Aujourd’hui 9 novembre 2017, en France, se déroule la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. (#HarcelementScolaire et #NonAuHarcèlement) C’est un sujet qui touche de très nombreuses personnes dans le monde: que vous en soyez ou en ayez été victimes, témoins, ou coupables. Mais les principales victimes en sont les enfants et les adolescents. Le harcèlement à l’école n’est pas nouveau et n’est qu’un aspect d’un phénomène bien plus large qui recouvre également le harcèlement au travail, le harcèlement à caractère sexuel, les comportements haineux envers un groupe de personnes (couleur de peau, religion, culture, orientation et/ou identité sexuelle, handicap, etc). Bref, le besoin de domination, la haine et le mépris de l’autre sont au centre de ce type d’actes.
En tant que chrétiens, les mormons font chaque jour l’effort d’agir le plus possible comme le ferait le Seigneur selon les situations auxquelles ils sont confrontés. Ce n’est pas toujours facile, ni évident, de suivre la voie du Christ, mais c’est ce que les membres de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours aspirent à accomplir. Le harcèlement scolaire n’est certes pas cité dans la Bible ou le Livre de Mormon, mais les Écritures et les apôtres modernes nous offrent des conseils sur l’attitude à adopter quand on se retrouve face à une situation de harcèlement à l’école (ou ailleurs). Avant de lister certains d’entre eux, il est tout de même essentiel de comprendre l’étendue du problème.
Le harcèlement scolaire en chiffres
Plus de 246 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde sont victimes chaque année de violence et d’harcèlement en milieu scolaire. Le chiffre de 99 millions est celui des filles et des garçons subissant des abus sexuels sur le chemin ou dans l’enceinte de l’école chaque année.
Les chiffres mondiaux issus du rapport de l’UNESCO du 17 janvier 2017 dressent un tableau sombre sur la propension des jeunes à utiliser la violence, les insultes et les techniques d’humiliation sur leurs camarades d’école. Le harcèlement en milieu scolaire existe sous différentes formes et niveaux: verbal, émotionnel, physique, sexuel, en face-à-face ou par internet, etc. Tous les pays sont touchés, certains l’étant plus avec la violence verbale et l’humiliation, d’autres avec le harcèlement mêlé à des agressions sexuelles.
Le cyber-harcèlement est un problème plus nouveau et malheureusement en forte croissance. Dans les pays industrialisés 5 à 21 % des enfants et des adolescents en seraient victimes, les filles y étant plus exposées que les garçons. Entre 2010 et 2014, la proportion d’enfants et d’adolescents âgés de 9 à 16 ans ayant été exposés au cyber-harcèlement est passé de 8 à 12%, en particulier chez les filles et les enfants les plus jeunes.
En Europe francophone, de nombreuses études ont été réalisées. En France, une étude de 2011 estime que sur 12 000 enfants interrogés, 32% disaient avoir subi du harcèlement verbal et 35% des violences physiques en milieu scolaire. En tout, chaque année, environ 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire. En 2016, l’OMS révélait qu’en Belgique francophone, 28% de garçons et 18% de filles âgés de 11 ans avaient subi 2 à 3 harcèlements par mois contre seulement 11% en Flandre. (source: rtbf.be) La Suisse aurait 5 à 10% de ses élèves qui seraient harcelés par leurs camarades de classe. (source: rts info)
Une étude réalisée en Amérique latine et dans les Caraïbes a rapportée que 7 enfants sur 10 sont affectés dans cette région par le harcèlement (en direct ou sur internet) que ce soit en tant que victimes ou en tant que témoins.
Au Canada, un adolescent sur trois dit avoir subit de l’ “intimidation” à l’école (ndlr: c’est le mot employé au canada francophone pour parler de harcèlement).
