OREM, Utah — L’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours élargie ses horizons beaucoup plus qu’elle ne les réduit selon le directeur des relations publiques de l’Eglise qui a parlé mardi 12 avril à la Utah Valley University.

 

Michael Otterson, 67 ans est le porte-parole en chef de l’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours depuis huit ans. Il a donné une vision élargie et franche de l’engagement publique de l’Eglise durant ces dix dernières années lors de son intervention à la 17eme Conférence annuelle des Recherches Mormones : « Le Mormonisme et l’Art de préserver les limites : Négocier les Identités dans et autour du Mormonisme. »

Otterson a dit que l’Eglise est aujourd’hui en train d’élargir ses frontières en établissant des relations en dehors de l’Eglise avec des dirigeants d’autres confessions, des représentants universitaires et de ‘minorités’ parmi lesquelles les femmes et les lesbiennes, les homosexuels, les bisexuels et les transsexuels.

Il a aussi donné une réponse complète à une question concernant les femmes et la prêtrise posée par Kate Kelly, une membre excommuniée et ancienne dirigeante de Ordain Women, pendant une session de questions et réponses.

Et il a mis en garde contre ce qu’il appelle les « bulles », ou le fait de voir à travers une lentille étroite et pleine de préjugés.

« Je ne vois pas les frontières de la même façon que certains commentateurs qui croient que l’Eglise est tout simplement en train de fermer les vannes, résistant obstinément à tous changements qui pourraient paraitre progressistes », dit-il. « C’est une critique assez étrange pour une église qui croit en la révélation moderne à travers apôtres et prophètes, ce qui en soit indique une capacité à changer ou à s’adapter — au moins d’un point de vue organisationnel ou structurel. Cependant, je reconnais le droit pour des dirigeants d’établir des limites en ce qui concerne la doctrine et le comportement. »

Né et éduqué en Grande Bretagne et ancien journaliste international, Michael Otterson est connu pour ses dissertations sur les Mormons publiées par le blog « On Faith » du Washington Post. Sa conférence a attiré une audience de 150 personnes debout dans un auditorium de la bibliothèque de Utah Valley University. [Résumé vidéo ci-dessous en anglais]

Les limites qui ont été repoussées par l’Eglise ces huit dernières années

Michael Otterson a rappelé que l’Eglise était connue au XIXe siècle pour repousser les limites, et que cela fait toujours partie de sa doctrine.

« Le concept Mormon du libre arbitre, de la responsabilité, du jugement et de la progression éternelle est l’antithèse de la prédestination Calviniste, dit-il. Notre doctrine d’un Plan de Salut personnalisé est la meilleure preuve du refus des frontières dans le Mormonisme. »

Michael Otterson a expliqué que les dirigeants de l’Eglise ont accéléré leur démarche de rapprochement avec les dirigeants d’autres Eglises depuis 2008. Les Eglises réalisent qu’elles ont plus en commun et qu’elles sont plus puissantes en parlant d’une seule voix face à une société de plus en plus profane.

« Les relations que nous avons établies ensemble ainsi que l’élargissement des frontières se révèleront, je le pense, extrêmement précieuses pour toutes les dénominations religieuses dans les années à venir. »

Les dirigeants ont élargi les frontières en rendant plus accessible l’histoire de l’Eglise à travers les dissertations sur les sujets de l’Evangile, à travers son site internet et les Joseph Smith Papers, dit-il. Il a également exprimé son désaccord avec ceux qui critiquent l’initiative de l’Eglise de dévoiler son passé et qui affirment que les dirigeants ont délibérément donné de fausses informations.

« En tant que porte-parole de l’Eglise vous pouvez vous attendre à ce que je rejette ces propos » dit-il, « et je les rejette. Mais je veux aller encore plus loin en vous disant que je les rejette complètement et irrévocablement tout simplement parce que je ne les crois pas. Et cela ne correspond pas à l’expérience personnelle que j’ai avec les dirigeants de l’Eglise, leur façon de penser, d’agir, et ce qui motive leurs actions. »

Il a indiqué que le Washington Post et the Associated Press ont qualifié la période actuelle de « nouvelle ère de transparence » pour l’Eglise.

