Par David Snell
Cela ressemble à une de ces questions de base sur le mormonisme auxquelles nous devrions tous connaître la réponse bien avant le baptême, mais il s’avère que c’est une question beaucoup plus compliquée qu’elle ne semble. Bien sûr, nous, les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, aussi connus comme « mormons », adorons Dieu le Père, mais adore-t-on aussi Dieu le Fils ? J’ai fait quelques recherches sur le sujet, et il semble que même certains hauts dirigeants de l’Église ne soient pas toujours d’accord sur une réponse. Voici ce que j’ai trouvé :
Selon Bruce R. McConkie
Lors d’une réunion spirituelle de 1982, intitulée Our Relationship with the Lord (Notre relation avec le Seigneur) qui a eu lieu à l’université Brigham Young, Bruce R. McConkie déclare sans détour :
« Nous n’adorons pas le Fils et nous n’adorons pas le Saint-Esprit. Je sais parfaitement ce que disent les Écritures au sujet de l’adoration du Christ et de Jéhovah, mais elles parlent d’un tout autre sens : celui de se tenir dans l’admiration et d’être reconnaissant avec révérence envers celui qui nous a rachetés. L’adoration au sens véritable et salvateur est réservée à Dieu le premier, le Créateur. »
Frère McConkie s’appuie sur Doctrine et Alliances 20:17-19 pour étayer sa déclaration (en mettant l’accent sur le dernier verset) :
« Nous savons par ces choses qu’il y a un Dieu au ciel, qui est infini et éternel, le même Dieu immuable d’éternité en éternité, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui s’y trouve.
Et qu’il a créé l’homme, homme et femme, qu’il les a créés à son image, selon sa ressemblance.
Il leur donna le commandement de l’aimer et de le servir, lui, le seul Dieu vrai et vivant, et de l’adorer lui seul » (partie en gras ajoutée).
Alors, cela répond à la question, n’est-ce pas ? Eh bien… continuez à lire.
Également selon Bruce R. McConkie
Paradoxalement, frère McConkie a écrit le texte du cantique nº71, Oui, je crois en Christ . La première moitié du troisième verset se lit comme suit (et un grand merci à Flunking Sainthood pour avoir fait ce lien) :
« Oui, je crois en Christ, le tout puissant.
Son Évangile, il nous apprend.
De tout mon cœur je veux louer (ndt : le verbe employé à la fin de cette phrase en anglais est « worship » qui signifie littéralement « adorer » mais qui a été traduit en français par « louer »)
Mon Dieu d’espoir et vérité » (parties en gras ajoutées).
Bon, là, je suis un peu confus. Vous ne nous rendez pas service ici, frère McConkie. Est-ce que nous adorons le Christ ou pas ?
Selon les « sujets et questions » sur le site officiel de l’Église
Le sujet « Culte » sur churchofjesuschrist.org indique très clairement que nous devons adorer Dieu le Père. Il n’est pas explicitement indiqué s’il faut ou non adorer Jésus-Christ. Dans cet extrait, on peut lire :
« Lorsque nous prenons la Sainte-Cène avec recueillement et que nous allons au temple, nous nous souvenons de notre Père céleste, nous l’adorons et nous exprimons notre reconnaissance pour son Fils, Jésus-Christ. »
On pourrait déduire de cet extrait que nous devrions adorer Dieu le Père et uniquement exprimer notre gratitude pour le Christ. MAIS, la salle de presse de l’Église nous en dit plus…
Selon la salle de presse de l’Église
Un article de la salle de presse intitulé « Ce que croient les mormons à propos de Jésus-Christ » indique très clairement que nous adorons effectivement Jésus-Christ (partie en gras ajoutée) :
« Nous reconnaissons Jésus-Christ comme la source de la vérité et de la rédemption, comme la lumière et la vie du monde, comme le chemin qui mène au Père (Jean 14:6 ; 2 Néphi 25:29 ; 3 Néphi 11:11). Nous l’adorons en ce sens que nous nous tournons vers lui pour obtenir la délivrance et la rédemption et que nous cherchons à mener une vie comme la sienne (D&A 93:12-20). »
De plus, en 2007, la salle de presse a réalisé une vidéo avec M. Russell Ballard qui place le Christ au centre de notre culte dominical (vidéo en anglais) :
Selon Ronald A. Rasband
Lors de la veillée de Noël de 2013 de l’Église , frère Rasband (alors membre du Collège des soixante-dix) a déclaré :
