Dans l’Église, on entend souvent cette phrase de Jésus : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48). Même si on sait qu’on ne sera pas parfaits tout de suite, on ne peut pas s’empêcher de se sentir un peu visés.
Parce que soyons honnêtes : ce verset a de quoi mettre la pression d’être parfait.
On veut bien faire, on veut suivre le Christ, progresser, se montrer fidèles dans les petites choses. Mais parfois, sans s’en rendre compte, on commence à croire que Dieu attend de nous qu’on soit déjà arrivés à destination.
C’est là que le perfectionnisme spirituel s’installe. Tranquillement. Poliment. Il s’habille en « zèle spirituel » et se fait passer pour de la foi.
Mais à force d’essayer d’être irréprochables, on s’épuise. On commence à se demander si faire de son mieux est vraiment suffisant. Si Dieu n’est pas un peu déçu. Et si, au fond, on ne passe pas à côté de ce que Dieu attend vraiment de nous.
Ce genre de perfectionnisme mérite qu’on prenne le temps d’en parler. Pas pour se plaindre, ni se justifier, mais pour mieux comprendre ce que signifie vraiment être fidèle.
Quand le perfectionnisme spirituel s’installe : d’où ça vient et ce que ça produit
Le perfectionnisme spirituel ne tombe pas du ciel. Il s’installe doucement, souvent dans des choses très ordinaires. Une leçon où l’on sent qu’on devrait être un exemple, un appel qu’on veut bien remplir — mais qui finit par nous écraser. Une impression que les autres sont toujours plus constants, plus inspirés, plus alignés.
On se met alors à croire que Dieu s’attend à ce qu’on gère tout parfaitement :
- Préparer des leçons remplies de révélations
- Avoir l’Esprit dans chaque réunion
- Répondre présent dès qu’on nous sollicite, même quand on est à bout.
Petit à petit, cette pression transforme notre relation avec Dieu. On fait les choses « comme il faut », mais sans y trouver de joie. On culpabilise quand on est fatigué. On cache nos doutes de peur de paraître faibles.
Et on s’éloigne, doucement, de ce que l’Évangile de Jésus-Christ est censé nous offrir : la paix, la liberté, et un lien vivant avec le Christ.
Un poids invisible mais bien réel
Le perfectionnisme spirituel, même bien intentionné, finit par étouffer.
☑️ On fait les choses pour être à la hauteur, pas par amour.
☑️ On se compare aux autres sans le vouloir.
☑️ On culpabilise quand on a besoin d’aide, quand on est vulnérables. Ou alors même quand on n’arrive pas à cocher toutes les cases.
☑️ Et surtout, on perd la joie. Celle d’être en chemin, d’apprendre, de grandir.
Dieu ne veut pas qu’on vive l’Évangile comme un examen permanent. Il veut qu’on le vive comme une relation. Et dans une relation, ce qui compte, ce n’est pas la performance, c’est la présence. Parce que vivre l’Évangile ne devrait jamais ressembler à une course de performance. C’est un chemin de progression spirituelle.
Et Dieu, Lui, ne cherche pas des disciples parfaits. Il cherche des disciples réels, présents, sincères.
Et si la perfection n’était pas ce qu’on croyait ?
Quand on entend le mot « parfait », on pense souvent à quelque chose d’irréprochable, de terminé, une version finale de nous-mêmes, sans défauts. Mais dans le langage de Jésus, ce n’est pas ça du tout.
Le mot grec utilisé dans Matthieu 5:48, teleios, ne signifie pas « sans faute ». Il signifie complet, ou arrivé à maturité. C’est l’idée de quelque chose (ou de quelqu’un) qui a atteint son but, son plein potentiel.
Autrement dit, quand le Christ nous dit « Soyez donc parfaits », il nous invite à devenir ce que Dieu a prévu pour nous — à grandir dans l’alliance, à nous engager sur un chemin de fidélité quotidienne, avec une direction claire et un but éternel. Pas à le devenir tout de suite.
Et ce but, il est exprimé avec puissance dans Moïse 1:39 :
« Car voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme. »
Voilà ce que Dieu veut pour nous. Pas qu’on soit impeccables dans nos routines, mais qu’on arrive un jour à vivre pleinement en Sa présence, dans Son amour inconditionnel.
On progresse avec Dieu, pas à Sa place
Une fois qu’on comprend ça, beaucoup de choses tombent. Plus besoin de faire semblant. Plus besoin de courir plus vite qu’on n’en a la force (Mosiah 4:27). On peut respirer. Reposer un peu nos épaules. On peut laisser de côté ce perfectionnisme spirituel qui, admettons-le, est un poids.
Et surtout, on peut commencer à voir nos faiblesses autrement. Pas comme des preuves qu’on n’est pas assez spirituels, mais comme des opportunités d’être façonnés par la grâce de Dieu.
« Je donne aux hommes de la faiblesse afin qu’ils soient humbles. […] Ma grâce suffit à tous ceux qui s’humilient devant moi. » (Éther 12:27)
Dieu ne nous demande pas de tout réussir. Il nous demande de venir à Lui. Et à mesure qu’on s’approche, Il complète ce qu’on ne peut pas accomplir seuls.
Être parfaits, dans cette perspective, ce n’est pas atteindre un idéal sans tâche. C’est marcher avec fidélité, avec but, et avec la conscience que la grâce est là, chaque jour. Que le Christ est là.
Se libérer du perfectionnisme spirituel pour vivre l’Évangile
La perfection dont parle Jésus, c’est un chemin, pas un point d’arrivée immédiat. Une progression guidée par la grâce de Dieu, pas par la pression de devoir tout réussir maintenant.
Cela nous libère de l’épuisement du « toujours au top » et du poids de juger les autres selon des critères irréalistes. Chacun avance à son rythme, avec ses forces et ses faiblesses — et c’est dans cette réalité que la grâce agit pleinement.
Alors, prenons le temps d’avancer avec foi, douceur et humilité, sachant que Dieu nous aime déjà tels que nous sommes, et qu’Il nous accompagne à chaque pas, dans la persévérance dans la foi et la progression spirituelle.