Certains membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours croient [à tort] qu’il faut avoir plusieurs épouses pour être exalté dans le plus haut royaume des cieux. Ce n’est pas pas une doctrine.
Mais donc, la polygamie est-elle obligatoire dans les cieux ?
Réponse courte :
Non ! Joseph Smith n’a jamais enseigné, et Dieu ne lui a jamais révélé, que la polygamie était une condition nécessaire à l’exaltation. De nombreux polygames modernes et même certains membres de l’Église SDJ croient que Joseph Smith et/ou d’autres dirigeants de l’Église ont enseigné que l’exaltation exige la polygamie. Cependant, la révélation sur le mariage céleste et plural (D&A 132) enseigne que la loi et l’alliance auxquelles il faut obéir pour éviter la damnation est le mariage éternel et non le mariage plural.
Dans un langage sans ambiguïté, les versets 19-20 déclarent qu’un couple monogame digne, scellé par l’autorité adéquate sera exalté et sera « comme des dieux, parce qu’ils ont tout pouvoir. » Les Écritures démontrent que les unions plurales peuvent être ordonnées, autorisées ou interdites selon les circonstances dans lesquelles se trouvent les disciples de Dieu sur terre. Il est important de noter que la polygamie non autorisée n’est pas un mariage céleste et engendre des relations adultères.
Lorsqu’il s’agit d’interpréter la signification du Manifeste de 1890 ou d’autres révélations telles que celles données dans les années 1880, la seule opinion qui compte est celle du seul homme qui détient les clés de scellement. Sans son autorisation, aucun mariage plural valide ne peut être célébré.
Réponse longue :
Certains observateurs concluent que Joseph Smith a enseigné que le mariage plural est nécessaire à l’exaltation. Ils relèvent que les questions concernant la « pluralité des épouses » sont à l’origine de la révélation sur le mariage céleste et plural, qui se trouve de nos jours dans Doctrine et Alliances, à la section 132, et en déduisent que tout ce qui s’y trouve traite du mariage plural. Cette observation est importante parce que les versets 4 à 6 déclarent que le Seigneur va révéler une « alliance nouvelle et éternelle » et que cette alliance et cette « loi » doivent être respectées sous peine de damnation :
« 4 Car voici, je te révèle une nouvelle alliance éternelle ; et si tu ne respectes pas cette alliance, tu seras damné ; car nul ne peut rejeter cette alliance et recevoir la permission d’entrer dans ma gloire.
5 Car tous ceux qui veulent avoir une bénédiction de moi respecteront la loi qui a été désignée pour cette bénédiction, et ses conditions, qui ont été instituées dès avant la fondation du monde.
6 Et en ce qui concerne la nouvelle alliance éternelle, elle fut instituée pour la plénitude de ma gloire ; et celui qui en reçoit une plénitude doit respecter et respectera la loi, ou il sera damné, dit le Seigneur Dieu. »
Certains auteurs affirment que ces versets commandent universellement la pratique du mariage plural et que toute autre pratique que la polygamie (c’est-à-dire la monogamie) entraîne la damnation. Cette interprétation pose toutefois plusieurs problèmes. Tout d’abord, en 1833, Joseph Smith a posé une question concernant l’usage spécifique du tabac pendant les réunions de l’Église. En réponse, il a reçu une révélation composée d’un code général de santé, aujourd’hui appelé Parole de sagesse (D&A 89), qui ne traite de l’usage du tabac que dans un seul verset. Il n’est donc pas fondé de supposer qu’une question concernant la polygamie ne pourrait pas donner lieu à une révélation traitant d’un sujet plus large qui mentionne le mariage plural, mais ne s’y limite pas.
Question : Qu’en est-il du tabagisme ?
Réponse de Dieu : Parole de sagesse
Portée de la réponse : Un code de santé général qui aborde le tabagisme, mais ne s’y limite pas strictement.
Question : Qu’en est-il de la polygamie ?
Réponse de Dieu : La nouvelle alliance et éternelle du mariage
Portée de la réponse : La loi de Dieu sur le mariage éternel qui inclut le mariage plural mais ne s’y limite pas strictement.
Deuxièmement, le verset 7 donne les « conditions de la loi » qui doivent être respectées et le mariage plural ne s’y trouve pas :
« Et en vérité, je te dis que les conditions de cette loi sont les suivantes : tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes qui ne se font pas et ne sont pas contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse, de la main de celui qui est oint, à la fois pour le temps et pour toute l’éternité, de la façon la plus sainte, par révélation et par commandement, par l’intermédiaire de mon oint que j’ai désigné sur terre pour détenir ce pouvoir (et j’ai désigné mon serviteur Joseph pour détenir ce pouvoir dans les derniers jours, et il n’y en a jamais qu’un à la fois sur terre à qui ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise sont conférés), n’ont aucune validité, vertu ou force dans et après la résurrection d’entre les morts ; car tous les contrats qui ne sont pas faits dans ce sens prennent fin quand les hommes sont morts.» (D&A 132:7)
Ce verset indique sans ambiguïté qu’il est primordial que l’autorité adéquate soit utilisée pour célébrer toute cérémonie de mariage et que ce pouvoir soit contrôlé par “un à la fois sur terre”. La “pluralité des épouses” n’est pas une “condition de cette loi” ; la “loi” mentionnée au verset 6, qui doit être respectée sous peine de “damnation”, consiste à ce que la cérémonie soit célébrée par “celui qui est oint”.
