Premières années de convertie pour Laura Clark Phelps
En mars 1832, une récente convertie à l’Evangile rétabli, Laura Clark Phelps et son mari Morris, ont rejoint les Saints dans le comté de Jackson dans le Missouri. C’est là-bas, dans une tente qu’on leur avait prêtée, que Laura accoucha de leur troisième enfant. Une fille considérée être la première fille mormone à être née dans la ville d’Independence. La famille Phelps a ensuite été rapidement chassée avec le reste des saints du comté de Jackson vers le comté de Clay et se sont finalement installés à Far West dans le Missouri.
Alors que les persécutions contre les Saints empiraient, les confrontations avec les membres de la milice devenaient vraiment difficiles. La fille de Laura, Mary Ann se rappelle: « Ils [les membres de la milices] venaient jusque dans notre jardins pour tirer sur les poulets et tuer les cochons. Ma mère avait une maison pleine de femmes et d’enfants, qui eux aussi avait été chassés de leurs maisons par l’ennemi. Ces femmes dirent à maman d’aller se cacher dans les bois pour échapper à la milice mais elle leur répondit: « non, » et quitte à mourir, ce serait chez elle. Elles décidèrent alors de rester avec elle. »
Arrestation de Morris et d’autres dirigeants de l’Eglise
Pendant ces sombres et menaçants moments de l’année 1838, le mari de Laura, Morris, fût arrêté et emprisonné dans la prison de Richmond avec Parley P. Pratt et quatre autres personnes pendant que Joseph et Hyrum Smith et cinq autres personnes étaient emprisonnés dans la prison de Liberty. La fille de Mary Ann, Laura, écrivit: « Papa m’a dit de nombreuses fois que s’il avait accepté de brûler la Bible mormone et d’abandonner l’Eglise mormone, il aurait été libéré… mais il choisit de rester fidèle à ses croyances et resta emprisonné tout l’hiver. Maman prit soin de la famille du mieux qu’elle put; ses provisions et tout ce qu’elle possédait furent détruits par l’armée. »
Malgré les circonstances, toutes les deux semaines, Laura rendait visite à son mari et lui apportait des provisions pour qu’il mange autre chose que la nourriture qu’il recevait en prison et qui était souvent immangeable. Pendant l’une de ces visites, elle découvrit qu’Hebert C. Kimball avait aussi rendu visite aux prisonniers. Il nota cette visite dans son journal: « En arrivant à Richmond, je suis directement allé à la prison pour voir Parley, mais le garde refusa que je le vois et menaça de me tuer si j’essayer de m’approcher. Quelques minutes après, sœur Morris Phelps est venue me voir. Paniquée, elle me conseilla de partir sur le champ, car frère Pratt avait vu un grand groupe d’homme se rassembler pour me couvrir de goudron et de plumes. »
Elder Kimball raconta plus tard: “A Richmond, quand les membres de la milice voulaient s’en prendre à moi et que mes frères emprisonnés étaient inquiets pour moi, elle intercéda en ma faveur devant ce groupe de presque trente personnes et les convainquit que j’étais quelqu’un d’autre, et ils arrêtèrent de me poursuivre.” L’esprit courageux de Laura a sans doute sauvé la vie d’Elder Kimball.
Après que le Gouverneur Lilburn W. Buggs ait issu l’ordre d’extermination, Laura s’enfuit du Missouri avec ses enfants en ne prenant que quelques affaires. Son mari était toujours en prison, mais elle partit en charrette de Far West dans le Missouri en passant par la rivière du Mississippi jusqu’à Quincy puis Commerce dans l’Illinois et ensuite à travers le Mississipi jusqu’à Monrose en Iowa où sa famille s’installa dans un bâtiment abandonné qui avait été une grange pour les chevaux.
L’évasion miraculeuse
Malgré la distance, Laura était déterminée à retourner dans le Missouri pour voir son mari et assister à son jugement. Son frère, John Wesley Clark l’accompagna dans ce voyage de 240 kilomètres. Ils arrivèrent à Colombia, dans le comté de Boone dans le Missouri où Morris, Parley P. Pratt et King Follett avaient été transférés. Laura vit Orson Pratt, le frère de Parley, qui était aussi venu assister au jugement. Ils désiraient ardemment que les membres de leur famille retrouvent leur liberté et le Seigneur avait un plan pour les libérer. Parley écrivit : « Avant l’arrivée d’Orson et de Laura, je reçus dans la nuit une vison dans laquelle le Seigneur me montra comment nous allions nous échapper. Madame Phelps reçu la même vision avant son arrivée. »
L’évasion audacieuse demanda beaucoup de courage et de détermination. Il était prévu que Laura loge quelques semaines chez la famille du gardien de prison, qui occupait une partie du bâtiment qui était aussi la prison. Cela avait deux buts: faire baisser la garde du gardien et de rendre disponibles les chevaux de Laura, celui de son frère John et celui d’Orson pour que les trois prisonniers puissent s’échapper.