« Les bergers se sont approchés avec révérence de l’étable pour adorer le Roi des rois. Comment allons-nous l’adorer cette année ? En faisant des courses à n’en plus finir ? En nous agitant et en décorant notre maison ? Est-ce que ce sera là notre hommage à notre Sauveur ? Ou bien apporterons-nous la paix à des cœurs troublés, la bonne volonté à des gens qui ont besoin d’un but plus élevé ? Rendrons-nous gloire à Dieu en faisant ce qu’il demande ? Jésus l’a dit simplement : ‘Viens et suis-moi.’ »
Selon le président Gordon B. Hinckley
Voici ce que le président Hinckley a déclaré en 2002 lors d’une réunion spirituelle pour les missionnaires (qui a été publiée plus tard dans un Liahona de 2007 ) :
« Nous l’aimons. Nous l’honorons. Nous le remercions. Nous l’adorons. Il a fait, pour chacun de nous et pour tout le genre humain, ce que personne d’autre n’aurait pu faire. Dieu soit loué pour le don de son Fils bien-aimé, notre Sauveur, le Rédempteur du monde, l’Agneau sans tache qui a été offert en sacrifice pour toute l’humanité. »
Selon les écritures
« Et maintenant, voici, je vous dis que la voie droite, c’est de croire au Christ et de ne pas le nier ; et le Christ est le Saint d’Israël ; c’est pourquoi, vous devez vous prosterner devant lui et l’adorer de tout votre pouvoir, de tout votre esprit, et de toute votre force, et de toute votre âme ; et si vous le faites, vous ne serez en aucune façon rejetés. »
« Et tous, tant ceux qui avaient été guéris que ceux qui étaient sains, se prosternèrent à ses pieds et l’adorèrent ; et tous ceux de cette multitude qui purent l’approcher lui baisèrent les pieds, de sorte qu’ils lui baignaient les pieds de leurs larmes. »
Mais qu’en est-il de …
« Jésus lui répondit : Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. »
Et de …
« Mais voici, mon Fils bien-aimé, qui était mon Bien-aimé et mon Élu depuis le commencement, me dit : Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t’appartienne à jamais. »
Le Christ n’a demandé aucune gloire… Cela signifie-t-il que nous ne devrions adorer que Dieu le Père ? Peut-être que la « gloire » est différente de l’« adoration » ? Que de questions !
Selon moi (pour ce que ça vaut)
Les mormons adorent-ils Jésus-Christ en plus de notre Père céleste ? Je suppose que cela dépend de votre définition et de l’usage que vous faites du mot « adoration ». L’omniscient Internet définit l’adoration comme « le sentiment ou l’expression de révérence et d’adoration pour une divinité ». Si c’est la définition que nous utilisons, alors sans aucun doute la réponse à notre question initiale est un retentissant « OUI ! Nous adorons Jésus-Christ ».
Mais voici ce à quoi nous devons faire attention : nous ne devons pas adorer Jésus-Christ comme s’il était Dieu le Père. C’est peut-être ce que voulait dire frère McConkie. Oui, ils sont tous deux des dieux, ils partagent le même but, ils font partie de la même divinité. Le Christ a dit très clairement que « celui qui m’a vu a vu le Père » et que « si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ». En ce sens, il pourrait être impossible d’adorer l’un sans adorer l’autre, mais il s’agit néanmoins de deux êtres différents. Ils ont le même but ultime mais remplissent des rôles différents pour atteindre ce but.
Nous adorons le Christ pour son rôle de Sauveur et de Rédempteur. Nous n’adorons pas le Christ par la prière, mais plutôt par un effort continu pour incarner ses enseignements et suivre son exemple. Nous le vénérons, l’honorons et lui exprimons notre gratitude par la Sainte-Cène (ce qui fait partie intégrante de notre culte dominical). Mais par-dessus tout, nous adorons Dieu le Père pour son plan divin et son rôle en tant que notre Père éternel. Comme le Christ lui-même l’a enseigné, nos prières, quintessence de l’adoration, seront toujours adressées au Père.
Selon VOUS
Avez-vous quelque chose à ajouter à toute cette analyse ? Dites-le-nous dans les commentaires !
Article original écrit pour ThirdHour.org et traduit par Nathalie de Foi en Christ.