“Mes frères et sœurs mon message de Pâques d’aujourd’hui est destiné à chacun d’entre nous, mais il s’adresse plus particulièrement aux gens qui sont seuls ou se sentent seuls ou, pire, se sentent abandonnés. Il peut s’agir de gens qui aspirent au mariage, de ceux qui ont perdu un conjoint, qui ont perdu des enfants ou qui n’ont jamais pu en avoir. Nous avons de la compassion pour les femmes qui ont été abandonnées par leur mari, les maris dont la femme est partie ainsi que les enfants qui ont perdu l’un de leurs parents ou les deux. Ce groupe de personnes qui se sentent seules peut comprendre un soldat loin de son foyer, un missionnaire qui a le mal du pays pendant les premières semaines de sa mission, un père sans emploi qui craint que sa famille ne lise la peur dans ses yeux. En résumé, nous pouvons tous faire partie de ce groupe-là à différents moments de notre vie.
À toutes ces personnes, je vais parler du chemin le plus solitaire qui ait jamais été parcouru et des bénédictions infinies qu’il a apportées à toute la famille humaine. Je parle de la tâche solitaire du Sauveur qui s’est chargé seul du fardeau de notre salut. Il a dit à juste titre :
« J’ai été seul à fouler au pressoir, et nul homme d’entre les peuples n’était avec moi… Je regardais, et personne pour m’aider; j’étais étonné et personne pour me soutenir. »
[…] Selon le plan de Dieu, le groupe des amis de Jésus se rétrécit progressivement, donnant toute son importance aux paroles de Matthieu: « Alors tous les disciples l’abandonnèrent, et prirent la fuite. » Pierre est resté suffisamment près pour être reconnu et accusé. Jean se tenait près de la croix avec la mère de Jésus. Les femmes chères au Sauveur durant sa vie, sont restées à ses côtés autant qu’elles ont pu. Mais c’est essentiellement seul qu’il a parcouru le chemin le ramenant à son Père, sans réconfort ni compagnie.
Le Chemin Solitaire de Jésus-Christ
Je vais maintenant parler avec prudence, avec respect même, de ce qui a probablement été le moment le plus éprouvant de ce chemin solitaire vers l’Expiation. Je parle de ces derniers moments pour lesquels Jésus a dû être préparé d’un point de vue intellectuel et physique mais probablement pas complètement d’un point de vue émotionnel et spirituel, c’est- à-dire la souffrance finale d’un sentiment de désespoir extrême quand il a senti que Dieu se retirait de lui, et qu’il a crié dans le pire moment de sa solitude :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Il s’attendait à perdre le soutien des hommes mais il n’avait apparemment pas compris que Dieu se retirerait de lui. N’avait-il pas dit à ses disciples : « Voici l’heure…est déjà venue, où vous serez dispersés chacun de son côté et où vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » et
« Le Père ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable . »
Je Témoigne
Avec toute la conviction de mon âme, je témoigne qu’il a fait ce qui était agréable à son Père à la perfection et que le Père parfait n’a pas abandonné son Fils à ce moment-là. Je crois en effet que pendant tout le ministère mortel du Christ, le Père n’a jamais été aussi proche de son Fils que dans ces derniers instants de souffrance et d’agonie. Néanmoins, pour que le sacrifice suprême de son Fils soit aussi complet qu’il a été solitaire et volontaire, il était nécessaire que le Père retire à Jésus le réconfort de son Esprit et le soutien de sa présence pendant un court instant. Il fallait, et c’était en effet essentiel pour le sens de l’Expiation, que ce Fils parfait qui n’avait jamais rien dit de mal, ni rien fait de mal, ni touché à une chose impure, sache ce que les êtres humains, c’est-à-dire chacun d’entre nous, ressentiraient quand ils commettraient de tels péchés. Pour que son Expiation soit infinie et éternelle, il devait ressentir la mort non seulement physique mais aussi spirituelle, sentir l’Esprit de Dieu se retirer, et se sentir totalement, misérablement et désespérément seul.
Mais Jésus a tenu bon. Il a persévéré. Sa bonté a permis à la foi de triompher même d’un état d’angoisse complète. La foi avec laquelle il menait sa vie lui disait qu’en dépit de ce qu’il éprouvait, la compassion divine n’est jamais absente, que Dieu est toujours fidèle, qu’il ne fuit jamais et que nous pouvons toujours compter sur lui. Ce n’est que lorsque le dernier quadrant a été payé, que le Christ a pleinement démontré sa détermination inébranlable de rester fidèle, que finalement, et par bonheur, la mission a été « accomplie ». Contre toute attente et sans personne pour l’aider ou le soutenir, Jésus de Nazareth, le Fils vivant du Dieu vivant, a rétabli la vie physique là où régnait la mort, et a fait émerger des ténèbres et du désespoir de l’enfer, une rédemption joyeuse et spirituelle. Ayant foi en ce Dieu qu’il savait à ses côtés, il a pu dire triomphalement :« Père, je remets mon esprit entre tes mains. »
La Consolation
Mes frères et sœurs, l’une des grandes consolations de cette période de Pâques est que, parce que Jésus a parcouru complètement seul un chemin si long, nous n’avons pas à le faire. Le chemin qu’il a parcouru seul nous permet de bénéficier d’une grande compagnie pour notre petite version de ce chemin : la miséricorde de notre Père céleste, la compagnie indéfectible de son Fils bien-aimé, le don sublime du Saint-Esprit, les anges célestes, les membres de notre famille des deux côtés du voile, les prophètes et les apôtres, les instructeurs, les dirigeants et les amis. Eux tous et bien d’autres nous ont été donnés pour être les compagnons de notre condition mortelle, grâce à l’expiation du Christ et au rétablissement de son Évangile. Nous connaissons cette vérité, proclamée du sommet de la colline du Calvaire : nous ne serons jamais seuls ni sans personne pour nous aider, même si parfois nous pensons le contraire. Notre Rédempteur a réellement dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins. [Mon Père et] moi viendrons à vous [et nous ferons notre demeure chez vous. »
Nous Tenir A Ses Côtés
Mon autre prière en cette période de Pâques est que nous ne devions jamais rejouer les scènes du sacrifice solitaire du Christ, ces scènes mêlées d’épisodes de reniement, d’abandon, et d’au moins une trahison pure et simple. Il a marché seul une fois. Je demande aujourd’hui qu’il n’ait jamais à faire face au péché sans notre aide, qu’il n’ait jamais à ne voir que des personnes qui se contentent d’observer sa souffrance sans lui porter secours lorsqu’il nous regarde vous et moi le long de son Chemin de Croix de notre époque.
À l’approche de cette semaine sainte : jeudi où l’on commémore la Pâque avec l’Agneau Pascal, vendredi l’expiation avec la croix, dimanche la résurrection avec son tombeau vide, puissions-nous nous déclarer disciples du Seigneur Jésus-Christ à part entière, non seulement en paroles ou en des temps de confort, mais également en actions, courage et foi, y compris lorsque nous sommes seuls sur le chemin et que notre croix est difficile à porter. Puissions-nous pendant cette semaine de Pâques et toujours nous tenir aux côtés de Jésus-Christ « en tous temps et en toutes choses et dans tous les lieux où [nous] serons, même jusqu’à la mort», car c’est assurément de cette manière qu’il s’est tenu à nos côtés jusqu’à sa mort et qu’il a dû la supporter entièrement seul. Au nom de Jésus-Christ, amen.”