En raison de l’actualité concernant les agressions sexuelles et ce qu’on appelle la “culture du viol” (affaire Weinstein et autres affaires dans le milieu cinématographique, jugement dans l’affaire Turner à Stanford, jugement dans une affaire de viol au Qatar traitée comme de l’adultère, scandales de viols en réunion en Inde et au Brésil, plaintes contre plusieurs hommes politiques français pour harcèlement sexuel et agressions sexuelles, etc), cet article, écrit par Julie Smith et mettant en parallèle 7 passages des Écritures avec les comportements indignes actuels, devrait vous intéresser et vous faire réfléchir sur comment doit réellement se comporter un chrétien.

Amitiés, Eolia.


La version originale de cet article a été écrite par Julie M. Smith, publiée sur le site timesandseasons.org et traduite par Nathalie.

 

Les évangiles et la culture du viol

Malgré le fait que le terme « culture du viol » et l’attention croissante qu’on lui consacre soient récents, cela ne signifie pas que les récits concernant la vie de Jésus n’ont rien à dire sur le sujet. En fait, il y a pas mal de matière pertinente, dans les évangiles, pour le débat en cours.

 

La parabole du Bon Samaritain (Luc 10:25-37)

Une partie des discussions que nous devrions avoir avec nos enfants et d’autres devrait tourner autour du fait que tout le monde a l’obligation d’intervenir lorsque quelqu’un est agressé ou s’est fait agresser. C’est une obligation chrétienne de base et cela vaut bien évidemment dans des situations d’agression sexuelle. Autant je suis heureuse que ces deux suédois qui ont arrêté l’étudiant de Stanford ayant commis un viol soient traités comme des héros, autant je suis légèrement déçue que leurs actions soient considérées comme dignes de faire l’actualité. Ce que ces deux suédois ont accompli devrait être considéré comme faisant partie de l’évolution de l’humanité, ce que tout être humain doit faire dans une situation similaire et non pas comme une raison suffisamment exceptionnelle pour faire la une des journaux, mais plutôt comme quelqu’un qui appelle une ambulance quand il voit un accident de voiture. Leur réaction est louable, mais elle ne devrait pas être exceptionnelle; elle devrait faire partie de la norme. Malheureusement, la culture du viol suggère que nous “nous mêlions de nos affaires” lorsque nous tombons sur ce genre de situations.

 

Regarder pour convoiter (Matthieu 5:28)

Il est fréquent que des cas d’agression sexuelle se terminent au tribunal ou sous l’œil inquisiteur de l’opinion publique, où un jugement est porté sur la tenue vestimentaire de la victime. Jésus n’a pas dit que les vêtements d’une personne étaient pertinents lorsqu’il y a agression; mais plutôt, il a clairement enseigné que de regarder une personne en la convoitant était un péché en soi et que c’était la responsabilité à part entière de celui qui regarde. Son enseignement sur ce point-là est clair et net, et suggère que ceux qui le suivent doivent rejeter la faute sur l’auteur de toute violence sexuelle, et non pas sur la victime. Mais la culture du viol suggère que la responsabilité personnelle de l’auteur du crime pourrait être atténuée si l’on se base sur la façon dont la victime s’habille.

 

Histoires sans intérêt de femmes (Luc 24:11)

Bien sûr, les hommes peuvent être victimes d’agression sexuelle, mais la majorité des victimes sont des femmes, et l’un des obstacles qu’elles rencontrent dans leur quête de justice est qu’il est peu probable qu’on les croit. Il y a un avertissement à ce sujet-là dans, de tous les récits possibles et imaginables, l’histoire de la résurrection que l’on retrouve dans Luc : les femmes sont les premières à avoir vu le tombeau vide, mais lorsqu’elles parlent de leurs découvertes aux disciples de sexe masculin, ils ne les croient pas. Ce récit devrait nous rappeler que les histoires dont parlent les femmes ne devraient pas simplement être rejetées comme étant invraisemblables, en dépit de la convention sociale qui, elle, amoindrit le témoignage des femmes. Dans le récit des évangiles, il est littéralement impossible de croire à la résurrection de Jésus, sauf si ceux qui les écoutent sont prêts à croire ces femmes qui racontent une histoire qui semble, à première vue, très peu plausible. Ceci est un élément important du message chrétien. Mais la culture du viol enseigne que, en général, on ne peut pas croire ce que disent les femmes.