« La réalisation pour les dirigeants de l’Eglise qu’ils doivent considérablement renforcer et approfondir les connaissances sur l’histoire de l’Eglise et présenter une meilleure documentation est issue d’une évolution naturelle en raison de l’évolution des intérêts, des besoins et des habitudes d’études des gens », dit-il. « Répondre à ces changements de façon graduelle ne constitue en aucun cas une trahison. »

Michael Otterson a rejeté l’affirmation selon laquelle la politique de l’Eglise concernant les droits des homosexuels est fondée sur la peur et la haine, ainsi que la conviction que ce n’est qu’une question de temps avant que l’Eglise intègre le mariage pour tous dans sa doctrine.

“Le fait de dire que les Mormons détestent les homosexuels est une déformation et de la propagande, dit-il. Pour commencer, l’idée de haïr une personne ou un groupe devrait être abjecte pour tout membre de l’Eglise.”

Ensuite, la politique de l’Eglise concernant les droits des homosexuels est doctrinale et fondée sur sa compréhension du principe de la chasteté et sa vision du mariage, de la vie et de la destinée humaine.

« La doctrine de l’Eglise concernant la moralité sexuelle — selon laquelle les relations sexuelles ne sont acceptables qu’entre un homme et une femme mariés — n’a pas changée, et il n’y a absolument aucun signe indiquant qu’elle changera à l’avenir. La Loi de Chasteté s’applique aux hétérosexuels et aux homosexuels et reste inchangée. »

Kelly, l’une des fondatrices et ancienne membre du conseil d’administration de Ordain Women qui a été excommuniée en 2014, a voulu savoir quelle était la position de l’Eglise concernant les femmes et la prêtrise. Est-ce que ceux défendant le droit pour les femmes de recevoir la prêtrise devraient être punis au sein de leurs assemblées locales ?

Concernant la position de l’Eglise, Michael Otterson l’a renvoyé à l’article de Gospel Topics sur les femmes et la prêtrise.

« Les gens ne sont pas punis pour leurs opinions », dit-il, « et je pense qu’il y a une bonne dose d’incompréhension. Avoir des opinions, y compris celle qui est de penser que les femmes devraient détenir la prêtrise, est tout à fait acceptable pour chacun des membres de l’Eglise. Cependant, lorsque ces opinions se transforment en plaidoyer ou lobbyisme, et particulièrement lorsque ce lobbyisme va manifestement à l’encontre de ce qui a été clairement déclaré comme doctrine par les dirigeants de l’Eglise, cela va trop loin, et dans certains cas, et vous mentionniez le vôtre, dans certains cas cela a conduit à des conseils de discipline. »

Durant sa présentation, Michael Otterson a dit qu’il était heureux des changements récents dans l’Eglise qui donnent plus de visibilité aux femmes.

« Personnellement, cela m’encourage de voir ces changements, et je suppose que nous verrons d’autres initiatives de ce type car les dirigeants hommes et femmes de l’Eglise vont continuer à parler de ce sujet », dit-il.

Michael Otterson devant public discours les frontièresMichael Otterson a remarqué que beaucoup de gens critiquent les politiciens et les médias qu’ils accusent d’être trop influencés par Washington, voyant toujours le monde à travers l’étroite lentille de leurs préjugés liés à leur profession et à leur vocation. Il a invité certains détracteurs à éviter toutes similitudes lorsqu’ils évoquent des sujets liés à une Eglise mondiale.

« Je vous demande simplement », dit-il, « si jamais vous êtes emprisonnés dans votre propre bulle, de reconnaître que les problèmes auxquels nous sommes parfois confrontés dans la vallée de Salt Lake ou même aux Etats-Unis ne concernent pas forcément nos membres en Afrique de l’est ou en Asie Centrale. »

Michael Otterson a dit que le titre de la conférence est approprié, car maintenir les frontières est un art.

« Et si c’est un art, qui sont les artistes ? » demande-t-il, et répondant que ce sont Jésus Christ et les prophètes.

« Le fait est qu’il existe une pierre angulaire » dit-il. « Il existe des limites pour le comportement ainsi que pour la doctrine. Il y a des commandements. Il y a l’obéissance. Croire en cela, ce qui est mon cas, ne me prive pas de mon libre arbitre ni d’avoir mes opinions. Mais cela me force à évaluer sans cesse mon comportement, sachant que quoi qu’il arrive je serai en fin de compte responsable devant Dieu des frontières que je place pour moi. »

 

Article écrit par Tad Walsh et publié sur le site du journal deseretnews.com, traduit par Samuel Babin