L’évasion fût méticuleusement planifiée. « Les prisonniers devaient attendre que le geôlier ouvre la porte de la cellule qui était à l’étage. M. Phelps, qui était doué pour la lutte devait forcer son chemin et faire face au geôlier; je resterais derrière lui et M. Follet, qui tenait la porte serait derrière, sœur Phelps, elle, devait prier. »
La fille de Laura décrivit l’aventure:
« Maman raconta qu’elle s’assit au fond du lit dans la cuisine. Elle entendit des pas et un grand bruit puis le geôlier appeler à l’aide. Sa femme s’empressa de monter à l’étage (elle pesait presque 90kg). Le geôlier était sur le point de neutraliser Papa lorsqu’il sauta deux marches d’escaliers pendant que la femme du geôlier s’accrochait à l’un de ses bras. Il faillit réussir à se débarrasser d’elle mais elle resta accrochée à lui. Maman continua à prier car c’est tout ce qu’elle pouvait faire. Elle était sur le point de chuchoter une nouvelle prière mais elle m’a dit qu’elle cria de toutes ses forces et dit: « Oh! Toi le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, délivre ton servant. » Papa raconta que lorsqu’il entendit ses mots, il se sentit aussi fort qu’un géant, il repoussa le geôlier et sa femme comme s’ils étaient des enfants et se libéra. »
Pendant ce temps, Orson et le frère de Laura, John, attendaient avec les chevaux à leur point de rendez-vous. Morris et Parley purent s’échapper mais King Follet fut capturé sur le dos du cheval de Laura, ce qui était la preuve de sa participation au complot. Quand la nouvelle de l’évasion se répandit, Laura était seule face à la colère de la milice qui avait entouré la prison.
Laura face à la milice
Il est incroyable que Laura soit restée sur la scène et accepte de mettre sa vie en danger. Selon Parley, « la milice menaça de la tuer avant de la laisser sortir en début de soirée… Laura ne connaissait personne et n’avait pas d’argent, elle ne savait pas où aller. Elle finit par s’assoir au milieu de la milice et, pendant un long moment, les membres de la milice l’agressèrent, l’insultèrent, la menacèrent, et la maltraitèrent. »
Un petit garçon qui avait été témoin de la scène entendit le geôlier menacer de « se débarrasser de Laura » si elle ne partait pas avant le coucher du soleil. Le garçon courra jusqu’à chez lui et alla chercher ses parents qui furent choqués de la cruauté dont était victime Laura. La famille Richardson eut pitié d’elle et l’invitèrent à se réfugier dans leur foyer.
Ils s’avérèrent être de vrais amis. Le lendemain, elle retourna à la prison et rassembla ce qui appartenait à Morris. Ils poursuivirent leur recherche jusqu’à ce qu’ils trouvent sa selle d’amazone qui avait été vandalisée par milice. Quelques jours après, M. Richardson retrouva le cheval de Laura qui avait été maltraité par la milice pendant qu’ils poursuivaient Morris et Parley, après avoir capturé King Follet. M. Richardson répara la selle et pris soin du cheval. La fille de Mary Ann écrivit : « Ma mère resta dix jours chez ces personnes sans savoir si mon père était vivant ou mort, mais ma mère avait beaucoup de foi et de courage. »
Voyage de retour vers sa famille
Laura était déterminée à retourner auprès de sa famille en Iowa, malgré les inquiétudes de la famille Richardson quant aux dangers pour une femme de voyager seule à travers le pays rempli de bandits. Au final, il fut arrangé que Laura ferait une bonne partie du voyage avec le facteur, elle partirait tôt le matin et continuerait jusqu’à tard le soir. Elle laissa aux Richardson un livre de Mormon et un livre de cantiques et commença son voyage.
Lors de la dernière partie de son voyage, elle était seule. Juste au moment où le soleil se couchait, Laura entra dans une forêt épaisse. Sa fille écrivit : « Elle raconta que c’était la première fois qu’elle commença à manquer de courage, elle se sentit soudainement si seule… et elle ne savait pas ce qu’elle allait rencontrer. » Puis, à sa grande surprise, elle vit un homme s’approcher à cheval. C’était le fils de King Follett qui avait été envoyé voir si Laura avait été emprisonnée car personne n’avait eu de ses nouvelles. Ensemble ils voyagèrent jusqu’à Quincy, en Illinois, où Morris se remettait de ses huit mois de prison et de ses trois jours sans nourriture ou repos pendant son évasion. Laura apprit aussi qu’Orson Pratt et son frère John étaient arrivés sans problème après avoir marché plus de 160 kilomètres depuis Colombia dans le Missouri. King Follett fut éventuellement relâché plusieurs mois après avoir été capturé à cause de son âge et parce qu’il n’était pas un dirigeant de l’Eglise.
Les dernières années de vie de Laura Clark Phelps
Laura et Morris craignaient de rester à Quincy. Après seulement quelques jours, ils laissèrent leurs enfants avec des voisins et voyagèrent jusqu’à Kirtland en Ohio pour rendre visite à la famille de Morris. Ils essayèrent sans succès d’enseigner des membres de la famille Phelps.
En juillet 1840, après être restés longtemps loin de l’Illinois, la famille fut de nouveau réunie, mais leurs joyeuses retrouvailles furent courtes. La fille de Laura, Mary Ann se rappelle: « Nous déménageâmes dans une ville à 30 kilomètres de Nauvoo qui s’appelait Masedonia, nous nous installâmes et nous fîmes de nouveaux amis. Cette période dura un an et demi, et ce fut l’époque la plus joyeuse de notre vie; puis ma mère tomba malade et mourut, laissant derrière elle cinq enfants, trois filles et deux garçon, le bébé avait un an et demi. Nous avions tous le cœur brisé et ne savions pas comment nous allions faire sans notre mère. Elle est enterrée à Nauvoo. Sa santé avait été affectée par les épreuves et le travail difficile. »
Parmi les nombreux hommages qui furent rendus lors de ses obsèques, Heber C. Kimball dit : « Elle fut l’une des premières à embrasser la cause de l’Évangile… et elle montra au monde qu’aucun sacrifice n’est trop grand pour une cause que l’on choisit. » Le prophète Joseph Smith dit: « Son salut est assuré. » Une entrée dans l’histoire compilée History of the Church se termine simplement par « Son repos est glorieux. »
Cet article, publié à l’origine sur LDSLiving et écrit par Brittany Chapman Nash et Richard E. Turley Jr. a été traduit par Amandine.