 

Les femmes dans la généalogie donnée par Matthieu (Matthieu 1)

Si vous faites attention aux femmes présentes dans la généalogie énoncée par Matthieu, vous remarquerez qu’elles ont toutes une chose en commun : elles ont des antécédents de relations sexuelles contraires aux règles. C’est, pour le moins, extrêmement bizarre que Matthieu nous présente Jésus en le reliant à des femmes avec ce genre d’histoires. Voici ce qui est important ici : le message de Matthieu est le suivant, malgré ce qui est arrivé dans le passé de ces femmes, cela ne les disqualifie pas d’être (1) incluses dans la lignée de Jésus et (2) incluses dans les annales et la présentation de Jésus; elles n’ont pas été dissimulées par embarras. De même, l’histoire sexuelle ou personnelle d’une victime d’agression sexuelle ne devrait avoir aucune incidence sur la façon dont le tribunal (ou le jugement de l’opinion publique) considère les accusations portées contre l’agresseur. Mais la culture du viol suggère qu’une victime aurait pu «le demander» ou qu’un agresseur pourrait ne pas être particulièrement coupable en fonction du passé de la victime.

 

Appeler Pierre “Satan” (Marc 8:33)

Jésus a choisi Pierre pour faire partie des Douze et Pierre faisait partie du cercle des proches de Jésus. Mais lorsque Pierre a fait une erreur, Jésus ne l’a pas protégé. Il ne l’a pas justifié. Il n’a pas pris de mesures pour protéger la réputation de Pierre ou la réputation de son propre ministère. Il n’a pas minimisé cette erreur ou n’a pas dit que ce que le bon Pierre a fait par le passé atténue ou l’emporte sur son erreur. Au lieu de cela, Jésus a appelé Pierre «Satan». (Arrêtons-nous là et étudions cela pendant un instant.) De même, quel que soit le bien qu’un violeur ait accompli précédemment dans sa vie, quelle que soit l’attention d’embarras que cette agression attirerait sur les groupes auxquels l’auteur est affilié, cela ne justifie pas, en aucune façon, de minimiser leur punition ou d’atténuer la réalité de leur crime. D’autre part, la culture du viol enseigne que l’agression pourrait être ignorée ou minimisée si le fait de passer devant la justice met toute personne impliquée dans l’embarras. Elle enseigne également que nous ne pouvons pas entièrement blâmer les assaillants s’ils ont fait de bonnes actions dans leur vie.

 


La femme découverte en train de … (Jean 8:1-11)

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En général, on présuppose que cette femme était coupable d’adultère, mais la seule preuve qu’on ait de cela, c’est ce qu’en disent les scribes et les pharisiens. Les mots utilisés dans cette histoire suggèrent une réelle possibilité pour que cette femme ait été violée. Puis, après le viol, elle a été utilisée comme pion par ces dirigeants pour mettre en avant leur propre intention masquée. Il est possible qu’elle y ait consenti, mais il est plus probable que ce ne soit pas le cas. Remarquez que la réponse de Jésus est de ne pas la condamner. (Faites attention à ne pas sur-interpréter la réponse “va et ne pèche plus” : si l’on ne peut pas émettre d’hypothèses sur les péchés dont Pierre est coupable, dans Luc 5:8, lorsqu’il se qualifie lui-même de pécheur, alors on ne devrait probablement pas faire d’hypothèses sur les péchés dont cette femme est coupable.) Ici, Jésus donne l’exemple de ne pas juger cette femme. Je pense que c’est particulièrement important étant donné que nous ne connaissons pas tous les détails de cette histoire. En revanche, la culture du viol enseigne que nous avons le droit de juger et de condamner les victimes de violence sexuelle sur la base de ce que l’on découvre concernant les détails de leur vie, quels qu’ils soient.

Les femmes et leur corps (Luc 11:27-28)

Permettez-moi de fournir une traduction moderne ici juste pour être sûr que rien ne se perd dans la langue archaïque :

Femme dans la foule : Béni est le ventre de ta mère, et les seins qui t’ont allaité!

Jésus : Non, plutôt : Bénis sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la suivent.

La femme a loué Marie pour ses fonctions reproductrices. Jésus rejette cet éloge fait à sa mère et au lieu de cela, il annonce que Marie (et tout le monde, d’ailleurs) est bénie car elle écoute et suit la parole de Dieu. Limiter les femmes à leurs fonctions reproductrices, même pour les louer, peut exacerber la culture du viol en soulignant la nature sexuelle des femmes comme étant le seul facteur pertinent à leur sujet. Reconnaître les femmes en tant que disciples et des êtres humains à part entière fait exactement le contraire. Voilà ce que nous pourrions considérer comme étant le fond de la culture du viol : quelqu’un qui considère les femmes principalement sur les parties de leur corps est le genre de personne qui pourrait commettre un viol.

 

Conclusions

Le terme “culture du viol” est récent. Mais les problèmes l’entourant remontent à loin, et les évangiles fournissent beaucoup de matière qui devrait fonctionner comme base fondamentale pour condamner la culture du viol sous toutes ses formes. Étant donné l’accent mis par les mormons sur le libre arbitre, la responsabilité et la loi de chasteté, nous devrions être en première ligne dans la lutte contre les cas pernicieux de culture du viol, dans le monde qui nous entoure.