Troisièmement, des versets ultérieurs, dans D&A 132, promettent l’exaltation à un couple monogame qui est scellé par la bonne autorité et qui vit dignement :
« Et de plus, en vérité, je te le dis, si un homme épouse une femme par ma parole qui est ma loi, et par la nouvelle alliance éternelle, et que leur union est scellée par le Saint-Esprit de promesse, par celui qui est oint, à qui j’ai donné ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise, et qu’il leur est dit : Vous vous lèverez dans la première résurrection — et si c’est après la première résurrection, dans la résurrection suivante — et hériterez des trônes, des royaumes, des principautés, des puissances, des dominations, toutes les hauteurs et profondeurs, alors il sera écrit dans le Livre de Vie de l’Agneau qu’il ne commettra pas de meurtre pour répandre le sang innocent, et s’ils demeurent dans mon alliance et ne commettent pas de meurtre pour répandre le sang innocent, il leur sera fait en toutes choses dans le temps et dans toute l’éternité, ce que mon serviteur leur aura donné. Et ce sera pleinement valide lorsqu’ils seront hors du monde. Et ils passeront devant les anges et les dieux qui sont placés là, vers leur exaltation et leur gloire en toutes choses, comme cela a été scellé sur leur tête, laquelle gloire sera une plénitude et une continuation des postérités pour toujours et à jamais.
Alors ils seront dieux, parce qu’ils n’ont pas de fin ; c’est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu’ils continuent. Alors, ils seront au-dessus de tout, parce que tout leur est soumis. Alors ils seront dieux, parce qu’ils ont tout pouvoir et que les anges leur seront soumis. »
Quelle que soit la manière dont les critiques souhaitent interpréter la révélation de Joseph Smith sur le mariage céleste, elle indique clairement que l’exaltation est accessible aux couples monogames qui sont scellés par la bonne autorité et qui vivent dignement (D&A 132:19-20). En outre, le verset 61 indique que si un homme désire une épouse plurale et que l’autorité de scellement appropriée est disponible, il peut aller de l’avant s’il est dûment autorisé. Cependant, aucune sanction n’est mentionnée dans la révélation si un homme ne désire pas avoir une seconde épouse.
Quatrièmement, il n’existe aucune trace de Joseph Smith ou d’un autre dirigeant de la prêtrise ayant déclaré que tous les hommes exaltés sont polygames. Lors des dépositions du « Temple Lot » en 1892, on a demandé au président Woodruff : « Joseph Smith vous a enseigné à Nauvoo ou ailleurs pendant sa vie, que pour qu’un homme soit exalté dans l’au-delà, il devait avoir plus d’une femme. » Il a répondu : « Je ne me souviens pas l’avoir jamais entendu utiliser cette expression ou cette forme d’expression. » De même, à la question « Joseph Smith vous a-t-il enseigné qu’un homme doit avoir plus d’une femme pour être exalté ? », Bathsheba Smith, polygame de Nauvoo et femme d’apôtre, a répondu : « Je n’ai jamais entendu parler de cela ». Un troisième témoin, Joseph C. Kingsbury, à qui l’on a demandé si Joseph Smith lui avait enseigné « qu’un homme ne pouvait pas être exalté dans l’au-delà s’il n’avait pas plus d’une femme », a répondu : « Non, monsieur. Il ne m’a pas enseigné cela. Il n’a rien dit à ce sujet. » Kingsbury s’est également souvenu : « J’ai entendu prêcher à la chaire qu’un homme pouvait être exalté dans l’éternité avec une seule femme. »
Si la question initiale de Joseph Smith portait sur la polygamie, il est clair que l’« alliance » et la « loi » auxquelles il faut obéir pour éviter la « damnation » sont le mariage éternel, et non le mariage plural. La menace de damnation des versets 4 et 6 s’adresse aux personnes qui ont la possibilité d’être scellées dans le mariage éternel mais qui choisissent plutôt une union civile ou une autre forme de mariage. Ils sont « damnés » dans le sens où ils « restent à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A 132:17) et ne sont pas mariés dans la vie suivante. Cette menace de conséquences éternelles est similaire à celle qui accompagne d’autres alliances et ordonnances. Par exemple, une personne ne peut pas rejeter le baptême lorsque l’occasion lui en est donnée et s’attendre ensuite à une deuxième chance de l’accepter sans conséquences (voir Alma 34:33-35 ; D&A 45:2).
Pour en savoir plus (en anglais) :
FairMormon.org – La polygamie n’est pas une exigence pour l’exaltation
FairMormon.org – Clarification des déclarations faites par Brigham Young
Article traduit par Nathalie de Foi en Christ. Article original publié sur ThirdHour.org.