Dans les différents pays du continent africain, le harcèlement scolaire est étroitement mêlé au harcèlement sexuel, surtout pour les filles. Sur la radio RFI, les auditeurs ont pu prendre connaissance de plusieurs enquêtes à ce sujet. “Au Sénégal, dans une enquête réalisée par le ministère de l’Education, 62% des filles déclarent faire l’objet d’insultes, 44% d’humiliations, 37% de harcèlements sexuels et 13% de viols. Et ce qui est frappant c’est que dans cette même enquête, 35% des enseignants et 18% des garçons se déclarent eux-mêmes coupables de harcèlement sexuel.” raconte Jennifer Hoffman, de l’UNICEF. Elle continue en parlant de la Côte d’ivoire: “[une] étude a montré que plus d’un élève sur dix est victime de harcèlement sexuel de la part d’un enseignant et plus d’un élève sur six a déjà été victime d’agression sexuelle ou de viol de la part d’un enseignant également.” Des chiffres semblables sont estimés dans la plupart des autres pays d’Afrique.
En Asie, le harcèlement et les violences à l’école sont un véritable fléau. D’après le rapport du International Centre for Research on Women (ICRW) et de l’ONG Plan International, 7 adolescents sur 10 entre 12 et 17 ans sont victimes de violences (harcèlement, agressions sexuelles, viols, punitions corporelles et insultes). L’étude a montré que les violences physiques étaient plus nombreuses pour les garçons que pour les filles, et les agresseurs étaient les autres élèves, des employés des établissements scolaires et des professeurs. 43 % d’entre-eux ne disent rien ou ne font rien quand ils sont confrontés à ces violences.
Tous ces chiffres choquants doivent nous faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Toutefois, les gouvernements ne peuvent y faire face seuls. C’est dans les foyers que doit commencer le changement des mentalités et la façon d’agir.
La voie de l’Evangile
L’Evangile de Jésus-Christ est un message d’amour, de pardon et de bonnes actions. Comme l’a dit Elder Neil L. Andersen: “Dans l’Évangile de Jésus-Christ, il n’y a pas de place pour la dérision [ou] le harcèlement.” (discours d’avril 2014).
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. « C’est le premier et le plus grand commandement. « Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22:37-39).
Elder Dale G. Renlund a fait part de son expérience personnelle (Notre Bon Berger, avril 2017):
Ceux qui ont été persécutés pour une raison ou une autre savent ce que l’on ressent devant l’injustice et le fanatisme. Pendant mon adolescence, j’ai vécu en Europe dans les années soixante. On m’embêtait et on me harcelait de façon répétée parce que j’étais américain et parce que j’étais un membre de l’Église. Certains de mes camarades de classe me tenaient personnellement responsable pour les mesures impopulaires de la politique étrangère des États-Unis. J’étais également traité comme si ma religion était une insulte aux pays où j’habitais parce qu’elle différait de la religion d’État. Plus tard, dans divers pays du monde, j’ai entraperçu la laideur des préjugés et de la discrimination subis par les personnes ciblées du fait de leur race ou de leur origine ethnique.
La persécution revêt de nombreuses formes : la moquerie, le harcèlement, l’exclusion et l’isolation, ou la haine à l’égard de quelqu’un.
Le Sauveur enseigna : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » Matthieu 7:12. Elder Uchtdorf a cité un autre verset du Nouveau Testament dans un discours d’avril 2017:
Souvent, des personnes peuvent condamner le harcèlement chez les autres, tout en ne le voyant pas chez elles. Elles exigent qu’on se plie à leurs règles arbitraires, mais lorsque les autres ne respectent pas ces règles aléatoires, ces personnes les réprimandent verbalement, émotionnellement, et parfois même physiquement.
Le Seigneur a dit que « lorsque nous […] exer[çons], avec quelque degré d’injustice que ce soit, une domination ou une contrainte sur l’âme des enfants des hommes, […] les cieux se retirent [et] l’Esprit du Seigneur est attristé2. »
Dans le discours marquant de Dieter F. Uchtdorf lors de la Conférence Générale d’Avril 2012, ces mots ont été prononcés:
“En fait, on pourrait traiter des jugements que nous portons envers autrui en un seul mot. Quand il s’agit de haïr, de médire, de faire comme si la personne n’était pas là, de railler, d’entretenir de la rancune ou de vouloir faire du mal, veuillez appliquer ceci :
Arrêtez !
