Article publié sur www.janariess.religionnews.com

 

Le créateur de « Moi, moche et méchant » nous parle de sa religion Mormone, des Minions et du meilleur appel dans l’Eglise selon lui.

Est-ce que vous avez grandi Mormon ?

Cinco Paul : J’ai grandi à Phoenix aux Etats-Unis et ma mère était membre de l’église Mormone. Mon père était un catholique non pratiquant. Il était plutôt anti-Mormon et ne nous permettait pas d’assister aux réunions de l’Eglise. A cause de ça, notre connaissance de l’Eglise était limitée. A l’époque, l’école du dimanche et la réunion de la Sainte-Cène étaient séparées et nous n’allions qu’à l’école du dimanche, qui était dans la matinée. La règle a toujours été la même. A l’âge de seize ans nous pourrions être baptisés. Je suis donc allé à l’Eglise durant mon enfance mais ne pouvait pas faire comme les autres garçons qui ont pu obtenir la prêtrise et distribuer la Sainte-Cène. Le jour de mes seize ans, le baptême ne figurait malheureusement plus sur ma liste de priorités. J’allais toujours à l’église, mais j’avais beaucoup de doutes. Je ne savais pas en quoi je croyais.

C’est que plus tard, à mon entrée à l’université de Yale, que j’ai décidé de prendre les choses en mains. Il était temps pour moi de décider de mes croyances et du mode de vie que je voulais adopter. C’était un moment de véritable introspection et de prières fréquentes. Je crois que je me suis fait baptiser le jour avant mon départ pour l’université. C’était en petit comité, avec juste ma mère, mes sœurs et quelques missionnaires. J’ai été baptisé dans une piscine!

Avez-vous servi une mission ?

Cinco Paul: J’avais dix-neuf ans après ma première année d’université et j’ai eu le désir de servir une mission, mais mon père m’a lancé un ultimatum. S’il devait payer pour l’école, je devrais la finir avant d’envisager de partir. J’ai adoré mes quatre années à Yale, et puis, après ça, j’ai envoyé mes papiers pour servir ma mission. Je me suis retrouvé à servir à Tokyo. En fait, j’étais fiancé pendant ces deux années de mission. Mon épouse, que j’ai rencontrée à Yale, avait rejoint l’Eglise juste avant mon départ et a attendu que je rentre pour que nous nous marrions.

Comment avez-vous fait vos débuts en tant que scénariste ?

CP: J’ai été vraiment chanceux parce que j’ai écrit un scénario spéculatif immédiatement après mon école de cinéma (la USC) et je l’ai vendu. A cette époque, ce genre de scénarios pouvait être vendu très cher et c’était le moyen parfait pour démarrer votre carrière. C’était en 1994. Je l’ai vendu à Columbia Pictures, qui fait maintenant partie de Sony. J’ai réalisé mon premier film sept ans plus tard, quand Ken et moi avions collaboré pour « Bubble Boy ». À Hollywood, vendre un script est la première étape. La prochaine est de créer un film. Même si notre film « Bubble Boy » était un échec critique et commercial, ça nous a montré qu’on était capable de faire un film. Notre prochain film sera « Hyper Noël » et même si ce n’était pas un chef-d’œuvre, il nous a vraiment propulsés au niveau supérieur.

J’ai entendu parler de votre « grand succès » quand vous avez vendu une idée à la veuve du Dr. Seuss. (C’est sur Wikipedia, donc ça doit être vrai, non?)

CP: Le succès n’as pas vraiment été au sujet de Mme Seuss mais plutôt de Chris Meledandri qui était chargé de Fox Animation à ce moment-là. Il aimait un des scripts que Ken et moi avions écrit et l’a donné à Audrey Geisel (Mme Seuss). « Le chat chapeauté » venait de sortir et elle était très mécontente du film et des insinuations sexuelles qui se trouvaient dans le script. Elle était donc ravie d’avoir deux Mormons chargés d’écrire le script de « Horton ».

Votre collègue est donc aussi LDS ?

CP: Oui, et nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire de l’Eglise. C’était en 1997 à la célébration de l’arrivée des pionniers en Utah 150 ans en arrière. Notre Pieu a voulu mettre en place une pièce de théâtre et ils m’ont demandé de l’écrire. J’ai donc écrit une comédie musicale à propos d’une pionnière et d’une jeune fille moderne qui s’échangeaient d’époque. Ken a auditionné pour un des rôles du spectacle et l’a obtenu. C’est comme ça que nous sommes devenus amis.

Avez-vous des exemples spécifiques où vos croyances mormones se sont retrouvées dans un de vos scripts ou personnages ?

CP: Le premier exemple pour moi est « Horton ». Bien sûr, Dr. Seuss a écrit le livre, mais comme Ken et moi avons écrit le script, nous avons fait beaucoup de liens au sujet de la foi. Entendre une voix que personne d’autre n’entend… C’est comme Joseph Smith qui a eu une vision du Père et du Fils. Il en était certain même si personne ne le croyait. En fait, ces mots de Joseph Smith nous sont venus à l’esprit (Joseph Smith – Histoire : 24-25)

Un autre exemple est « Moi, moche et méchant », qui était probablement l’histoire la plus personnelle que nous avions jamais écrite. J’ai trois enfants (maintenant âgés de 24, 20 et 16 ans) et Ken en a trois aussi. Pour moi, il y a beaucoup de principes de l’Évangile dans ce film. Ils ne sont peut-être pas spécifiques aux enseignements de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, mais illustre la puissance de l’amour qui peut changer une mauvaise personne en une bonne personne. Et aussi à quel point chaque homme doit abandonner ses comportements méchants et égoïstes quand il devient papa.

Il y a également une scène où les trois filles font une prière. Nous voulions vraiment que cette scène fasse partie du film. La religion est une partie très importante de la vie des gens et elle est rarement représentée dans les films ou à la télé.

Pouvez-vous me parler d’une expérience que vous avez eue en tant que fan, travaillant à Hollywood ?

CP: Cela peut sembler un peu bidon, mais Julie Andrews était mon héro en grandissant. Elle a en fait prêté sa voix à la maman de Gru dans « Moi, Moche et méchant », alors nous avons eu le privilège de la rencontrer au studio. Ken et moi passons régulièrement dans les sessions d’enregistrement pour donner de nouvelles répliques ou idées quand les acteurs improvisent. Y rencontrer Julie Andrews puis l’entendre chanter en live était vraiment merveilleux. Elle était charmante et drôle, comme ce que j’imaginais d’elle.

C’est un rêve devenu réalité pour moi de travailler avec des gens comme Steve Carrell ou Kristen Wiig. Et aussi Carol Burnett, Jim Carrey, Danny DeVito, toutes les personnes qui ont donné vie à nos répliques. Je dois parfois me pincer pour être sûr de ne pas rêver. Les films étaient une grande partie de ma vie, j’en étais passionné depuis mon enfance. C’est fou pour moi de penser que maintenant j’ai le privilège de faire ça pour gagner ma vie.

Quelle est votre appel dans l’Eglise aujourd’hui ?

CP: Actuellement, je suis pianiste à la primaire et pianiste du chœur. J’ai l’impression que c’est ma récompense, car pendant de nombreuses années j’ai eu des appels exigeants. Être pianiste à la primaire est probablement le meilleur appel de l’Eglise !