les étrangers mal à l’aise en leur attrapant les poignets pour regarder leurs montres. Ça leur fait du bien. Les gens ont besoin de s’extérioriser et de s’exposer à ceux qui ont des problèmes. C’est le don d’Ethan.

Même les filles moyennes apportent quelque chose à la société. Je suis douée pour conduire mon amie âgée là où elle a besoin d’aller. Je suis douée pour aimer mon mari. Ce qui fait de lui un meilleur évêque, ce qui aide les gens en difficulté à se sentir eux-aussi aimés. C’est un don moyen, pour lequel je suis douée. Et ça aide. Je ne suis pas la plus intelligente. C’est pas grave. Je suis gentille.

Nous devrions tous viser le meilleur, mais nous devrions en élargir la définition et le faire pour nous, pas pour les attentes de la société. Il s’agit de qui nous voulons devenir, pas de qui nous voulons que les gens pensent que nous sommes. Et cela devrait être influencé par ce que Dieu attend de nous.

Je ne suis pas spectaculaire, et j’ose dire que vous ne l’êtes peut-être pas non plus. C’est pas grave. Soyez gentils. Efforcez-vous d’aimer Dieu. Et tout le reste ira bien. Avoir un mariage heureux et rempli d’amour est la meilleure des choses qui puisse vous arriver. Toutes les personnalités riches et célèbres d’Hollywood prouvent qu’être spectaculaire à quelque chose ne rend pas heureux. Mais aimer ? Aimer est la meilleure des choses. Alors faites-le. C’est peut-être ordinaire. Vous pourriez vous sentir moyenne dans votre intelligence ou vos performances. Mais au fil du temps, vous apprendrez qu’être ordinaire est assez spectaculaire.

 

Article écrit par Rochelle Tallmadge et publié sur RubyGirl sous le titre In Defense of the ordinary, traduit par Samuel Babin