C’est aussi simple que cela. Il nous faut tout simplement arrêter de juger les autres et remplacer nos jugements par un cœur plein d’amour pour Dieu et ses enfants. Dieu est notre Père. Nous sommes ses enfants. Nous sommes tous frères et sœurs. Je ne sais pas exactement comment exprimer ce point de ne pas juger autrui avec suffisamment d’éloquence, de passion et de persuasion pour que cela reste. Je peux citer des Écritures, tenter d’expliquer la doctrine et je vais même citer un autocollant que j’ai récemment vu sur un pare-choc. Il se trouvait à l’arrière d’une voiture dont le conducteur semblait être un peu bourru, mais les mots qu’il comportait enseignaient une leçon profonde. Il disait : « Ne me jugez pas parce que je pèche différemment de vous. »
Nous devons reconnaître que nous sommes tous imparfaits, que nous sommes des mendiants devant Dieu. À un moment ou un autre, ne nous sommes-nous pas tous approchés humblement du trône de la miséricorde et n’avons-nous pas supplié qu’on nous fasse grâce ? N’avons-nous pas souhaité, avec toute l’énergie de notre âme, recevoir la miséricorde, le pardon des fautes que nous avons faites et des péchés que nous avons commis ?”
Ou encore:
“Plus nous permettons à l’amour de Dieu de gouverner notre esprit et nos émotions (plus nous permettons à notre amour pour notre Père céleste de grandir dans notre cœur), plus il est facile d’aimer les autres de l’amour pur du Christ. Lorsque nous ouvrons notre cœur aux rayons lumineux de l’amour de Dieu, les ténèbres et la froideur de l’animosité et de l’envie finissent par se dissiper.”
A la suite de ce discours, l’Eglise a réalisé cette vidéo qui montre plusieurs aspects du harcèlement scolaire, et le cheminement que les personnes qui en sont témoins ou coupables peuvent accomplir pour arrêter le cycle destructeur.
Si les parents créent au sein de leur foyer une atmosphère propice à une communication saine, à l’écoute, au respect de la parole de tous, les enfants et adolescents pourront plus facilement se confier. Les conseils de famille sont une bonne occasion pour parler de ces situations dont les jeunes peuvent être victimes ou témoins, et ainsi trouver des solutions pour eux-même ou leurs amis.
En parler à vos proches peut être la première étape pour obtenir de l’aide, mais ce n’est pas toujours le cas. Vous pouvez vous tourner vers des associations et des organismes d’aide aux victimes de harcèlement scolaire.
Là où vous pouvez obtenir de l’aide:
France et Polynésie française: le numéro vert national d’aide aux victimes : 3020, et le numéro d’aide aux victimes de cyber-harcèlement : 0800 200 000. Liste des associations locales de lutte contre le harcèlement scolaire: ICI.
Belgique: la plateforme du ministère de l’enseignement “Harcèlement à l’école” peut être une source d’informations et d’aide, pour les enseignants, les élèves et les parents.
Suisse: Service d’aide aux jeunes: 147 (appel gratuit) • www.147.ch; Action Innocence: 022 735 50 02 • www.actioninnocence.org ; Site d’aide et information pour les adolescents: www.ciao.ch ; SOS Enfants: 022 312 11 12 • www.sos-enfants.ch
Québec: Le gouvernement québecois a mis en place une page où sont référencées toutes les associations et tous les numéros de téléphone utiles dans le cas d’intimidations et de violences.
Togo: Allô 111, un numéro gratuit pour briser le silence et protéger les enfants de la violence au Togo (toutes formes de violence)
Côte d’Ivoire: le numéro vert 116 est destiné à dénoncer et demander de l’aide dans le cas des violations des droits de l’enfant. Les violences faites aux enfants en font partie.
Haïti: Pas de numéro vert mais l’IBESR (institut du Bien être social et de recherches) peut être un interlocuteur car la protection de l’enfance est d’une de leurs missions.
Lorsque nous trouverons des informations pour les autres pays francophones, nous les ajouterons à cette liste.
Pour finir, une vidéo réalisée par des élèves du collège Jean Jaurès de Clichy, en France, qui a reçu un prix académique pour ce message universel:
Le harcèlement scolaire n’est pas une fatalité que nous devons accepter en silence. C’est à chacun d’entre nous, en commençant par les adultes (parents, professeurs, éducateurs, employés des écoles…), de dire STOP!
Article écrit par Eolia pour Eglise Mormone.